Au Brésil, l'exploit d'Alpine dans une saison cauchemardesque
Deux frères ennemis se prenant dans les bras l'un de l'autre à quelques instants d'offrir à la France son premier double podium depuis 27 ans avec Jean Alesi et Oliver Panis (lors du GP d'Espagne 1997), l'image est aussi belle qu'inattendue.
Il faut dire que depuis le début de la saison, l'écurie française n'y arrive pas. Avant-dernière du championnat constructeurs avant l'arrivée du paddock au Brésil, jamais "l'équipe de France de F1" n'aurait misé sur une telle performance.
"C'est incroyable pour toute l'équipe", savourait dimanche soir Gasly, troisième à l'issue d'une course folle largement perturbée par la pluie où il était parti 13e. "Nous avons eu une saison tellement difficile (...) mais dans ces conditions, tout était possible, nous y avons cru jusqu'au bout".
Et Ocon, deuxième du GP, d'ajouter : "Comme le disait Ayrton (Senna, ndlr), les conditions pluvieuses nivèlent souvent les performances des voitures".
Certes, ils n'ont pas gagné - la victoire étant revenue au leader du général Max Verstappen (Red Bull) - mais le duo normand a cependant offert le premier double podium à Alpine depuis son arrivée en F1, en 2021 (auparavant, l'équipe courait sous les couleurs de Renault, groupe dont fait partie Alpine).
La victoire ? Ocon y a cru
Sous le ciel sombre et capricieux de Sao Paulo, Alpine a réalisé un coup stratégique remarquable puisque peu avant la mi-course, les deux hommes de tête George Russell (Mercedes) et Lando Norris (McLaren) sont rentrés aux stands, tandis que le régime de voiture de sécurité virtuelle (VSC) se terminait.
Un mauvais timing qui a profité à Ocon, alors troisième après être parti quatrième sur la grille et resté en piste. Le Français s'est retrouvé aux manettes du GP devant Verstappen et son coéquipier Gasly, 3e.
"C'était devenu 'inroulable'", a reconnu Ocon, "la voiture ne tournait pas, il n'y avait rien qui réagissait - mais on a pris la bonne décision", a-t-il aussi assuré.
Et pour cause : le pari s'est révélé payant puisque le trio de tête a bénéficié d'un arrêt "gratuit" aux stands quelques instants plus tard, lorsque la course a été interrompue après la sortie de piste de l'Argentin Franco Colapinto (Williams).
La victoire, Ocon y a "clairement cru" - mais derrière lui, Verstappen a fait parler tout son talent après une nouvelle neutralisation, pour reprendre à la relance les rênes du GP.
Le coup stratégique d'Alpine propulse l'équipe à la 6e place (sur 10) au championnat constructeurs, derrière Aston Martin, à trois manches de la fin de la saison.
"Relation unique"
Dimanche soir dans le paddock, exit les vieille rancœurs : si les deux Français, qui ont grandi ensemble près de Rouen, ne sont pas connus pour être les meilleurs amis du paddock, ils ont avant tout savouré un podium partagé.
"C'est une belle histoire malgré les différends", a apprécié Ocon, qui partira l'an prochain chez Haas après cinq saisons chez Renault, devenue Alpine - dont les deux dernières passées au côté de Gasly.
"Malgré tous les hauts et les bas, notre relation est vraiment unique", a reconnu pour sa part son coéquipier. "Il n'y a que nous qui pouvons la comprendre, mais aujourd'hui, en arrivant à la fin de ces deux ans en tant que coéquipier, c'est juste une histoire magnifique".
"On a réussi à vraiment bien bosser ensemble, à pousser l'équipe alors même que la saison est compliquée, ça aurait été facile de tout laisser tomber - mais on a été vecteur de motivation pour tout le monde", a-t-il poursuivi, interrogé par le presse française à Sao Paulo.
"Je suis vraiment très fier de ce qu'on a pu atteindre et ce malgré les dernières nouvelles (Renault va abandonner la production de moteurs F1 en 2026, ndlr). Tous les week-ends les gens arrivent en se disant 'on va essayer de donner à Esteban et Pierre la meilleure voiture possible'".