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Exclu' Flashscore - Simon Gauzy : "Les JO peuvent être l'un des plus grands moments de ma vie"

Simon Gauzy le 30 mars lors de son match contre Liang Jingkun à Incheon.
Simon Gauzy le 30 mars lors de son match contre Liang Jingkun à Incheon.JUN HYOSANG/Xinhua via AFP
Alors qu'il entre en lice ce vendredi au WTT Champions de Chongqing (Chine), Simon Gauzy s'est confié pour Flashscore France, revenant ainsi sur sa très belle saison 2024, son nouveau statut en équipe de France, ses prises de parole sur le ping et les JO. Rêve(s).

Voilà presque deux mois que vous avez été tout proche de battre Liang Jingkun à Incheon (Corée du Sud), qu’en tirez-vous de cette défaite frustrante en ¼ de finale d’un tournoi majeur du circuit WTT ?

Positif très clairement. Parce que je pense que sur cette compétition, c'est le meilleur niveau auquel j'ai joué sur les trois dernières années, sans aucun doute. Et puis pas loin même de ma carrière, je pense, même si j'ai eu des grosses victoires, des gros matchs sur les meilleurs joueurs du monde. J'ai commencé sur un très très gros match sur Dang Qiu, et puis ensuite, j'avais bien enchaîné sur le Coréen. Et puis ensuite, j'ai produit un des top trois matchs de ma carrière. Alors oui, je ne l'ai pas gagné, mais encore une fois, il y a des fois où tu te "choke" un peu, et puis là, on ne peut pas dire que c'était le cas, parce qu'il les a tellement bien joués, que je ne suis pas ressorti de manière frustrée, déçu évidemment, très déçu, parce que tu as des balles de match sur des joueurs comme ça, ça n'arrive pas tout le temps, mais j'étais tellement heureux de pouvoir prendre déjà autant de plaisir et de jouer à un tel niveau sur un aussi gros match. 

Vous aviez dit que c'était le meilleur match de votre vie… Même s'il est difficile d'analyser son propre ping…

Je ne suis pas certain à 100 % de ce que je dis, mais c'est le ressenti que j'avais pendant le match et même quelques mois après.

2024, année olympique, on est tenté de dire que vous n’avez jamais aussi bien joué depuis le début de votre carrière au plus haut niveau, quel regard portez-vous là-dessus ?

En fait, alors oui, c'est important pour moi, parce que déjà, ça me permet de me dire que je vais avancer, et que peut-être que mon niveau, quand j'étais top 10 à l'époque – je pense que le niveau au moyen a augmenté et qu'aujourd'hui, ce serait peut-être un top 1, je n'en sais rien. Donc c'est très difficile de quantifier ça. Par contre, le fait que j'arrive à jouer mon meilleur niveau à l'approche, en plus avec des ambitions personnelles pour les Jeux, et aussi pour l'épreuve par équipes, ça montre que même sous pression, je suis capable de très bien jouer, même de très, très bien jouer. Donc ça oui, forcément, ça compte. Alors oui, cette année, je pense que je fais une très bonne année, même si je n'ai pas que de très bons tirages. Donc je pense que mon niveau actuel est plus haut que le classement que j'ai. Mais bon, c'est anecdotique. Je pense que ça arrivera quand ça arrivera. Mais oui, pour moi, c'est très important de voir qu'en tout cas, ça avance, et que même si je n'arriverais peut-être pas, je n'en sais rien, mon objectif, c'est de l'être, mais de redevenir top 15, top 10. Je sais que mon niveau, en tout cas, parfois, à chaque fois que j'ai joué les top 10, c'était soit je gagnais, soit j'étais très proche. Donc voilà, ça compte quand même.

Il y a un an, vous confiez au quotidien L’Équipe que vous aviez été victime d’un burn-out et que vous étiez sur la voie de la guérison… Quel bilan en tirez-vous désormais ? Moins de responsabilités et de meilleurs résultats, est-ce corrélé selon vous ?

