S'il retrouve sa forme, un retour de Ricciardo chez Red Bull est exactement ce dont la F1 a besoin

Daniel Ricciardo revient au Grand Prix de Hongrie en tant qu'inconnu. Il était autrefois considéré comme l'un des meilleurs, éblouissant chez Red Bull et Renault par son rythme effréné et ses capacités de dépassement, mais il a perdu cette réputation au cours de deux saisons chez McLaren, au cours desquelles il a été sèchement battu par Lando Norris. L'Australien n'était plus que l'ombre de lui-même.

Il a donc perdu son baquet et a dû se contenter d'un rôle de réserviste chez Red Bull pour la saison 2023 et, à l'aube de la trentaine, il semblait que ses meilleures années étaient derrière lui. Cependant, grâce à son travail dans le simulateur et lors d'un test de pneus, il a persuadé l'équipe que le pilote qui lui a permis de remporter sept victoires entre 2014 et 2018 est toujours là.

Les mois à venir nous diront si c'est le cas ou non. Puisqu'il sera dans la voiture peut-être la plus lente de la grille, il ne pourra peut-être pas se battre très loin dans le peloton, mais s'il donne le meilleur de lui-même, il pourra prendre le dessus sur son coéquipier Yuki Tsunoda sans trop de problème.

Cela lui donnerait une bonne chance de prendre la place de Sergio Pérez chez Red Bull en 2024, ce qui est son objectif. "Le rêve, c'est un siège chez Red Bull", a-t-il admis après l'annonce de son retour. "Je savais qu'après les dernières années, il serait difficile de revenir au sommet après avoir pris du recul. Il faut être réaliste à un moment donné et se dire 'Ok, si je veux un siège chez Red Bull, ça va prendre un peu de temps'".

S'il peut réaliser ce rêve, il redonnerait vie à un sport qui perd l'intérêt de beaucoup en raison de la domination de Max Verstappen.

En matière de divertissement, la F1 était à son apogée à la fin de la passionnante campagne 2021, qui a vu Verstappen affronter Lewis Hamilton dans l'une des plus grandes luttes pour le titre de tous les temps, mais elle n'a cessé de décliner depuis. Pérez n'a pas été assez bon pour défier le Néerlandais de façon constante, et personne d'autre n'a eu une voiture assez bonne pour le faire.

Étant donné l'avance de Red Bull, il est peu probable qu'une équipe comble l'écart la saison prochaine, ce qui signifie que le seul espoir d'une lutte pour le titre passionnante sera une lutte intra-équipe, et Ricciardo pourrait l'apporter.

Pour s'en convaincre, il suffit de revenir quelques années en arrière. Verstappen et lui ont passé un peu moins de trois saisons en tant que coéquipiers ensemble de 2016 à 2018, et il n'y avait pas grand-chose à choisir entre eux au cours de cette période. En ne prenant en compte que les courses où les deux étaient chez Red Bull - Verstappen a été promu de Toro Rosso après la quatrième manche - Ricciardo a été confortablement le plus fort des deux en 2016, marquant un podium de plus, 29 points de plus et surclassant l'adolescent prodige 11 à 6.

Verstappen a comblé l'écart en 2017, en remportant la bataille des qualifications 13 à 7, mais il est resté deuxième en course, avec cinq podiums et 32 points de moins. Cela dit, il a gagné une course de plus et a rencontré plus de problèmes de fiabilité.

En 2018, le Néerlandais a pris le meilleur sur le "Honey Badger", mais la bataille a été plus serrée que ne le laissent penser les chiffres. Si le premier a marqué 79 points de plus et remporté la bataille des qualifications 15 à 6, le second a remporté autant de courses (deux) et a connu une malchance remarquable, étant contraint à l'abandon sans faute de sa part à sept reprises.

En fin de compte, les deux hommes ont fait jeu égal pendant toute la durée de leur collaboration si l'on ne tient pas compte de la chance et ils ont offert au monde entier des batailles passionnantes et enflammées.

Beaucoup doutent que l'histoire serait la même si les deux étaient réunis, arguant que Verstappen est un bien meilleur pilote aujourd'hui qu'il ne l'était à l'époque. Cependant, l'Australien ne devrait pas être exclu si rapidement.

On peut dire que sa meilleure saison en termes de pilotage, sa saison 2020 chez Renault, n'est pas si lointaine, et il a montré ses capacités lors de son passage chez McLaren, comme lorsqu'il a permis à l'équipe de remporter sa première victoire en un peu moins de dix ans à Monza.

S'il a connu des difficultés, c'est parce que la voiture ne convenait pas à son style de conduite, ses faiblesses l'empêchant d'exploiter ses points forts. La voiture Red Bull n'ayant pratiquement aucune limite, il n'aura plus ce genre de problème.

La partie la plus difficile sera d'y arriver en premier lieu. Pour ce faire, il devra faire ce qu'il n'a pas réussi à faire l'année dernière : être performant dans une voiture loin d'être idéale.

Ses problèmes avec McLaren pourraient l'aider à cet égard, car ils lui ont appris qu'il vaut mieux s'en tenir à son propre style, même s'il ne convient pas à la voiture, plutôt que d'essayer de s'adapter et de conduire d'une manière qui n'est pas naturelle pour lui.

"Je me souviens de ma première course avec McLaren, lorsque j'ai surclassé Lando", a-t-il déclaré à la fin de l'année dernière. "C'était à l'époque où j'étais encore assez novice avec la voiture. Je me demande si nous nous sommes perdus en chemin. Ai-je commencé à en faire trop, à m'éloigner de mes points forts et à essayer de conduire la voiture d'une certaine manière, ce qui était peut-être une faiblesse pour moi ?"

Rien n'est sûr, mais avec cette expérience en poche, sa faim qui n'a jamais été aussi grande, et sa volonté de trouver un baquet en 2024, le Ricciardo d'antan pourrait bien être de retour. Il n'est pas assuré d'être promu en cas de bonnes performances, Pérez étant sous contrat avec Red Bull jusqu'à la fin de la saison prochaine, mais il est difficile d'imaginer que l'équipe ne se débarrassera pas rapidement du Mexicain s'il n'améliore pas sa forme et que Ricciardo impressionne. Si c'est le cas, un tel changement pourrait conduire à une lutte titanesque pour le titre et redonner à la F1 sa place parmi les spectacles les plus divertissants du monde du sport.