Hamilton, "le profil qui manquait" à Ferrari, selon le patron de la Scuderia
Le Français, arrivé à la tête de l'écurie début 2023, est également revenu avant ce cinquième rendez-vous de la saison sur les performances de son équipe, notamment celles de son pilote espagnol Carlos Sainz que remplacera l'an prochain Hamilton.
QUESTION : Ferrari s'impose actuellement comme la deuxième force du plateau derrière les surpuissantes Red Bull et son triple champion du monde Max Verstappen. Etes-vous satisfait ?
RÉPONSE : "On veut toujours plus, mais c'est sûr que les résultats bruts sont bien. On est dans le match avec Red Bull même s'ils restent un peu plus rapides que nous. On n'est pas loin, ce qui nous permet de récolter les fruits quand ils ne performent pas bien, ou quand ils ont un problème. Si on progresse encore un peu, on peut réussir à les mettre sous pression et générer aussi quelques erreurs de leur part. Mais c'est effectivement un bon début de saison. L'année dernière, on avait laissé trop de points en route - et quand on finit trois points derrière Mercedes (vice-championne en titre, ndlr), c'est frustrant. Cette année, j'ai n'ai pas l'impression qu'on ait lâché même un demi-point."
Q : L'an prochain, Carlos Sainz, le seul pilote "hors Red Bull" à avoir remporté un GP ces deux dernières saisons, quittera Ferrari et reste pour l'heure sans contrat. N'avez-vous aucun regret de le perdre ?
R : "Des regrets, ce n'est pas le mot. J'ai énormément de respect et d'admiration pour Carlos. J'ai passé dix ans à essayer de l'avoir avec moi. Je l'aurai eu deux saisons et on aura passé des moments exceptionnels. Il m'a emmené sur mon premier podium en F1 (quand Sainz a gagné le GP de Singapour 2023) et il nous a fait gagner à Melbourne (lors du GP d'Australie en mars dernier). Il crée une dynamique positive dans l'équipe, mais on a des choix à faire et je pense qu'une équipe, aujourd'hui, ne peut pas ne pas essayer d'avoir Lewis."
Q : Est-ce que l'arrivée d'un multi-champion du monde de 40 ans – qui visera certainement un huitième titre, et donc un record absolu –, va chambouler la dynamique de l'équipe ?
R : "Oui parce que la contribution du pilote ne s'arrête pas à son temps en qualifications. Dans notre sport, il y a aussi la motivation de 1.500 personnes, le recrutement, la constitution d'une équipe, d'un projet… Aujourd'hui, Lewis est unique et nous avons aussi besoin de cette forme de stabilité et de référence qu'on n'a pas forcément quand on a deux jeunes – quel que soit le talent des pilotes et l'amitié que j'ai pour eux. Avec Lewis, on l'a, c'est la référence absolue à ce niveau. C'est aussi quelqu'un qui sait merveilleusement bien équilibrer sa vie entre la course et en dehors – ça aussi, ça aidera Charles (Leclerc, avec qui il fera équipe chez Ferrari, ndlr) dans sa progression."
Q : Comment ce "transfert du siècle" s'est-il fait ?
R : "J'ai rarement raconté ce qui s'était passé, mais disons que je n'ai jamais perdu le lien avec Lewis depuis 20 ans (Vasseur a encadré Hamilton en Formule 3 Euroseries en 2005 et en GP2 Series en 2006, avec les titres à la clé, ndlr). Je pense qu'on avait tous les deux ça dans le coin de notre tête, de se dire que si les planètes s'alignent - ça nous ferait bien marrer. Et j'avais vraiment l'impression que c'était le profil qui nous manquait – pas qu'il soit meilleur que l'un ou l'autre, l'idée reste de remplir des cases avec des profils et je pense que ça 'fittait' bien avec ce qu'on avait. Un pilote, quel qu'il soit, amène une dynamique et une expertise, une façon de voir la course différente. Et pour plein de raisons, je pense que c'était le bon timing."
Q : D'ici 2025, il y a encore 20 GP à disputer cette saison. Quels sont vos objectifs ?
R : "Progresser, et donc faire mieux que troisième au championnat (constructeurs). Je voudrais partir d'Abou Dhabi (le dernier GP de l'année) en me disant 'cette saison, on a fait le travail sur la piste, on n'a rien laissé sur la table'."
Propos recueillis par Hélène Dauschy à Shanghai.