Sur la Route des Jeux : Ambre Papazian, espérer 2024, viser 2028
Jusqu'aux Jeux de Paris, l'AFP suit le parcours de celle qui s'entraîne sur le plan d'eau olympique de Marseille. Dans ce troisième épisode, elle raconte le niveau qui s'élève, les bienfaits inattendus d'une blessure et le regard qui se porte déjà vers 2028.
"En octobre, j'ai participé aux Championnats du monde, à Brest. Mon objectif était un Top 20, comme l'année précédente. Ça n'a pas été atteint puisque j'ai fini 40e. J'en suis sortie frustrée parce que j'avais l'impression d'avoir tout donné, d'avoir navigué à mon niveau et de ne pas pouvoir faire vraiment mieux. Avec un peu de recul, j'ai compris qu'il y avait des choses qui n'étaient pas très bonnes, notamment les départs, et donc de la marge de travail. Mais on a surtout vu que le niveau international avait clairement augmenté. Celles qui étaient aux Jeux de Tokyo sur l'ancien support et qui avaient peut-être un an de retard sur la technique l'ont complètement rattrapé. Ce sont des filles qui étaient déjà très bonnes en régate et une fois qu'elles ont la technique sur le foil, c'est bon. Donc ça n'est plus la même chose qu'il y a deux ans et la moindre erreur, c'est 20 places de perdues. C'est dur mais ça booste."
Pause et confiance
"Je me suis blessée mi-janvier, une entorse acromio-claviculaire. Juste avant, j'étais en partiels, donc je n'ai pas navigué depuis fin-décembre, début janvier. Cette blessure tombe un peu mal parce que c'est une saison hyper-importante. 2023 va conditionner 2024, avec le test-event à Marseille, les Mondiaux au mois d'août etc. Mais finalement, je ne m'étais pas aussi bien sentie depuis longtemps. Ça m'a permis de faire une pause qui était nécessaire. J'ai pu bosser beaucoup en préparation mentale et j'ai réalisé que j'avais un gros déficit dans ce domaine qui peut vraiment changer la donne. Je ne dis pas que si j'ai une meilleure condition mentale, je vais tout gagner, bien sûr que non. Mais je sens que ça m'aide de dingue ! Là, je vais partir pour le Trophée Princesse Sofia à Palma avec l'impression d'avoir plus confiance en moi que si j'avais régaté."
Espoirs réveillés
"Les résultats des Mondiaux à Brest ont été mauvais pour les Françaises mais ça a en fait réveillé beaucoup d'espoirs. Le fait qu'Hélène Noesmoen ne gagne pas, alors qu'avant elle gagnait tout, a montré que tout le monde pouvait craquer. Un an c'est long et tout le monde se dit qu'il y a peut-être quand même une place à prendre en 2024. Il est évident que je ne pars pas du tout favorite, loin de là. Donc mon objectif n'est pas de dire que je dois faire le test-event (où, comme aux JO, il n'y aura qu'une place par nation, ndlr), d'autant que je reprends à peine. Mais je dois réussir à naviguer devant pour avoir mes chances. Je n'ai rien à perdre. Je suis beaucoup plus prête et reposée psychologiquement. Ce n'était pas le cas sur les deux saisons précédentes et c'est aussi ce qui explique mes performances. Je sais depuis toujours que je n'aurai pas le même parcours que certaines. Mais je veux aller au bout de mes objectifs et je sais qu'après 2024, il y a 2028, 2032... Mon objectif réel, ce sont les JO-2028. Et là, mon idée ne sera pas d'être outsider, mais bien d'être performante à l'international pendant les saisons précédentes. On oublie parfois qu'en voile, l'expérience compte beaucoup. Hélène Noesmoen a 30 ans, Delphine Cousin, qui performe, elle-aussi, a plus de 30 ans. Toutes les meilleures au monde ont autour de 28-30 ans, pareil chez les hommes et sur les autres supports. Ça n'est pas qu'un sport physique, on a besoin de régater pour rencontrer de nouvelles situations et apprendre."
Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT