Avant la porte d'Auteuil, Arthur Fils doit absolument retrouver son tennis
Jeudi 21 mars dernier, Arthur Fils disputait le premier tour du Masters 1000 de Miami face à Matteo Arnaldi, la tête remplie de doutes. Résultat : 6-3, 6-4. Circulez, il n’y a rien à voir. Dans la lignée de ce qu’il a pu montrer depuis janvier, le Français n’y arrive plus. Un constat que même son adversaire a pu faire en fin de rencontre, un mauvais signe : "le match a été plus facile que prévu. Il n’a pas très bien joué et il semblait un peu épuisé".
Voilà, en l’état, la seule explication que l’on a pu avoir sur la défaite du 37ᵉ joueur mondial en Floride. Et elle provient de l’adversaire. Car Fils a omis de répondre à la presse. Logique quand la tête n’y est pas et que vous êtes dans une spirale négative. Et ce n’est pas la tournée américaine qui a pu arranger les choses, étant donné qu’il l'a quitté avec beaucoup d’incertitudes.
Face aux attentes, Fils doit passer la seconde
Pourtant, au regard de ses forces, notamment son service, le dur devrait être l’une de ses surfaces de prédilection techniquement parlant. Mais, pour le moment, c’est niet. En Californie, à Indian Wells, Fils sort au 3ᵉ tour face à Casper Ruud (6-2, 6-4). Quant à l’Australie, c’est loin d’avoir été une réussite aussi, éliminé sèchement au deuxième tour par Griekspoor (3-6, 6-1, 7-5, 6-4). Et juste avant, n'en parlons pas : avec Tabilo (6-2, 7-5) et Rublev (6-4, 1-6, 6-2) en bourreau, respectivement à Auckland (demies) et Hong Kong (quarts de finale), le Français n’a pas fait long feu.
Forcément, les plus sceptiques se poseront la question suivante : c'est un bon joueur, mais n'a-t-il pas un plafond qui ne lui permettra jamais de s'installer à la longue dans le Top 5, voire Top 10. Promis à un bel avenir, n’est-il pas tout simplement dans l’incapacité d’aller plus haut mentalement et physiquement ? Jamais un Français n’avait connu une progression aussi fulgurante dans le circuit ATP que lui, comme il a pu l’avoir en 2023, alors qu’il était autour de la 250ᵉ place. C’est une réalité. Mais les attentes, aussi logiques soient-elles, étaient visiblement infondées…
Entre les deux périodes sur dur cette saison, Arthur Fils a eu la bonne idée d’aller faire la tournée sur terre en Amérique du Sud, une surface sur laquelle il avait remporté son premier tournoi ATP l’année passée. Une bien mauvaise idée : à Buenos Aires et à Rio, deux éliminations coup sur coup au premier tour, respectivement contre Lajovic (6-3, 6-4) et Fonseca (6-0, 6-4) ; et à Santiago, un tour de passé, puis "hasta luego" après s’être mesuré à Martinez (6-3, 6-7 (5), 6-2). Au-delà des mauvais résultats, Fils a tout sauf montré son meilleur visage, s’énervant face au superviseur au Chili : "êtes-vous un putain d’athlète ? Alors, comment savez-vous s’il est possible de jouer ou non sur ce court ? Je vous l’ai dit avant le tournoi, non ? Réponds à ma putain de question !" L’agacement est bel et bien à son summum…
C’est dans ce contexte – plus que délicat –, que le natif de Courcouronnes va entamer la période sur terre battue, avec Roland-Garros et les Jeux en ligne de mire… Au passage, il devra également défendre 250 points à Lyon. Agacé, Arthur Fils peut l’être, lui qui jouera gros dans les prochaines semaines vis-à-vis du prochain rendez-vous olympique. Numéro 4 du classement français pour les JO, ce dernier compte seulement 82 points d’avance sur Arthur Cazaux. Plus le droit à l’erreur pour lui à présent.
Arthur Fils se heurte à un mur. A-t-il atteint son plafond maximum ? Comment va-t-il faire pour relancer la machine ? Le problème est-il physique, car son jeu est énergivore ? A-t-il le syndrome du rookie Wall ? Quoi qu’il en soit, le Français se doit de passer un cap. Parmi les jeunes joueurs prometteurs nationaux, lui est le mieux classé, étant dans le top 50. Arthur Fils est attendu et lui-même le sait. Là est d’ailleurs peut-être l’une des explications du problème : la pression. À lui et son staff, maintenant, de régler ce qu’il y a à régler et de travailler dans le bon sens pour pouvoir performer à la porte d’Auteuil fin mai, début juin… puis fin juillet, début août.