Escorter Carlos Sainz, la stratégie d'Audi pour remporter le Dakar 2024
Les images rappellent celles d'un Tour de France : des lieutenants qui travaillent pour le leader qui joue le maillot jaune.
"La stratégie de ce matin était très bonne. A trois-quatre jours de l'arrivée, c'est traditionnel de se mettre au service des autres. C'est un sport d'équipe", analyse pour l'AFP le patron du Dakar David Castera.
Mardi dans le désert saoudien, l'Audi de Mattias Ekström ouvrait la route, celle de Carlos Sainz suivait les traces et Stéphane Peterhansel restait derrière en voiture-balai, en cas de crevaison du Madrilène.
"C'est plus rassurant pour Carlos de savoir qu'il y a deux voitures qui sont dans ses parages, prêtes à faire le maximum pour l'aider", commente à l'AFP Stéphane Peterhansel.
A la fin de la spéciale, Mattias Ekström a laissé passer Carlos Sainz, qui pouvait rouler à fond mais sans équipier devant lui pour faciliter le travail de navigation.
"Par moment, on voyait bien qu'il faisait des petites erreurs. On n'avait pas de moyen de l'avertir", raconte Peterhansel, 14 titres sur le Dakar dont six à moto.
Le principal intéressé confirme : "à la fin c'était stressant dans la voiture avec une navigation difficile mais nos voitures roulaient ensemble, je savais que j'avais du soutien derrière", s'est réjoui Carlos Sainz.
Les deux lieutenants de Sainz ont terminé à six et dix minutes du chrono de l'Espagnol. Ils partiront mercredi de plus loin pour le rattraper et ne pourront donc pas mettre en place la même stratégie.
"Il faut la réactualiser à chaque fin d'étape, en fonction des positions du classement", analyse Stéphane Peterhansel.
Si la 10e étape mercredi est annoncée comme difficile en navigation, le gros morceau de la deuxième semaine est prévu jeudi : près de 500 km de spéciale sur des sols inhospitaliers, donc beaucoup de crevaisons à prévoir.
"Théoriquement, mercredi il y a des chances qu'on revienne sur lui et qu'on finisse devant lui au temps de la spéciale. Jeudi, je pourrai donc m'arrêter, l'attendre et repartir derrière lui", prédit "Monsieur Dakar".
"Ils vont contrôler jusqu'au bout "
A trois jours de l'arrivée à Yanbu, Carlos Sainz compte 20 min 33 d'avance sur le Français Sébastien Loeb (Prodrive), son seul rival encore capable de jouer le titre.
Selon lui, il aurait pu adopter la stratégie des Audi avec son coéquipier Nasser Al-Attiyah (Prodrive).
"Si j'avais eu Nasser à côté de moi après deux crevaisons, j'aurais continuer à +mettre à bloc+ car il y avait des roues derrière", estime l'Alsacien, toujours à la recherche de son premier titre.
Pour Mathieu Baumel, copilote d'Al-Attiyah, la stratégie de gestion des Audi rend très difficile les chances de victoire à la régulière du Français sur ce Dakar.
"Ils sont trois à rouler ensemble pour Carlos. C'est rare et ils ne vont pas se gêner. Ils vont contrôler jusqu'au bout. Il reste trois étapes, ils peuvent gérer de perdre cinq ou six minutes par étape" décrypte-t-il pour l'AFP.
A la régulière, c'est donc compliqué pour Sébastien Loeb de contrer la tactique des Audi. Il lui reste donc plusieurs options : "la navigation et les crevaisons", énumère l'Alsacien. "Et les crevaisons en général ce n'est pas en ma faveur".
Stéphane Peterhansel prédit lui un "beau duel à distance".
"Carlos va devoir rouler avec un certain rythme, ça ouvre la porte pour faire certaines erreurs. On sait que Sébastien ne va rien lâcher, il va reprendre cinq à dix minutes tous les jours, il va rouler à bloc. C'est chaud, une belle bagarre", résume "Monsieur Dakar".