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Chapitre 2 | Exclusivité - Alexis Lebrun : "J'aimerais être médaillé aux Championnats du monde"

Eliott Lafleur
Alexis Lebrun sur la plus haute marche du podium à Antibes le 26 mars.
Alexis Lebrun sur la plus haute marche du podium à Antibes le 26 mars.FFTT/Rémy Gros
Sacré champion de France le 26 mars pour la deuxième fois consécutive à 19 ans, Alexis Lebrun a accepté de se livrer afin de revenir sur son début d'année 2023. Sa blessure, son "back-to-back", le Grand Smash de Singapour et les Championnats du monde en mai, il n'a éludé aucune question. Immersion.

Nous avions quittés Alexis Lebrun alors qu'il préparait son retour à la compétition, nous l'avons retrouvé en grande forme, presque à 100 % et prêt à en découdre avec le gratin du ping mondial.

Question : Comment s'est passé votre début d'année 2023, avec votre retour de blessure, comment vous sentez-vous à présent ?

Réponse : J'ai été obligé de couper fin-novembre à cause de mes genoux, j'avais une tendinite et j'ai fait des injections PRP (Plasma riche en plaquettes, ndlr) début-décembre, donc il a fallu un mois d'arrêt complet. Puis j'ai repris physiquement petit à petit avec mon kiné et mon préparateur physique. Il reste quelques trucs à travailler, mais je ne suis pas loin d'être à 100 %. Au début, c'était sur la posture, des choses très simples à faire, qui n'utilisent pas les jambes, ensuite sur le gainage, sur la mobilité, les étirements, la souplesse, afin d'éviter de futures éventuelles blessures. Après, on a renforcé autour des genoux, donc sur les ischios et les quadris.

Q : Vous avez repris à Singapour, lors du Grand Smash, après plus de trois mois d'arrêt, l'une des compétitions les plus importantes de la saison WTT (World Table Tennis, ndlr), tirez-vous-en un bilan positif ?

R : Oui c'est positif. On a décidé de reprendre par cette compétition-là, car elle est importante et que je n'avais pas de pression. Je n'avais pas de points à défendre, je ne partais pas favori, donc c'étaient des bons matches à aller chercher pour se remettre directement dans le bain. Je suis très content de ma compétition, même si j'ai des regrets parce que je perds à la belle en faisant un match moyen sur Quadri Aruna (n°11 mondial) et j'aurais aimé voir sur Harimoto (n°3 mondial) ce que j'aurais pu faire. Mais pour une reprise, réussir à battre un mec du niveau de Yuan Licen (n°31 mondial), c'est incroyable.

Q : Vous avez enchaîné avec les Championnats de France, vous avez réussi le "back-to-back", savourez-vous encore plus ce second titre remporté face à votre frère Félix ?

R : Oui forcément, je suis vraiment super content, on était super content de se rencontrer en finale. Je savoure différemment du premier, mais c'est sûr qu'après la blessure, c'est quelque chose qui me fait énormément plaisir. Puis la compétition n'a pas été facile. Au début, mon niveau de jeu était moyen, j'ai dû m'arracher pour gagner mes premiers tours et petit à petit, c'est allé de mieux en mieux. La finale, j'ai joué un super niveau et moi-même, je ne pensais pas être capable de jouer à ce niveau-là dès maintenant. Du coup, j'ai été agréablement surpris et j'ai pu gagner ce match contre Féfé, donc c'était chouette.

Alexis et son frère Félix lors de la finale.
Alexis et son frère Félix lors de la finale.FFTT/Rémy Gros

Q : Vous avez battu successivement Clément Chobeau, Abdel-Kader Salifou, Esteban Dorr, Jules Rolland et donc Félix Lebrun, quel match a été le plus difficile ? 