Oui, je pense qu'il y a un peu tout qui est corrélé. Je pense que ma période compliquée, elle était déjà personnelle, et j'avais des soucis avec moi-même, je pense, en tant qu'humain. Mais en même temps, corrélé au fait qu'Alexis et Félix soient montés très haut très vite, sans que moi, je m'en aperçoive, ça a été aussi un élément déclencheur dans le mauvais sens. Et puis, à partir du moment où j'ai réalisé qu'il fallait que je fasse mon truc à moi, ça m'a enlevé de la pression – et que maintenant, tout le monde parlait des frères, notamment Alexis d'abord, et ensuite Félix, qui est lui, pour moi, un ovni. C'est vraiment quelque chose que moi, je n'ai jamais vu, à part peut-être des Chinois dans le passé. Donc, à partir de ce moment-là, où j'ai réussi à me détacher un petit peu, j'ai recommencé à prendre du plaisir, à regagner des matchs. Et puis en fait, il y a un moment où je suis revenu un petit peu en termes de résultat, c'était aussi en parallèle avec les moins bons résultats d'Alexis. Et je me suis dit, maintenant, t'as des Jeux à Paris. Dans tous les cas, t'auras quelque chose de beau à jouer en équipe. Et puis, la cerise sur le gâteau serait de pouvoir faire les simples. Moi, je ne peux contrôler que ce que moi, je peux contrôler. Je ne contrôlais pas son niveau à lui et à Alexis. Et puis voilà. Moi, je pense que ça m'a mis moins de pression. Mais là, depuis six mois, je m'en mets beaucoup à moi-même pour pouvoir aller chercher cette place. C'est là où je suis content. Malgré cette pression de résultat personnel, j'arrive quand même à très bien jouer tout le temps. Donc ça, c'est très gratifiant pour moi. Et puis après, évidemment, la France pongiste attend plus de résultats de la part de Félix actuellement. Donc moi, ça me va très bien. Pendant dix ans, j'ai été la tête d'affiche.

Car, à la table, au-delà de votre niveau de jeu plutôt très bon depuis plusieurs mois, on a l’impression que quelque chose a changé. Vous dégagez davantage de sérénité et d’assurance…

Non, je pense que c'est naturel. Je pense aussi avec l'âge, avec certaines expériences, je me connais mieux. Il y a aussi eu des moments où, en fait, je jouais aussi un peu contre nature parce que mon jeu, à la base, il est quand même très… je ne dirais pas défensif, mais je suis loin de la table, je fais de beaux points, tout ça. Et puis, je savais que pour aller à un plus haut niveau, il fallait que je fasse autre chose parce que contre le top niveau, c'est compliqué. Après, là, depuis quelques mois, je me rends compte aussi que même quand je suis loin de la table, je suis peut-être le meilleur du monde. Et puis, au-delà du fait de gagner des matchs, d'être efficace, d'aller chercher des grosses victoires, il y a aussi ce côté que je ressentais moins avant et ce que j'ai besoin actuellement par rapport à cette période compliquée en 2022, c'est aussi, moi, de me faire kiffer. Je n'ai jamais ressenti autant de la part des gens, en France en tout cas, ou même dans le monde. Je pense que quand je joue comme ça, je ne veux pas me lancer des fleurs, mais c'est vrai que de ce que je ressens, je suis top 5 des joueurs préférés des gens sur le plan du spectacle. Et puis, ça, c'est très agréable pour moi parce que je regarde énormément de sports, que ce soit du foot, du rugby, du tennis, de l'athlétisme, du basket. C'est aussi ce côté spectaculaire, ce côté émotionnel qui me fait kiffer, qui me fait regarder, qui me fait rester tard le soir. J'ai aussi envie d'essayer de me procurer ça et de procurer ça aux gens, tout en essayant de gagner, évidemment. Après, j'ai mes failles. Je sais que moi, tu parlais de sérénité, je pense que c'est justement un de mes points faibles, c'est que je panique très rapidement, de manière naturelle. Je pense que chacun, chaque être humain a ses failles et je suis aussi très sensible. En ayant réalisé tout ça, d'arriver à en tirer le meilleur, j'ai aussi commencé il y a un an et demi à travailler avec un psychologue du sport. Il y a plein de choses qui sont mises en place, des choses que je ne voulais pas faire avant parce que je ne me sentais pas à l'aise avec ça. J'espère que j'aurai encore de longues années à bien jouer. Et si ça arrive, d'être toujours très ambitieux et en même temps, de pouvoir faire ce que j'aime. Parce que le ping, c'est vraiment quelque chose, j'ai vraiment une passion, pour moi, c'est un jeu. Et à partir du moment où je l'avais perdu, j'étais irregardable, insupportable. Pour moi, c'est le plus important.

