ATP : Benoît Paire a gagné sa wildcard pour Roland-Garros, que va faire la FFT ?

Cet après-midi, Benoît Paire s'est finalement incliné 6-1, 7-5 en finale du Challenger de Francavilla contre Alejandro Tabilo. Mais le boulot était déjà fait depuis la veille. En remportant sa demi-finale contre Lorenzo Giustino, le Tricolore s'était déjà assuré de remplir son contrat.

Quel contrat ? À la Race ATP, Paire est le meilleur Français ne pouvant pas espérer une entrée directe dans le tableau final de Roland-Garros via le classement. Il devance de peu Hugo Gaston, et demain, 15 mai, date butoir fixée par la Fédération Française de Tennis, il sera théoriquement le détenteur de la précieuse wildcard permettant d'intégrer directement le grand tableau. Sauf que...

Sauf que la FFT a déjà attribué cette wildcard en début de semaine à Hugo Gaston - qui était alors devant Paire à la Race. Pourquoi ? Difficile à comprendre. La règle de base donnée par la FFT était la suivante pour l'attribution de cette wildcard dite "internationale" : 

Une Wild-card sera attribuée au joueur français, n’intégrant pas directement le tableau final, le mieux classé à l’ATP Race to Torino, le lundi 15 mai 2023. 

Là où la Fédération se ridiculise, c'est qu'elle a donné la date du 15 mai initialement. Mais en délivrant la wildcard, elle a annoncé avoir changé son fusil d'épaule car puisque le Masters 1000 de Rome s'étend sur deux semaines, il n'y aura pas de classement ATP officiel avant le 22 mai, jour de début des qualifications du Grand Chelem parisien.

Sauf que l'attribution de cette invitation ne dépend pas du classement ATP sur 52 semaines, mais du classement de la Race ATP. Énorme différence. La Race est un classement annuel qui prend en compte les points ATP engrangés depuis le début de saison 2023, dont les 8 meilleurs disputeront les ATP Finals. 

Surtout, alors que le classement ATP paraît tous les lundis, la Race est actualisée en temps réel. Un match ATP, Challenger ou ITF se termine dans le monde, le classement s'actualise. D'autant que les dates du tournoi de Rome sont connues de longue date. L'excuse de la date est donc ridicule, puisque les joueurs font leur planning en fonction des critères donnés. Mais bien entendu, c'est marqué dessus : 

"La FFT se réserve le droit de modifier et/ou ajuster le règlement ci-dessus en fonction de l’évolution des tournois français et circuits WTA, ATP et ITF World Tennis Tour Féminin". Une excuse toute trouvée donc. 

Sous la pression, Benoît Paire savait qu'il devait aller au minimum en finale du Challenger de Francavilla après l'élimination d'Hugo Gaston dans son propre tournoi. Une tâche dont il s'est acquitté, lui qui avait dû sauver plusieurs balles de match lors de son entrée en lice par exemple. Mais il a eu le mérite de réussir, de remplir les critères. 

Décision dirigée contre Benoît Paire ?

Alors quoi, une vengeance ? On le sait, les relations entre Paire et la FFT n'ont pas toujours été au beau fixe. Il avait été renvoyé du Centre National d'Entraînement en 2019 et avait perdu toutes les aides financières qui vont avec. Benoît Paire a construit sa carrière tout seul. Une carrière honnête, quoi qu'on en dise.

Mais quand on pense Benoît Paire, on pense craquage. Pétage de plombs. Car une partie de sa notoriété découle de cet état de fait. Rien à voir avec Hugo Gaston, tennisman modèle, star de Roland-Garros 2020, ancien porte-drapeau tricolore aux Jeux Olympiques de la Jeunesse, issu du sérail, et qui surtout, n'a rien demandé et n'a au final rien à voir dans ce problème. Le méchant contre le gentil ?

Et comme le dit la FFT : 

Afin de pouvoir bénéficier d’une de ces quatre wildcards, le joueur devra adopter en toutes circonstances un comportement exemplaire sur le court ou en dehors. En cas de comportement inapproprié la direction du tournoi se réserve le droit d’annuler une wildcard. 

Sauf que c'est encore un point factice. Annuler une wildcard impliquerait de lui avoir décerné dans un premier temps, ce qui n'a donc pas été le cas. Le joueur lui-même s'est ému de cette décision mardi dans les colonnes de L'Équipe. 

"Le règlement dit que c’est le 15 mai. On ne peut pas revenir en arrière. J’espère que c’est une erreur de la part de la FFT et qu’ils vont la rectifier. Je ne dis pas que je vais gagner le tournoi, mais tant que ce n’est pas officiel, je ne comprends pas pourquoi ils annoncent ça alors qu’il y a encore cette semaine pour gagner des points. Le 15 mai, c’est le 15 mai. La Race, c’est du live qui change tout le temps."

Et il n'a pas tort. On se demande quelle mouche a piqué la FFT pour anticiper cette décision. D'autant que Paire aurait pu perdre d'entrée de jeu à Francavilla et la porte aurait été close. Mais cela lui a donné peut-être le supplément d'âme pour sauver des balles de match au premier tour et aller au bout de l'objectif.

Alors, procès d'intention envers Benoît Paire ? Volonté de promulguer un joueur - Hugo Gaston - en difficulté depuis sa révélation en 2020, un joueur qui a encore une longue carrière devant lui ? Appâter des joueurs avec une invitation pour ne pas leur donner ensuite est d'un ridicule sans nom. 

Demain, c'est donc le jour initialement prévu pour les wildcards. La FFT va-t-elle admettre son erreur / empressement ? Ou alors laisser les choses telles quelles, et ainsi léser Benoît Paire ? Ou changer d'avis en catastrophe, et donc léser  ? On attend avec impatience, mais une chose est sûre : le tennis français ne sortira pas grandi de cette affaire. Une fois de plus.