R : Le match sur Abdel a été le plus dur, parce que c'était le début de compétition - j'avais eu un seul match sur Clément Chobeau où je n'avais pas très bien joué, j'avais gagné 4-1, mais en étant mis en difficulté. Donc de jouer Abdel, qui était super motivé, qui jouait vraiment bien, ce n'était pas facile, il m'a surpris au premier set en étant très agressif en remise. Puis, j'étais vraiment dominé sur tout le début de match, ça a été compliqué. Je mène 2-1, mais ça aurait pu être très bien 3-0 pour lui, donc il a fallu que je m'arrache. Les deux sets que je gagne, je remonte à chaque fois. En étant un peu moyen dans le jeu, ce n'est vraiment pas facile de gagner ce genre de matches, je pense que c'était celui-ci le plus dur, car après, je me suis senti de mieux en mieux. 

Q : Concernant la finale, début de match délicat, vous êtes mené 1-0 après avoir eu deux balles de set à 10-8, mais vous n'avez pas paniqué, vous avez été serein dans la tête pour dérouler, comment avez-vous géré cela ?

R : Ce n'était pas facile, car il (Félix, ndlr) joue super bien le point à 10-9, je me suis vu gagner le set et il me sort un contre-top de folie. Mais je me suis reconcentré, je me suis dit que j'avais tout de même un très gros niveau de jeu, que ce que j'avais produit sur ce set était bien et en ajustant quelques aspects tactiques, j'avais mes chances de passer devant, donc je suis resté vraiment positif et sans paniquer : en lui montrant aussi que j'avais beaucoup de confiance. Quand je joue Félix, ça fonctionne beaucoup comme ça. On s'est joué énormément de fois et j'ai souvent gagné donc ce n'est pas facile pour lui de me jouer. J'ai essayé de lui montrer que "tu mènes 1-0, mais je sais que je vais gagner et je sais que je vais m'en sortir", même si au fond de moi, je n'étais pas du tout sûr de gagner et je pensais même que ça allait être très compliqué (rires), mais c'est ce que j'ai essayé de lui montrer pour qu'il ne prenne pas trop de confiance, afin que je puisse avoir mes chances de retourner le match. 

Alexis Lebrun après sa victoire en demi-finale des Championnats de France.
Alexis Lebrun après sa victoire en demi-finale des Championnats de France.FFTT/Rémy Gros

Q : Sur le plan tactique, qu'est-ce que vous avez voulu mettre en place pour le faire déjouer ?

R : J'ai essayé de mettre en place mon jeu, de jouer fort sur les premières balles, parce que je sais que Félix aime bien quand ça rentre dans un échange de vitesse. Et après en remise de service, j'ai essayé de le perturber en changeant beaucoup mes placements, surtout qu'on se connaît très bien donc on sait où il faut aller (dans les zones de la table, ndlr), où il faut éviter et je pense que j'ai bien réussi à le faire.

Q : Est-ce l'aspect mental qui a joué davantage durant ces Frances ?

R : Je pense que oui, car ce n'était pas facile d'enchaîner les matches. De réussir à monter en puissance comme ça, c'était vraiment bien. Bien rentrer dans la compétition a été le plus dur.

Q : Vous avez embrayé avec la Pro B, avec deux rencontres en trois jours, comment gérez-vous un calendrier pareil ?

R : On rejoue samedi et dimanche (1er et 2 avril, ndlr), on va en faire quatre en une semaine. Ce n'était pas facile avec le contrecoup des Frances, mardi (28 mars, ndlr), c'était très compliqué, j'ai fait un très mauvais match. Mais on a une équipe relativement stable, on ne lâche rien, même quand ça ne va pas fort, donc on a réussi à s'en sortir et gagner 3-2 (contre Bruille, ndlr). Jeudi (30 mars, ndlr), ça s'est beaucoup mieux passé, c'était le match le plus important, on a gagné 3-0, donc ça nous met vraiment en bonne position pour aller en finale. Le calendrier n'est pas facile, mais on fait avec, on essaye de se battre pour aller chercher tous les points. 

