Il n'y a aucun débat sur "quelle est la meilleure coureuse cycliste française du XXIe siècle". Il n'y a qu'une seule réponse possible, et c'est Pauline Ferrand-Prévot. On parle là d'une coureuse qui, toutes disciplines confondues, a tout simplement amassé 15 titres mondiaux pendant sa carrière.
On parle aussi d'une cycliste qui a, pendant quelques mois en 2014-2015, détenu simultanément le maillot arc-en-ciel sur route, VTT et cyclo-cross ! Un exploit qui la place parmi les légendes de ce sport. Et plus les années passent, plus sa domination semble vivace. C'est bien simple, elle a remporté 4 des 5 derniers titres mondiaux sur le format olympique.
Mais il manque un joyau à sa couronne : le titre olympique. À 20 ans, en 2012 à Londres, elle est encore trop loin du compte alors que sa compatriote Julie Bresset triomphe. Handicapée par les blessures à Rio, elle n'ira pas au bout. Et à Tokyo, en 2021, elle subit les affres d'une crevaison en début de course, laisse ses rivales s'échapper et prend une maigre 10ᵉ place. Trois scénarios différents, mais le même résultat : pas de titre, ni même de médaille.
De la malchance oui, mais il faut de la réussite quand on joue tout sur une seule course. Cette année, PFP a soigneusement préparé son affaire, zappant les deux manches initiales de Coupe du monde au Brésil. Mais la malchance est revenue frapper à sa porte au moment des Championnats d'Europe en mai dernier.
Lauréate du short track, elle s'élançait comme favorite du format olympique. Dans des conditions affreuses, elle a d'abord fait l'écart avant de se faire reprendre, puis de perdre toutes ses illusions sur chute. Elle finira par repartir mais ne terminera même pas la course, perdant là l'occasion d'engranger un titre européen et de la confiance.
Et celle qui a raflé le titre, c'est Puck Pieterse. Certains citeront Alessandra Keller, mais la Néerlandaise sera la rivale n°1 de PFP. Le format olympique est parfait pour cette coureuse, elle aussi, ultra-polyvalente. Médaillée aux deux dernières éditions des Championnats du monde de cyclo-cross, multi lauréate en Coupe du monde, elle s'est également essayée à la route, et a multiplié au printemps les Top 10 dans des courses prestigieuses (Trofeo Alfredo Binda, Tour des Flandres, Gand-Wevelgem...)
Mais pour revenir au VTT, rien que ce titre européen sur un parcours dantesque démontre ce qu'est la Néerlandaise : une championne. Un modèle de résilience sur des courses à haute intensité, et aussi de régularité. Car on parle tout simplement de la tenante de la Coupe du monde de VTT qui a de plus remporté la dernière manche en date, au début du mois aux Gets, sur le terrain de jeu favori de la Française.
Certes, PFP n'était pas là, là encore dans une logique "focus JO". Mais si la Française a remporté deux manches de Coupe du monde, battant à chaque fois sa rivale, elle a juste renforcé un statut de favorite qui allait de toute façon lui être confié. Néanmoins, les deux coureuses sont embarquées dans deux constructions de saison différentes, et bien malin celui qui dira laquelle est la plus appropriée.
En juin, après son succès à Nove Mesto, Ferrand-Prévot déclarait à Dicodusport "Je suis en forme, mais pas à 100 %. Mon niveau actuel est haut, mais je ne suis pas encore au niveau où je serais aux Jeux. Je suis ni en retard, ni en avance, mais il y a encore de nombreuses choses à travailler, donc c’est intéressant". Discours de façade ? On imagine que le pic de forme arrivera aux JO, mais la Néerlandaise, on l'a vu le 7 juillet dernier, elle, est en forme (victoire avec 2 min 37 sur la 2ᵉ !), et c'est une certitude. Suffisant pour faire douter PFP ?
La Française a l'habitude d'arriver sur une course en favorite. Elle a dominé Puck Pieterse aux derniers Mondiaux, la revanche a été prise aux Championnats d'Europe, place à la belle. Un des grands duels des Jeux, sans doute, mais alors qu'elle quittera probablement le monde du VTT pour revenir à la route après les Jeux – elle devrait s'engager chez Visma-Lease a Bike – Pauline Ferrand-Prévot joue peut-être son héritage sur cette course. Difficile, mais la gloire olympique est à ce prix. Attention cependant au caillou néerlandais dans la chaussure…
