Hégémonique depuis deux ans, Red Bull est en bonne voie pour réaliser la passe de trois
"J'ai beaucoup roulé et très vite trouvé le bon équilibre sur la RB20. J'ai compris la voiture et on a pu dérouler le programme sans encombre. Le potentiel est là. La voiture fait ce que je lui demande."
Un message annonciateur, signé Max Verstappen après les essais de pré-saison à Bahreïn, qui sonne peut-être déjà le glas des ambitions concurrentes…
Car en 2023, les autres écuries n'ont eu qu'une seule part du gâteau sur 22. Un total famélique qui a permis à Red Bull de réaliser la meilleure saison de l'histoire de la Formule 1 en termes de pourcentage de victoires. Verstappen et son coéquipier Sergio Pérez ont cumulé 95,5 % des succès, soit légèrement mieux que McLaren en 1988 (93,8 %). Une statistique qui permet de comprendre que la firme autrichienne a dominé de façon encore plus outrageuse que Mercedes durant la dernière décennie.
De plus, Red Bull a engrangé 860 points au total, soit plus de 39 en moyenne à chaque course. Jamais une écurie n'a été dominante de ce point de vue-là dans l'histoire récente.
Avec du recul, on se dit qu'il sera difficile de faire mieux en 2024. Malgré tout, l'essentiel reste de conserver les couronnes mondiales et à ce petit jeu-là, il est difficile de croire que Verstappen puisse être battu régulièrement.
"La voiture est meilleure"
"La voiture est meilleure que celle de l'an passé. Les ingénieurs ont fait un super boulot", a indiqué le champion du monde en titre à la presse à l'occasion des tests de pré-saison. Ce n'est certainement pas une information en soi, car tout le monde se doutait de voir Red Bull immédiatement performant.
Néanmoins, si l'on se fie au témoignage du pilote n°1, l'écurie autrichienne risque de repousser encore un peu plus les limites. Et, ça, précisément, c'est ce qui risque d'embêter Mercedes, Ferrari et McLaren. Les poursuivants n'ont qu'un seul objectif en tête ces dernières saisons : rattraper le retard sur le leader. Mais quand celui-ci ne décélère pas, cela devient difficile de croire au suspense de la course.
Cela ne signifie pas qu'on se prononcera concernant un éventuel pronostic. En revanche, il apparaît clair que le président allemand Oliver Mintzlaff doit être très satisfait des premiers retours.
D'ailleurs, aux abords du circuit de Sakhir, Fernando Alonso en a profité pour laisser un présage : "Je pense que 19 pilotes dans le paddock savent désormais qu'ils ne gagneront pas le titre. C'est un sport brutal".
Et, comme si cela ne suffisait pas de faire déjà mal à la concurrence, Verstappen a affirmé être confiant alors que la saison commence dans quelques jours. "Je n'ai aucun doute, car il n'y a aucun signe que l'équipe se soit loupée."
Loupée, probablement pas, mais cela n'empêche pas son Team Principal de penser que les rivaux vont rattraper leur retard dans les mois à venir.
"Une convergence"
Il se peut que Christian Horner fasse du politiquement correct, mais à l'écouter, Red Bull n'aura pas une avance, en termes de performance, aussi importante que la saison passée. À l'image de McLaren d'août à novembre, les écuries qui menacent l'hégémonie autrichienne pourraient se rapprocher de la victoire dans un avenir proche.
"Avec une réglementation stable (depuis 2022, ndlr), il va logiquement y avoir une convergence", a affirmé Horner lors de la présentation de la RB20 mi-février.
"Nous pouvons voir que des voitures ont été influencées par la RB19 (la monoplace 2023 de Red Bull), nous nous attendons à ce que d'autres équipes convergent." Pour le Team Principal de Red Bull, c'est une évidence, les écuries vont rattraper leur retard.
Là est évidemment l'enjeu en attendant la révolution de 2026. Il faut rappeler que chacun peut déjà travailler sur les futurs moteurs, mais pas sur le reste où ils attendront l'année prochaine.
Pour cette saison 2024, l'intérêt général de championnat du monde réside dans la capacité de Mercedes, Ferrari et McLaren, voire Aston Martin et Alpine, de combler l'écart avec Red Bull. En 2023, Verstappen a dompté tous ses rivaux de façon outrageuse, mais réitérer un tel exploit paraît peu probable.
Néanmoins, encore une fois, l'objectif premier ne risque pas d'être celui de battre encore plus de records, car la barre est si haute désormais… Mais bien de parvenir à rester champion du monde. Le Néerlandais est bien sûr favori à sa propre succession et pourrait devenir le cinquième pilote de l'histoire à remporter quatre couronnes mondiales de suite après Juan Manuel Fangio, Michael Schumacher, Sebastian Vettel et Lewis Hamilton.
Pour Red Bull, gagner un troisième titre constructeurs de suite ne serait pas une première puisqu'ils y étaient arrivés quatre fois de 2010 à 2013. Par ailleurs, faire quatre et trois consécutifs à deux moments distincts, seul Ferrari est parvenu à le faire dans l'histoire de la F1 (les 6 avec Schumacher après les 3 de 1975 à 1977). Rendez-vous dès ce samedi pour l'ouverture de la 75ᵉ saison.