Q : Un mot sur Flavien Coton, qui a 15 ans, champion du monde cadet en décembre dernier, qui vous a battu ?

R : Oui, c'est sûr qu'il joue super bien, surtout pour son âge, il est champion du monde. Il m'a bien gêné, je n'ai pas réussi à jouer mon jeu, j'étais complètement perdu et stressé. Je suis assez déçu de ma performance, j'ai été pris par l'événement, par le public, que la salle de Bruille soit pleine n'a pas été facile à gérer. Lui a super bien joué, a joué sa chance à fond. Mais il y aura d'autres matches, car on va en avoir pour un petit moment (rires), je pense qu'on se rejouera et j'essayerai de prendre ma revanche.

Alexis Lebrun aux Frances.
Alexis Lebrun aux Frances.FFTT/Rémy Gros

Q : Vous jouez actuellement les playoffs d'accession à la Pro A, il vous reste quatre rencontres à disputer ? 

R : Oui, mais, nous n'avons pas encore les dates des deux dernières. Et il y a deux poules, les deux premiers s'affrontent pour monter. Cela risque d'être Amiens et nous, car nous avons de l'avance.

Q : Comment sentez-vous la suite, êtes-vous confiant pour la montée ?

R : On a mis toutes les chances de notre côté, on a une équipe complète, on est quatre joueurs vraiment solides. On ne va rien lâcher, on va s'arracher pour monter en Pro A

Q : Si Pro A il y a, l'objectif sera-t-il de se battre pour le titre dès la saison prochaine ? 

R : L'année prochaine est l'année des Jeux, donc on verra aussi selon le calendrier, mais on essayera de se maintenir. On tentera de viser le titre la saison d'après et faire les choses dans l'ordre. Avec le système de playoffs, on ne sait jamais ce qu'il peut se passer. Si on a une occasion d'aller chercher le titre dès la première année, on ne la loupera pas. 

Q : Tournons-nous à présent vers les WTT, il y a deux compétitions importantes à venir : Xinxiang et Macao en guise de préparation des Championnats du monde à Durban en mai, y allez-vous en visant des résultats ?

R : J'espère pouvoir gagner quelques matches là-bas. Après, le niveau sera très relévé, ce seront les 32 meilleurs joueurs du monde qui participeront, mais je pense avoir mes chances de faire des bonnes performances, je sens que je joue de mieux en mieux. J'irai avec bon espoir de bien jouer là-bas.

Q : L'année dernière, vous avez beaucoup gêné et surpris vos adversaires grâce à vos services, aussi bien grâce aux variations et aux placements. On imagine qu'ils se sont préparés depuis, comment avez-vous réfléchi à cela ? En imaginant peut-être d'autres solutions tactiques ?

R : Oui, après, je sais que j'ai encore pas mal de services et ma variation gêne et je vais continuer dans ce sens. Mais je ne me pose pas plus de questions que cela, je sais aussi que j'ai progressé dans le jeu et je pense que ça va continuer de fonctionner, même si mes adversaires vont forcément s'adapter. Je trouverai d'autres solutions avec de nouveaux services.

Q : Vous l'avez démontré durant les Frances, vous avez été très agressif dès la première balle, voire dès la remise de service, ce qui vous a permis de remporter des matches en 2022 sur le circuit WTT, avez-vous, là-aussi, imaginé d'autres solutions tactiques ? 

R : Je ne pense pas avoir un jeu vraiment défini, je suis capable de jouer de manières différentes. Je vais continuer de jouer comme ça, en essayant de m'adapter à ce que proposent les adversaires et utiliser la meilleure façon de les battre. Je peux jouer très fort sur les premières (balles, ndlr), mais aussi faire durer longtemps l'échange. Je verrai ce qui fonctionnera le plus.

