Physique ou mental, Ugo Humbert, c'est quoi le problème ?
Le début de saison semble déjà loin pour Ugo Humbert. Deux titres, un premier quart de finale en Masters 1000 sur terre à Monte-Carlo, une entrée dans le Top 20 pour la première fois et une ascension jusqu'à la 13ᵉ place mondiale. Enfin, la machine semblait lancée, enfin, le tennis français allait se trouver un véritable leader.
Depuis son parcours monégasque ? 8 victoires pour 11 défaites, un excellent tournoi de Wimbledon (seulement battu en 8ᵉ de finale par Carlos Alcaraz) certes, soit sa première deuxième semaine de Grand Chelem depuis 5 ans. Mais toujours ce sentiment de déception, et toujours la même constante : le Français, quelque soit le tournoi, le terrain, l'adversaire, ne sait pas enchaîner.
On vient de le constater sur la tournée nord-américaine. Alors qu'il avait débuté en fanfare au Masters 1000 de Montréal, rossant Arthur Fils en ne lui laissant que 4 jeux, il s'est laissé entraîner dans un marathon contre Nuno Borges alors qu'il dominait le match, et a finalement cédé alors que son tableau était ouvert. Bis repetita à Cincinnati. Humbert déroule son tennis, rafle le premier set sans trembler, et finit par s'incliner contre Jordan Thompson.
Deux défaites contre deux joueurs "abordables" et deux belles occasions de faire du jus envolées. Et une nouvelle preuve de la régularité qui manque au Français. Si personne n'attendait une énorme performance aux Jeux olympiques, sur la terre abhorrée de Humbert, ce dernier est un joueur de dur par excellence.
Grand service, grand coup droit, capacité à gagner les points en deux ou trois coups de raquette : Ugo Humbert a tout ce qu'il faut pour briller sur les surfaces rapides, comme il vient de le faire à Wimbledon. Et ces deux Masters 1000 étaient une belle occasion d'engranger des points pour arriver à l'US Open prêt pour signer enfin une performance majuscule en Grand Chelem (et accessoirement gagner beaucoup de points, après une piteuse élimination au premier tour l'an dernier).
Car le Français aura beaucoup de points à défendre sur la fin de saison. Un quart de finale en Masters 1000 à Shanghaï, une demi-finale en ATP 500 à Bâle, et un titre acquis dans les derniers instants de 2023 sur ses terres, à Metz (ATP 250). À l'heure actuelle, il n'est qu'à environ 300 points de sortir du Top 20, avec tout ce que cela comporte en termes de statut de tête de série et autres.
Alors c'est quoi le problème ? L'association avec Jérémy Chardy a été saluée au moment de la bonne passe du Lorrain en début de saison. Il est vrai que sous la conduite du Palois, Humbert a relancé sa carrière et grimpé de l'extérieur du Top 100 à l'intérieur du Top 20. Mais le plus dur, ce n'est pas d'arriver au sommet, mais d'y rester.
Avant d'affronter Alcaraz à Wimbledon, le coach s'était d'ailleurs fendu d'une déclaration lourde de sens auprès de Tennis Majors : "Ugo (Humbert) devra entrer sur le court en voulant gagner, pas juste pour faire son match." Un problème de motivation ? Casper Ruud, par exemple, a souvent été décrié pour avoir raflé ses titres au niveau ATP 250, ne raflant son premier 500 qu'en 2024. Mais le Norvégien est triple finaliste de Grand Chelem, ce qui n'est pas le cas du Français.
Et si l'on cherche un peu, l'incapacité à produire un tennis constant est réellement problématique. Sur le papier, par exemple, son bilan de 12 victoires pour 15 défaites contre des Top 10 est tout à fait honorable. Sur le terrain, il en a battu deux dans le même tournoi à deux reprises, et cela lui a offert tout simplement ses deux plus grands titres en carrière, les ATP 500 de Halle en 2021 et Dubaï en début de saison.
Et surtout, comment expliquer que sur les 10 dernières années, des joueurs comme Jack Sock, Karen Khachanov, Fabio Fognini, Cameron Norrie, Pablo Carreño Busta, Borna Coric et très récemment Alexei Popyrin aient réussi à accrocher un Masters 1000 à leur palmarès, et pas Ugo Humbert ? C'est ce qui laisse un goût d'inachevé sur cette performance.
Pire, en conférence de presse après sa défaite contre Thompson, le Français a laissé filtrer une blessure. "Ça ne va pas depuis Gstaad. J'ai le dos bloqué et je joue avec des anti-inflammatoires. Je ne prends aucun plaisir, je bosse, mais ça ne sert à rien et ça touche la confiance et le mental. Je vais voir si je dois faire une pause." L'an dernier, il n'avait gagné qu'un match à Toronto et Cincinnati, et aucun à l'US Open. Quasiment pas de points à défendre. Pourquoi forcer dans ce cas, sachant qu'il compte actuellement 44 matchs disputés en 2024 ?
Et cette gêne n'explique pas son déficit de performance aux deux Masters 1000 américains en mars, ni ses 11 défaites contre des joueurs classés hors du Top 30 en 2024 (sur 18 au total). Problème physique, mental, ou les deux ? Quoi qu'il en soit, s'il termine mal son année, Ugo Humbert quittera le Top 20, et peut-être même le Top 30. Et pour combien de temps ? Un forfait à l'US Open ne changerait pas grand-chose, est presque souhaitable, mais cela pourrait sonner le glas de sa bonne passe pour de bon.
