L'"ops room", l'autre cerveau d'Alpine en course
Loin de l'effervescence du Hungaroring, où se dispute ce week-end le Gand Prix de Hongrie, c'est depuis l'"ops room" - une "salle des opérations" de quelques dizaines de mètres carrés aux allures de mini-centre de contrôle de la Nasa -, que l'ingénieur espagnol supervise les tours de piste de Pierre Gasly et Esteban Ocon.
"Cinquante-huit personnes maximum sont autorisées à travailler sur la voiture en piste", explique Raul Ubeda à l'AFP. C'est donc à Enstone, dans la campagne anglaise où est basée l'usine de l'équipe française, que se retrouvent chaque week-end de course le reste de l'équipe.
A charge pour la vingtaine d'aérodynamiciens, stratèges et autres ingénieurs, arrivés aux aurores ce vendredi pour préparer les premiers essais du GP, d'assister l'équipe de course en Hongrie.
"Nous surveillons ce qui se passe sur la voiture", poursuit l'ingénieur, veste bleu marine aux couleurs d'Alpine sur le dos. "Nous avons une communication directe avec l'équipe là-bas, nous nous concentrons sur des choses qui sont peut-être moins pertinentes pour eux afin qu'ils puissent se concentrer sur la performance des voitures".
De l'autre côté de la Manche, une troisième équipe supervise, elle, le moteur depuis Viry-Châtillon, en région parisienne, où ils sont fabriqués.
Hommes et femme de l'ombre
L'ambiance, parfumée par l'odeur des fish and chips que certains s'empressent de terminer, est studieuse à quelques minutes des premiers tours de roue du week-end.
On ose à peine se balader entre les trois rangées de bureaux couverts d'écrans, eux-mêmes tapissés de données que seuls les initiés peuvent déchiffrer.
"Il est évident que l'ambiance est complètement différente de celle dans le garage ici", assure Raul Ubeda. "En piste, c'est plus agité... tandis qu'ici, nous sommes dans un environnement plus calme, ce qui aide pour analyser les données" reçues en temps réel. Il faut toutefois s'adapter au décalage horaire parfois important quand le paddock fait étape en Australie ou Japon.
Dans la pièce aux murs vitrés la séparant du reste de l'usine, un visage se distingue: celui d'Annalisa Aicardi, seule femme présente dans la salle des opérations ce jour.
Chargée d'optimiser la performance des monoplaces, cette Italienne de 28 ans, arrivée chez Alpine il y a deux ans, jongle entre les divers canaux de communication.
Grâce à une console de douze boutons installés devant elle -comme pour chacun de ses collègues de l'ombre présent dans l'ops room-, la jeune femme, casque audio sur la tête, peut parler tantôt à l'ingénieur performance de Pierre Gasly, tantôt à celui d'Ocon - chacun ayant sa propre équipe présente sur le circuit.
"J'écoute les retours des pilotes et connaissant les qualités de la voiture, je peux suggérer une nouvelle direction de réglages. Je peux aussi effectuer des simulations en arrière-plan", explique-t-elle. Comme beaucoup présents vendredi dans la salle des opérations, sa mission s'arrêtera le lendemain, une fois les préparatifs terminés.
"Tester et analyser"
En ce vendredi midi, l'heure est aux réglages : il s'agit de "la journée la plus importante car nous avons toute latitude pour tester et analyser les données que l'on reçoit" avant que les équipes n'entre dans le régime de "parc fermé", explique Raul Ubeda. A l'entame des qualifications samedi après-midi, elles n'auront plus le droit de toucher aux F1.
Cette première séance d'essais s'avérera toutefois peu utile pour l'équipe française. A cause de la pluie, les monoplaces de ses pilotes sont restées la majeure partie du temps au garage.
"Nous ne voulions pas prendre le risque d'accidenter les voitures", justifie l'ingénieur espagnol à l'issue d'un rapide briefing avec l'équipe présente sur le circuit.
La deuxième séance courue dans l'après-midi - sur piste sèche - offrira davantage d'opportunités pour tester les monoplaces.
Ingénieurs et stratèges ont toutefois pu se consoler devant les déboires de la concurrence partie à la faute.
Des "Oh !" conjugués aux railleries sont venus briser le silence d'une pièce qui se dépeuplera progressivement au fil du week-end. Pour ne compter plus qu'une poignée de personnes dimanche à l'extinction des feux.