Q : Vous êtes actuellement 27e mondial, est-ce que l'objectif est d'atteindre le top-10 à la fin de l'année ? 

R : Intégrer le top-10, que ce soit à la fin de l'année ou n'importe quand dans ma vie, ce serait bien. En avril, le classement va un peu changer, je devrais gagner quelques places, mais je ne sais pas combien exactement (cinq, car il est passé 22e au 4 avril, ndlr). J'espère que les deux prochains WTT vont me permettre de monter, tout comme les Championnats du monde.

Alexis Lebrun en position de remise de service aux Frances.
Alexis Lebrun en position de remise de service aux Frances.FFTT/Rémy Gros

Q : Vous vous apprêtez à vivre une période presque infernale au regard du calendrier à venir, qu'en pensez-vous, est-ce que c'est quelque chose que vous redoutez ?

R : J'essaye de ne pas trop y penser, ça me fait plaisir de partir en compétition, donc j'ai toujours hâte. Après si l'on réfléchit concernant le calendrier, je ne vais pas jouer le WTT Star Contender de Bangkok, parce que ça fera beaucoup avec les deux Champions (Xinxiang et Macao, ndlr) et avec la Pro B, ça fait une reprise trop chargée. Mais il va y avoir beaucoup d'entraînements pour préparer les Championnats du monde, donc ça va compenser. Et c'est plutôt excitant d'avoir plein de grosses compétitions qui s'enchaînent.

Q : La question des calendriers parfois trop intenses pour les sportifs, notamment dans le football, vous intéresse-t-elle ? Avez-vous un avis à ce propos ?

R : Selon moi, le tennis de table n'est pas comme le football ou le rugby, un match de ping n'est pas aussi traumatisant, il n'y a pas de contacts, donc on a moins de blessures. Ce n'est pas la même problématique que dans le foot où enchaîner un match de 90 minutes tous les trois jours, prendre des tacles, des coups d'épaule n'est pas pareil que jouer deux compétitions de ping consécutives. Nous, nous pratiquons un sport où on s'entraîne beaucoup, dans tous les cas, nous allons jouer six heures par jour. Donc c'est plus une question de voyages. Le déclage horaire fatigue beaucoup par exemple. Sinon, le fait d'enchaîner les matches n'est pas plus dérangeant que ça, c'est plus l'intensité mental qui est difficile et qui fatigue.

Q : Concernant vos voyages, avez-vous une routine spécifique pour éviter la fatigue ?

R : On essaye de se préparer au déclage horaire, voyager sur des créneaux agréables, mais les billets son souvent chers, dont on n'a pas forcément le choix. Mais c'est d'essayer de bien dormir aux bonnes heures dans l'avion. Lorsqu'on arrive, on essaye de tenir et de ne pas dormir quand il y a un décalage dans un certain sens et de l'autre, on essaye de se coucher plus tôt. Malgré le fait que ce soit dur le premier jour. 

Q : Vous êtes passés de Butterfly à Tibhar concernant votre sponsor, est-ce un changement qui vous satisfait ?

R : Oui, ça se passe parfaitement. Ils sont super gentils, on a du matériel de super bonne qualité et je n'ai donc ressenti aucune différence, hormis concernant les plaques (les revêtements de sa raquette, ndlr), mais elles ne sont pas moins bien que celles de Butterfly, donc ça me convient parfaitement. Je pense que les résultats l'ont montré, aussi bien pour Félix que pour moi-même. On se sent bien avec Tibhar.

Alexis Lebrun aux Frances.
Alexis Lebrun aux Frances.FFTT/Rémy Gros

Q : Les Championnats du monde se profilent à Durban dans moins de deux mois (20-28 mai), quel est votre objectif ? 

R : J'aimerais bien faire une médaille. Ce ne sera pas facile, mais je pense que c'est un bel objectif.

Q : On vous souhaite le meilleur pour la suite ! 

R : Merci beaucoup !

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