Du côté de la Bundesliga, on dirait que ça se passe toujours aussi bien, pensez-vous y rester encore longtemps ?

Moi, je suis resté aussi longtemps, parce que j'ai rencontré ma compagne ici, et qu'on a deux enfants. Mais en 2022, j'ai réalisé que la France me manquait aussi. Il y avait plein de choses. Le championnat (en Allemagne), il est génial, il est de très haut niveau. Après, il est aussi très dur, parce que tu as des matchs compliqués toutes les semaines, et c'est vrai qu'au bout d'un moment, quand j'étais plus jeune, c'était une bonne manière de me former, d'avoir des joueurs de très haut niveau partout en Allemagne, toutes les semaines, et ça me permettait de m'évaluer. Je pense que je suis arrivé à une période de ma carrière où c'est moins obligatoire. Je pense que la fraîcheur sur les tournois est primordiale. Franchement, très honnêtement, je ne sais pas. C'est pour ça que pour la première fois depuis que je suis arrivé – je signais que des contrats de deux ans. Là, je n'ai signé qu'un an, parce que j'ai envie de voir ce que je vais faire après dans un an, mais ça ne veut pas dire que je n'aime pas. C'est juste que là, c'est une période où je me pose deux ou trois questions.

Un retour en Pro A dans un futur proche est envisageable…

Oui, tout est envisageable. Je pense qu'il y a aussi beaucoup de clubs en France qui pensent que je vais rester toute ma vie en Allemagne et qui ne me contactent pas. C'est l'écho que j'ai eu d'un club de Pro A, il y a quelques semaines. Les gens ne me demandent pas parce qu'ils pensent que je suis à vie en Allemagne, alors que ce n'est pas du tout le cas. Rien n'est à écarter.

D’ailleurs, sur les vidéos dans lesquelles on vous voit à l’entraînement, on a l’impression que vous faites souvent le même exercice, le 2-2 (deux coups droits, deux revers, ndlr), est-ce fait exprès (rires) ?

Déjà, quand je poste des vidéos sur Insta, j'ai envie que le point dure un peu. Si on fait des services, il y a des fois où pendant 10 minutes, il y a des points qui font 2, 3, 4 échanges maximum. Mais oui, je le trouve ça sympa. C'est mon exercice préféré de jeu de jambes. Je le fais tous les jours. Évidemment, il y en a d'autres. Je suis pote avec Hugo Calderano (joueur brésilien, actuel 6ᵉ mondial, ndlr) qui poste toujours le même. Je me suis dit que je posterais toujours celui-là (rires)

En parlant d’entraînement, avez-vous une routine en ce moment alors que le contexte est particulier avec les Jeux qui arrivent…

Nous jouons énormément et très loin géographiquement. On voyage énormément. C'est compliqué parce que quand on rentre chez soi, ça ne dure pas longtemps. En plus, moi qui aie une famille, j'ai envie de passer du temps avec eux, de me ressourcer, prendre du temps avec les enfants et ma compagne. Ça fait entre 6 et 10 mois où tous les jours, je pense tout le temps au jeu. Ça ne m'est jamais arrivé de ma vie où j'avais un truc autant ancré en moi. J'ai cette motivation intérieure qui me permet d'aller à l'entraînement tout le temps. Je fais davantage des entraînements plus courts avec plus d'intensité parce que j'ai peur de me faire mal quelque part. Il y a beaucoup de renforcement musculaire que je fais tous les jours parce que je n'ai pas envie d'avoir de soucis à l'approche des Jeux. J'ai envie d'être prêt pour les compétitions qui arrivent. Je fais des entraînements plus courts une à deux fois par jour, mais des entraînements d'une heure à une heure et demie max. Quand je suis chez moi, je me repose et j'ai une période de 2 à 3 semaines où j'ai pu vraiment m'entraîner pour la première fois depuis le début de l'année. Je vais profiter pour bien m'entraîner avant d'approcher les trois dernières semaines avant le cut des JO. 

