Alexander Zverev, qui semble renaître après une grave blessure, affronte Tiafoe
Des cris de douleur et des larmes sur l'ocre du court Central. C'est ainsi que s'était terminée la quinzaine parisienne d'Alexander Zverev, il y a un an, alors qu'il malmenait - fait rare ! - le maître absolu des lieux Rafael Nadal, en demi-finale, le 3 juin 2022.
Mené 1 set 0, l'Allemand, alors N.3 mondial, est en train d'opposer une farouche résistance à Nadal (7-6, 6-6) lorsque sa cheville droite se bloque sur la terre battue au moment d'une glissade.
Quelques minutes plus tard, il quitte le stade sur un fauteuil roulant dans la stupeur. Verdict : ligaments déchirés, opération, fin de saison.
Vient alors le temps des regrets pour "Sasha", comme il est surnommé, stoppé en plein vol alors qu'il est peut-être au point culminant de sa carrière, un an après son sacre aux Jeux olympiques de Tokyo.
"Je suis allé voir le court"
Mais après sept mois d'absence et un recul de 24 places au classement ATP, Zverev retrouve des couleurs Porte d'Auteuil, comme en témoignent ses victoires sans perdre un set face au Sud-Africain Lloyd Harris (294e) sur le court Simonne-Mathieu, puis contre le Slovaque Alec Molcan (86e), sur le Central qu'il a tant maudit.
"J'étais un peu stressé, a admis le 27e mondial après sa victoire. Je crois que c'est pour ça que je suis allé voir le court avant le match, parce que je ne l'avais pas vu depuis mon accident. C'était assez important pour moi. Pendant le match, j'étais très content (...) de jouer de nouveau sur ce court."
Zverev chasse de la raquette ses mauvais souvenirs : "C'est assez sympa de retourner ici, en particulier après l'année dernière. Il y avait une super ambiance, c'était une sensation super pour moi."
Un joueur d'un tout autre calibre l'attend désormais au troisième tour, toujours sur le court Philippe-Chatrier : l'Américain Frances Tiafoe (12e), samedi en session de nuit.
Ce genre de défi ne devrait pas faire peur au natif de Hambourg, demi-finaliste des deux dernières éditions du Grand Chelem parisien mais aussi de l'Open d'Australie en 2020, année où il a failli décrocher son premier Majeur, échouant en finale de l'US Open.
"Aucune procédure disciplinaire"
À l'aise sur toutes les surfaces, le joueur de 26 ans a toujours été bon sur terre battue, exceptionnel pour un joueur si grand (1,98 m).
Contrairement à d'autres joueurs aux longs segments, Zverev n'a aucun mal à se déplacer sur l'ocre, et conserve sa puissance au fond du court et au service qui le rendent redoutable.
Parmi ses 19 titres sur le circuit ATP, six ont été acquis sur terre battue, dont le Masters 1000 de Rome (2017) et celui de Madrid à deux reprises (2021, 2018).
De quoi envisager soulever un jour la Coupe des Mousquetaires. "J'adore cet endroit, c'est sympa de revenir jouer ici, souffle-t-il. C'est clairement un tournoi que j'aimerais gagner."
Il retrouverait ainsi la lumière, au cours d'une carrière qui possède aussi une part d'ombre. Son ancienne compagne et joueuse professionnelle Olga Sharypova l'accuse depuis octobre 2020 de lui avoir fait subir plusieurs épisodes de violences physiques et psychologiques pendant leur relation. Elle n'a toutefois jamais porté plainte.
Zverev a toujours nié ces faits, attaquant même en justice Sharypova et le journaliste américain qui avait relayé les accusations.
En début d'année, une enquête de l'ATP n'a pas permis d'"établir que les accusations de violences étaient fondées", si bien que Zverev n'a été sanctionné d'"aucune procédure disciplinaire".
Pour jouer, l'ancien N.2 mondial conserve donc le feu vert de l'ATP, ainsi qu'un tableau dégagé depuis l'élimination précoce de Daniil Medvedev (2e). Encore faut-il franchir l'obstacle Tiafoe.