Le ping français n'a pour l'instant que les exploits olympiques de Jean-Philippe Gatien
Quel est le plus grand exploit de la carrière de Jean-Philippe Gatien ? À l'heure où Alexis Lebrun et Félix Lebrun sont devenus des piliers du circuit mondial, replaçant la France dans les hautes sphères du ping mondial, l'espoir de médailles internationales n'a jamais été aussi haut.
Et il convient alors de rappeler que le ping français ne compte que deux titres mondiaux dans toute son histoire : le double mixte Claude Bergeret - Jacques Secrétin en 1977, et un certain Gatien, champion du monde de simple en 1993, sans doute là donc le plus grand exploit de sa carrière, mais aussi du ping français.
Mais le véritable élément déclencheur de ce titre, et de tout ce qui va suivre, ce sont les Jeux Olympiques de Barcelone 1992. Le tennis de table venait d'arriver au programme quatre ans plus tôt à Séoul, mais du fait de la faible histoire du sport en France - malgré le phénomène Jacques Secrétin, dont on se rappelle plus au final pour ses pitreries que pour ses victoires - difficile d'envisager des médailles.
De plus, les pays asiatiques, déjà menés par la Chine, dominent déjà, ayant raflé tous les titres en Corée du Sud. Pourtant, ce simple messieurs donnera lieu à un moment d'histoire. En effet, encore aujourd'hui, c'est la seule médaille d'or olympique en tennis de table qui n'a pas été remportée par un pays asiatique. Et le vainqueur aurait pu être français...
Mais il sera Suédois. Jan-Ove Waldner, le Mozart du tennis de table, double champion du monde et donc champion olympique. 20 ans de carrière et plusieurs climax, notamment ce jour d'août 1992. En trois petits sets, il éteindra le Français, peut-être trop ravi d'avoir déjà assuré une médaille, mais surtout dominé par un des plus grands joueurs de l'histoire. Sans rémission.
Mais qu'importe, Gatien est devenu une légende avec cet argent puis cet or en 1993, quand il aura été tout heureux de voir sa future victime en finale, Jean-Michel Saive, sortir Waldner en demi-finale. Mais surtout, il a lancé le début d'une réelle période faste du ping français. La période des quatre Mousquetaires avec Patrick Chila, Damien Eloi et Christophe Legoût (l'actuel DTN et l'oncle des frère Lebrun, tout est lié).
Une période qui atteindra un climax collectif en 1997, quand l'équipe de France ira chercher la médaille d'argent des Championnats du monde par équipes, seulement battue par la Chine. La dernière médaille mondiale de la France... jusqu'aux deux récoltées cet hiver.
La deuxième et dernière médaille olympique, elle, date de Sydney en 2000, quand le double Gatien - Chila avait arraché le bronze de haute lutte. Cette année, les cartes sont nombreuses, pour mettre fin à 24 ans d'attente. Mais surtout, le premier âge d'or du ping français dans les années 90 a été matérialisé par des médailles et des titres, et il n'y a que de cette façon que l'on laisse sa marque dans l'histoire. Celle de Jean-Philippe Gatien est immense, et en attendant une admission méritée au Temple de la Renommée du Tennis de Table, il pourrait enfin avoir un successeur.