Comment appréhendez-vous l’attente vis-à-vis du choix de la FFTT pour les JO en simple (celui qui accompagnera Félix, ndlr) ?

Là où je suis content, c'est que j'arrive à bien jouer malgré cette épée de Damoclès qu'il y a au-dessus d'Alexis et moi. C'est un problème de luxe qu'on a parce que dans tous les cas, on aura quelque chose de beau à jouer en équipe et celui qui sera en simple sera très heureux. J'ai hâte que ça se termine parce que je pense que tous les deux, on a la pression tous les matins et que là, il reste un mois. On a tous les deux envie que ça se termine et que ce soit clair. Je sais que j'ai mon boulot à faire, mais je ne suis pas maître de mon destin. Il n'y a pas de règle claire et c'est assez perturbant. Je pense que c'est aussi ça qui est assez douloureux à l'intérieur de nous parce qu'on ne sait pas à quoi s'attendre. Mais c'est l'état d'esprit dans lequel je suis, sur les trois prochaines compétitions.

Disputer les JO à domicile, c’est forcément un rêve pour n’importe quel athlète, est-ce votre cas ?

J'ai déjà joué deux Jeux olympiques : un à Rio où ça ne s'est pas bien passé en termes de résultats ou même de niveau. C'était pas dingue. Je ne m'étais pas assez bien préparé. Peut-être un peu trop jeune, j'avais 21 ans. En tant que fan de sport, je n'étais pas prêt à avoir autant de stars autour de moi au même moment. Ça a été compliqué à gérer. Des deuxièmes sans spectateurs. Là, pour le coup, j'ai joué incroyablement bien. Chine en quart (en par équipes, ndlr) et Ma Long en huitième (en simple, ndlr). Ça brouille des parcours. Mais, si au début, quand j'ai commencé le ping à 7 ans, on m'avait dit que je pouvais faire les JO à 29 ans chez moi, ça aurait été quelque chose d'incroyable. Donc, sauf catastrophe, j'y serai en équipe. C'est vraiment un rêve. En plus de ça, j'ai toujours bien performé en France quand il y a eu les compétitions internationales. J'ai toujours bien joué. J'aime beaucoup le public. J'aime bien quand c'est chaud. Il n'y a pas plus chaud que le public français. Parfois, c'est même très compliqué pour les adversaires. Je me dis que si nous, on arrive à jouer à notre meilleur niveau, il y a vraiment de bonnes choses qui peuvent se passer. Ça peut être l'un des plus grands moments de ma vie, très certainement, s'il y a une issue positive. J'ai hâte de la décision, mais j'ai surtout hâte d'être au jeu.

À 29 ans, vous avez atteint une certaine maturité en tant qu’être humain, notamment avec votre seconde paternité, on imagine, mais aussi sur le plan sportif, comment imaginez-vous la suite ? Est-ce que vous vous projetez ?

