Sorti des qualifs et bourreau d'Arthur Fils au 2e tour, Gabriel Diallo est le Canadien qui monte
Gabriel Diallo est né à Montréal, donc francophone, et il a une certaine appétence pour dézinguer les tennismen français. Le 123ᵉ à l'ATP a renvoyé Arthur Fils, tête de série nº24, à ses chères études et c'est le troisième Tricolore que le Canadien épingle à son tableau de chasse, après s'être offert Titouan Droguet au 2e tour des qualifications puis Valentin Royer au 3e pour accéder au grand tableau de l'US Open.
Moins connu que Félix Auger-Aliassime, Bianca Andreescu, Milos Raonic, Leylah Fernandez et Denis Shapovalov, Diallo est pourtant le dernier des Canucks à New York. Au 3ᵉ tour, il affrontera un sacré morceau en la personne de Tommy Paul, 14ᵉ mondial et récent 1/4 de finaliste à Wimbledon.
Cette performance fait un bien fou au Canada, mais pour le diplômé de l'université de Kentucky qui a remporté la Coupe Davis en 2022, cette performance s'imbrique dans un cheminement très positif depuis le début de l'été. Alors qu'il s'apprête à entrer dans le Top 100, Diallo a trouvé la régularité. En effet, Diallo s'est imposé au Challenger de Chicago en ne perdant aucun set, a atteint les 1/4 du Challenger de Lexington, tenu tête à Karen Khachanov au 1ᵉʳ tour de l'Open du Canada (6-4, 6-4), disputé la 1/2 finale du Challenger de Cary en battant Luca van Assche au 2ᵉ tour.
Il a du retour !
La France a Giovanni Mpetshi Perricard, le Canada a Gabriel Diallo. C'est-à-dire un colosse de 2,03 m, un physique tout de même atypique pour le tennis, même si cela aide un brin pour servir. Néanmoins, le Québécois est plus proche de John Isner que d'Ivo Karlovic, son coup favori étant le revers, principalement au retour. Fils a pu s'en rendre compte : il a concédé 5 breaks et Diallo a achevé ce 2ᵉ tour avec un éloquent 5/9 dans ce secteur. Contre Jaime Munar au 1ᵉʳ tour, il avait réalisé 7 breaks sur 20 jeux de service.
À Flushing Meadows, il a enquillé 5 victoires consécutives et pour celui qui a été sorti au 1ᵉʳ tour de Roland-Garros par Kei Nishikori en 5 manches avant de caler au 2ᵉ tour des qualifs de Wimbledon, les succès en 4 sets contre Munar et Fils sont les preuves que son état de confiance n'a jamais été aussi élevé. Le fameux déclic serait-il en train de se produire ?
Outre son service qui lui permet de prendre des points gratuits, sans que cela soit une arme létale (12 aces, comme Fils, et 5 doubles fautes), c'est sa qualité de retour qui a été prépondérante contre Fils avec 38 % de points remportés sur le service adverse. Si le rapport coups gagnants/fautes directes a été (de peu) à l'avantage du Français (17 coups gagnants contre 16, 44 fautes directes de part et d'autre), le volume de course a été très en faveur de Diallo (4 630 m contre seulement 3 987 pour Fils).
Cela lui a permis de commettre moins de fautes directes que face à Munar (67 !), même si ses prises de risque lui ont permis de claquer 64 points gagnants. Très perfectible aussi à la volée alors que son envergure lui permet de couvrir une bonne partie du filet, le Montréalais a rivalisé dans ce secteur avec son adversaire en volume (17 points remportés par Fils, 16 pour lui). Contre Munar, il avait pris d'assaut le filet pour remporter 29 points sur 48 montées (60 % de réussite).
Inspiré par Milos Raonic, coaché fut un temps par le père d'Auger-Aliassime, Diallo ne s'est pas enflammé après sa victoire sur Fils. Placide, il espère simplement jouer sa chance à fond, dans une position d'outsider qui le libère de toute pression. S'il l'emporte, il peut réaliser un joli coup double : une place en deuxième semaine et un 1/8 de finale contre un certain Jannik Sinner.