Ségolène Lefebvre, une unification à Manchester pour enfin devenir prophète en son pays
C'est le grand combat qu'elle attendait. Mieux, c'est celui qu'elle méritait. Ségolène Lefebvre affrontera samedi soir Ellie Scottney (26 ans) pour unifier les ceintures WBO et IBF des super-coqs. Elle qui n'a jamais combattu hors des Hauts-de-France quitte son Nord natal pour la prestigieuse Manchester Arena. Cherry on the Maroilles, elle sera en co-main event de la réunion. "Il y aura plus de 20000 spectateurs", s'enthousiasme-t-elle au sortir de sa séance d'entraînement du soir.
Même recette
Comme à son habitude, "Majestic" a laissé son staff s'occupait de l'analyse en profondeur de son adversaire, 8 combats et autant de victoires, pour se focaliser sur sa préparation physique : "ça fait trois mois que j'ai repris l'entraînement, d'abord de manière lègère puis de plus en plus intensément. Je suis plutôt une couche-tard (sourire). Le matin, je commence ma journée vers 10h, l'après-midi est consacrée aux soins et je reprends la leçon aux alentours de 17h30 pour finir à 21h". À cela s'ajoutent les trajets mais, en passionnée de voitures, l'heure et demie quotidienne passée sur la route passe plus vite. "Je suis au poids depuis quelques temps déjà, il n'y a plus qu'à peaufiner", se satisfait-elle alors qu'elle avait encore sa valise à boucler avant l'expédition en terres anglaises. Trouver des partenaires d'entraînement n'est jamais simple, "avec soit des déplacements pour moi ou pour elles, ce qui rendaient les choses trop difficiles en termes de temps de déplacement et aussi d'organisation", donc elle a gardé ses bonnes habitudes : elle a sparré face à un homme et la très expérimentée Delfine Persoon (39 ans, 49 victoires, 3 défaites) et numéro 1 mondiale des super-plume pour Boxrec qui prépare un combat contre Alycia Baumgardner. Bonne nouvelle : aucun pépin n'est à rescenser, un luxe dans ce sport.
Une victoire qui changerait tout
À 30 ans, sa carrière pourrait prendre un tournant en cas de victoire. Le promoteur de la soirée n'est autre qu'Eddie Hearn, l'une des personnes les plus influentes du Noble Art. Gagner et convaincre de miser sur elle sont des enjeux essentiels car, même quand on est numéro 1 de la catégorie pour Ring Magazine, il n'est pas simple de vivre de son sport. Cette fois-ci, sa bourse a été au niveau de son palmarès, "de quoi partir plusieurs fois en vacances" s'esclaffe la Nordiste au ton posé et résolu qui, comme beaucoup de combattant(e)s, change de visage et de caractère une fois dans la fosse aux lions.
Avec 18 combats et autant de victoires, Lefebvre est plus expérimentée que sa rivale (invaincue en 8 combats) mais boxer à l'étranger n'est jamais simple car l'arbitrage maison n'est pas un mythe. Un seul juge sera Français, tandis que les deux autres seront Anglais et Polonais mais surtout Londonien, comme Scotney : "la seule chose qui empêche toute polémique, c'est évidemment le KO". Pour y parvenir, elle compte mettre à profit son cardio pour mettre la pression dès la première des 10 reprises de deux minutes, attaquer fort d'entrée et prendre immédiatement le pointage à son compte : "je dois montrer que je mérite d'être la championne unifiée. Mais la boxe, c'est aussi contre une adversaire et elle aura aussi sa stratégie. Je dois tout faire pour montrer aux juges que c'est moi qui dois emporter la décision. C'est du 50-50. La différence se fera sur la détermination ou sur un coup qui fera tout basculer. Je suis prête physiquement et techniquement mais tu ne peux jamais prédire ce qui va se passer avant d'être dans le ring".
Décidée et sûre d'elle, Lefebvre ne s'est pas démontée sur la grande estrade lors du dernier presser, jeudi. Le face-à-face avec Scotney a indiqué que la Française aura une meilleure allonge, ce qui forcera l'Anglaise à casser la distance pour s'approcher.
Alors qu'Arsen Goulamirian a perdu sa ceinture WBA des lourds-légers contre Zurdo Ramírez il y a deux semaines, Lefebvre est désormais la seule détentrice d'un titre mondial professionnel, ce qui a échappé à de nombreuses personnes, "mais je suis habituée". Réussir l'unification (et, accessoirement, se parer de la prestigieuse quoique non-officielle ceinture Ring Magazine) permettrait un beau coup de projecteur et contribuerait à montrer qu'il y a de place médiatique pour plusieurs boxeuses en même temps. Preuve de l'importance de ce combat, ce sera diffusé sur DAZN et pas sur une OTT connue des seuls spécialistes de boxe. De quoi augmenter son audience et sa reconnaissance en France, surtout à un moment où la boxe hexagonale a grand besoin de figures emblématiques pour retrouver son lustre d'antan.