C'est le côté où, pour le moment, je ne sais pas trop comment ça va se passer. J'ai deux enfants, un qui a 5 ans et demi et la petite qui a 8 mois. Elle, c'est encore un bébé, mais lui, il commence à comprendre quand je pars, tout ça. Et c'est vrai que là, partir aussi souvent, et lui qui me dit "Pourquoi tu pars aussi souvent ?" Tout ça, c'est un peu pesant. Moi, j'ai été papa jeune, j'avais 24 ans, donc je le savais. Mais, moi qui aime autant ce sport, et qui en plus, c'est mon métier, c'est comme ça que je gagne ma vie, j'ai envie de durer le plus longtemps possible, mais je n'ai pas non plus envie de passer à côté de certaines choses. Je pense que c'est aussi à moi de bien caler les prochaines années. J'espère jouer à un très bon niveau pendant deux Olympiades, c'est-à-dire 8 ans. Mais j'ai des responsabilités, et puis je n'ai pas envie de m'en échapper du tout. Ça a toujours été ma plus grosse appréhension, c'est que le jour où mon fils ou ma fille me dit "Je n'ai plus envie que tu partes du tout", j'arrêterai. Ça, ça sera indépendant de ma volonté, mais pour le moment, on a trouvé un bon équilibre. Moi, j'ai trouvé un bon équilibre. La première fois où j'ai été papa, je l'ai moins bien vécu que la deuxième, parce que je pense que j'étais un peu jeune. Et ça aussi, c'était une période où je ne jouais pas très bien. Ça n'allait pas du tout comme en 2022, mais je ne jouais juste pas bien. J'avais eu deux ou trois pressions. Si je n'ai pas assez d'argent, je ne vais pas pouvoir l'assumer. Mais maintenant, c'est passé. Je le vis très bien, je suis très content. Ils sont en bonne santé, donc c'est le plus important.

Vous avez acquis plus récemment que jamais la réputation d’un sportif qui n’hésite pas à dire ce qu’il pense, et ça fait du bien pour le public amateur, mais aussi professionnel, est-ce qu’il y a une volonté profonde d’espérer faire bouger les choses ? 

J'aime tellement ce sport et il y a des opportunités incroyables et pendant longtemps, je n'étais pas content de ce qui se passait. Je voyais les commentaires sur les réseaux sociaux en me disant "le WTT, ça a vachement évolué". C'est vrai que quand tu regardes à la caméra, c'est très beau. Hormis le fait qu'on ne joue que dans les pays où il n'y a personne, l'aire de jeu est magnifique. L'angle de la caméra t'aime ou t'aime pas, mais en tout cas, c'est beau. Très clairement, ça fait très professionnel. En fait, j'en avais un petit peu marre parce que quand on était sur les compétitions, on ne vivait pas cette chose de la même manière. On payait des sommes astronomiques pour avoir parfois une bouffe quasi dégueulasse. Je vais être très honnête. En fait, il y a des idées données aux fans qui sont tellement loin de la réalité. Moi, je n'ai aucun problème à parler de tout ça (publiquement, ndlr). En 2023, j'ai fait une année correcte. Pas incroyable en termes de résultats, mais correcte par rapport à ce que j'avais fait en 2022 et j'étais tout juste à l'équilibre en termes de dépenses et de revenus. J'étais 28 mondiale à la fin de l'année. Je me dis qu'un mec qui n'est pas dans les 30, qui n'est pas dans les 50, qui doit tout payer, il tient 6 mois au max. Il y a tellement d'opportunités dans le ping : il y a des gens qui ne jouent pas à l'international, qui jouent dans plusieurs championnats, qui font plein de trucs et qui arrivent à gagner 7, 8 000 euros par mois. Attention à vous les gars (la WTT), parce que s'il n'y a pas cette passion des joueurs qu'il y a actuellement, les joueurs vont arrêter de jouer au niveau international. Ils vont se concentrer sur leur vie familiale et gagner de l'argent. Je pourrais gagner le double, voire le triple ou le quadruple, de ce que je gagne en WTT. Ça me déçoit, ça m'inquiète aussi un peu, parce qu'on est dans une période… où ils ont eu l'excuse du Covid pendant quelque temps. Là, il faut arrêter. Je vois des sports moins médiatiques que le tennis, le badminton, le padel qui s'en sort financièrement en termes de prize money. Nous, on a la chance d'avoir les clubs. Sauf qu'eux, ils agissent comme s'il n'y avait pas de club. Et ce n'est pas le cas. Le top 30, il y a 50 % des clubs. C'est quand même très important. C'est une partie énorme de nos revenus. Le fait de changer les règles tout le temps, de faire une semaine en Asie, une semaine rien, une semaine en Asie, une semaine rien, autant qu'on prenne un appartement à Singapour, ce sera plus simple... Pour moi, si ça continue comme ça, il n'y aura soit que des top joueurs qui joueront et des très jeunes, mais pas d'entre-deux. Parce qu'entre-deux, si les fédérations n'assument pas, il n'y aura plus de joueurs. Je trouve ça très chaud et triste.

