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Cette fois, la cote d'alerte est largement dépassée pour Caroline Garcia

Sébastien Gente
C'est quoi la suite pour Caroline Garcia ?
C'est quoi la suite pour Caroline Garcia ?AFP
La tournée au Moyen-Orient de Caroline Garcia est un fiasco absolu. Alors que la saison n'en est qu'à son commencement, la n°1 française est clairement au fond du trou. Et on voit mal comment cela pourrait changer.

C'est un temps que les moins de 20 ans connaissent, puisqu'il ne faut remonter qu'à 15 mois pour avoir un souvenir ému des performances magistrales de Caroline Garcia. Une seconde partie de saison exceptionnelle, un WTA 1000, une première demi-finale en Grand Chelem, et la cerise sur le gâteau, une victoire aux prestigieuses WTA Finals

15 mois plus tard, elle vient de s'incliner dès le premier tour du WTA 1000 de Dubaï contre la très modeste Ashlyn Krueger, battue 16 fois au premier tour en 20 apparitions en tableau principal sur le circuit WTA, et 74ᵉ mondiale. Et toujours la même impression, le sentiment de frustration tant pour elle sur le court que pour les observateurs qui la voient galérer. 

Car ce match, elle l'avait bien en mains. Une première manche où elle a su prendre deux fois le service adverse pour virer en tête, sans jouer génialement, mais en se montrant solide. Mais impossible de confirmer, et elle a lâché la deuxième manche puis le break dans la troisième. Alors qu'elle était revenue à hauteur, elle a brutalement lâché, donné deux fois son engagement et le match. 

Des défauts qui ne sont toujours pas corrigés – une deuxième balle trop faible qui la met en danger, surtout avec "seulement" 60 % de premières. Car dans sa période dorée, celle qui l'avait vu terminer "Ace Queen" en 2022 (394 aces) et en 2023 (462 !), sa première balle venait à sa rescousse. Mais même cette arme fatale ne peut rien sur le circuit féminin.

Démonstration en a été faite à la United Cup. Pas moins de 15 aces, soit un énorme total pour le circuit WTA, pour une victoire au tie-break final contre la Norvégienne Malene Helgo, classée autour de la 500ᵉ place mondiale. Mais puisqu'elle avait terminé cette compétition avec 3 victoires pour une seule défaite – et encore, en prenant un set à Iga Swiatek, l'optimisme était de mise. 

Tout a changé à l'Open d'Australie. Alors qu'elle avait hérité d'un premier tour absolument piégeux, elle avait fait preuve d'autorité pour sortir la revenante Naomi Osaka. A-t-elle fait l'erreur de croire que le plus dur était passé ? Possible, puisque ce succès est son dernier en date. Depuis, elle a enchaîné quatre défaites, dont celle au 2ᵉ tour du Grand Chelem australien contre Magdalena Frech, qui n'avait jamais gagné en 32 matchs sur dur contre une joueuse du Top 50. Jusqu'à ce jour-là. 

Néanmoins, les accidents arrivent. Et les défaites suivantes étaient "explicables". Sorana Cirstea à Abu Dhabi ? La Roumaine a le jeu pour déranger la Française, puisqu'elle l'avait battu deux fois l'an dernier lors de la tournée américaine. Naomi Osaka à Doha ? Après tout, même si "Caro" l'avait battu en Australie, on parle d'une quadruple lauréate de Grand Chelem. 

Mais cette défaite contre Ashlyn Krueger pose un vrai problème. Il s'agissait d'un premier tour, de WTA 1000 certes, mais contre une joueuse classée 50 places plus bas. Le genre de match où il faut se faire respecter, car passer un tour est un minimum pour elle dans ce genre de tournois. Surtout sur dur, qui est incontestablement sa meilleure surface. 0 points gagnés durant la tournée au Moyen-Orient alors que deux WTA 1000 et un WTA 500 étaient au programme, cela fait clairement tache. 

Et cela pose question pour la suite de la saison. Car après deux mois de compétition – on imagine mal la Française rejouer avant Indian Wells –, la voilà sortie du Top 20, avec un bilan de 5 victoires – 6 défaites et strictement aucune amélioration à l'horizon. Car si elle ne capitalise pas sur la tournée américaine à venir, que va-t-il se passer sur terre battue ? Le risque est grand de la voir chuter en dehors du Top 30, car elle va perdre le bénéfice de sa finale à Monterrey à cette époque l'année dernière - le tournoi a été déplacé en septembre.

Quitter le Top 30, c'est perdre le statut de tête de série en Grand Chelem et donc s'exposer au risque d'hériter d'un tirage compliqué sur une surface, la terre battue, qui est tout sauf favorable pour elle. Et cette fois, contrairement à 2022, on croit difficilement à ce qu'elle puisse renaitre de ses cendres. Ce moment est passé. Mais quel peut être son objectif ? 

Quand elle a entamé son retour en grâce en 2022, peu y croyaient, mais force a été de constater qu'elle a réussi une performance, un comeback inattendu et inspirant pour de nombreuses joueuses qui lui emboîtent le pas. Les Naomi Osaka, Karolina Pliskova, Elina Svitolina et autres, absentes pour des raisons diverses, mais qui sont revenues en force après une période de trouble, comme la Française. 

Caroline Garcia a 30 ans, et va bientôt entrer dans la dernière partie de sa carrière. Mais il y a une échéance évidente à l'horizon : les Jeux olympiques. Désormais, sa meilleure chance de médaille est en double, avec sa comparse Kristina Mladenovic, puisqu'elles ont remporté plusieurs Grands Chelems ensemble. De là à se concentrer sur le circuit de double, moins rémunérateur, moins prestigieux, moins exposé, mais meilleur vecteur de réussite ? Une idée à creuser. 

Ou alors, s'aligner sur des tournois de moindre envergure, évoluer principalement – hormis les Grands Chelems –, au niveau WTA 250. Mais trouver la motivation pour un tel objectif quand on a soulevé des trophées WTA 1000 est sujet à caution. L'idée d'une retraite anticipée n'a jamais été évoquée, puisqu'elle peut tout de même évoluer à un niveau honnête et rafler quelques victoires. Alors, c'est quoi la suite ? 

Baisser les attentes, tout simplement. Dans un circuit féminin qui monte en gamme et grimpe en concurrence d'année en année, finir la saison avec un bilan positif est déjà une victoire. Deux fois 4ᵉ mondiale en carrière, Caroline Garcia a sans doute atteint son plafond, et gagner un Grand Chelem ne définit pas forcément quelle joueuse vous êtes. Qui a la meilleure carrière, Karolina Pliskova ou Emma Raducanu ? Question philosophique, bien évidemment. 

Mais conséquence réelle, puisque la Tricolore est une des figures de la "lose" à la française. Alors qu'avec ses 12 titres en carrière, elle est la troisième Française la plus consacrée de l'histoire de l'Ère Open (exæquo). Sa carrière, si elle s'arrêtait demain, serait brillante, mais les risques de la voir continuer et gâcher le souvenir de ses périodes fastes est grand.  

L'idée n'est pas de dire que Caroline Garcia doit prendre sa retraite. Mais si on imagine qu'elle va tout donner pour remonter la pente jusqu'aux Jeux olympiques, la période qui suivra pourrait être propice à une fin de saison anticipée, histoire de relancer une dernière partie de carrière honorable. À moins qu'une médaille olympique ne tombe et ne relance tout. C'est tout ce qu'on lui souhaite. 

France gouvernement

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