Est-ce que ce dernier WTT Champions avant les JO (en Chine) est la compétition idéale pour la préparation ? Ou avez-vous prévu de participer à des WTT moins importants dans les semaines à venir ?

Je pars dimanche en stage pour la Chine et ensuite, je finirai avec la Croatie et la Slovénie. Pour moi, d'enchaîner les quatre, c'était trop compliqué. Je préférais être bien pour trois. Alexis fait les quatre parce qu'en termes de classement, il est derrière, donc, il est obligé d'essayer de l'appliquer des points. Personnellement, je préférais me concentrer sur les points que j'ai à aller chercher, bien m'entraîner avant, bien me reposer. L'Asie, c'est la sixième fois de l'année où on y va, donc je préférais prendre un peu de temps, car les six dernières semaines avant les Jeux vont être très intenses.

Enfin, est-ce vrai que lors de vos premières années de ping, quand vous étiez poussin, vous aviez été refusé à un stage national (rires) ?

Je ne m'en rappelle pas, mais je me souviens de mon premier stage en 2004, en Roumanie, avec les meilleurs jeunes français de 10 et 11 ans et j'avais eu un très très mauvais rapport de stage. Parce que mon père l'avait imprimé pour le conserver. C'était un rapport méchant pour un enfant de cet âge, comme quoi je n'étais pas bien éduqué, des trucs complètement dingues. Je sais que j'étais teigneux… mais que je n'étais pas mal éduqué. Comme aujourd'hui, je n'ai pas ma langue dans la poche, je ne l'avais pas déjà quand j'étais petit. Ils ne voulaient pas que je rentre en "pole", car je jouais qu'en "balle haute" (le fait de jouer loin de la table en cloche, ndlr), que je répondais aux adultes. Oui, ce stage, je m'en rappelle très bien et j'en ai un super souvenir. Et, ce rapport, mon père ne me l'a pas montré avant mes 16 ou 17 ans. Mais, oui, c'est assez drôle, car parmi ceux qui étaient à ce stage, aucun n'a atteint le niveau auquel j'ai accédé (rires). À part cas exceptionnel comme Harimoto (joueur japonais né en 2003, actuel 11ᵉ mondial), qui à 13 ans était déjà incroyable – je n'ai que cet exemple-là, car Félix était très bon, mais à partir de 15, 16 ans, donc c'est un peu différent. Mais, j'ai une règle, à partir de 15 ans, on ne sait pas ce que va devenir un joueur, encore plus pour les Européens. Parce que entraînement différent, enfance différente, croissance différente et des fois d'un coup, les jeunes n'ont plus envie de jouer. J'en parlais ce matin à la salle, il y a un Championnat d'Europe des moins de 13 ans qui vient d'être créé, je trouve ça ridicule. Celui qui va gagner va être mis sur un piédestal et si tu n'es pas bien entouré, c'est une catastrophe. Mais en tout cas, c'est assez drôle, car je ne me rappelle pas à quel âge c'était exactement, mais cette anecdote est vraie, mais il n'y a pas que mon exemple. Alexis (Lebrun) était "censé" être un mauvais joueur il y a encore quelques années. Personnellement, je n'y prête aucune attention (concernant le niveau des très jeunes joueurs). Il y a plein de joueurs internationaux qui n'étaient pas dans les meilleurs en catégorie jeunes. Entre 2007 et 2015, il n'y a pas un champion d'Europe cadet, hormis moi, qui ait été top 30, donc ça ne veut absolument rien dire… Laissez les petits jouer et puis… ce sont souvent les parents qui font mal aux enfants… Les "projets Mbappé", c'est une catastrophe… Il y a eu plein de "projet Gauzy", il y aura plein de "projet Lebrun" et ça, c'est catastrophique.

Retrouvez-ci dessous le tirage au sort du WTT Champions de Chongqing.

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