"Embarrassants", "sauvages" et "irrespectueux" : les supporters de Roland-Garros sous le feu des critiques

Sous des températures frôlant les 30 degrés et avec des vendeurs de bière qui sillonnent les terrains, les Français, réputés pour leur impatience, ont fait entendre leur voix.

Le premier jour à Roland Garros, l'Ukrainienne Marta Kostyuk a été huée pour avoir refusé de serrer la main de son adversaire biélorusse Aryna Sabalenka en signe de protestation contre la guerre qui sévit dans son pays.

"Je veux voir la réaction des gens dans dix ans, quand la guerre sera terminée. Je pense qu'ils n'apprécieront pas vraiment ce qu'ils ont fait", a affirmé Kostyuk. "Les gens devraient être honnêtement embarrassés".

Sabalenka a d'abord cru que les huées du court Philippe-Chatrier étaient dirigées contre elle et a fait une révérence exagérée en guise de réponse.

"Très impliqués"

Taylor Fritz a été irrité par les tentatives désespérées de la foule partisane de la nuit pour pousser Arthur Rinderknech à l'emporter. À un moment donné, les fans ont même chanté l'hymne national français.

Lorsqu'il a triomphé, Fritz, 25 ans, a placé son doigt sur ses lèvres pour faire taire ses bourreaux avant de leur envoyer des baisers de façon théâtrale.

Les huées ont continué lorsqu'il a tenté de réaliser la traditionnelle interview télévisée sur le court.

"Le public était tellement formidable que j'ai dû le laisser m'enflammer. Ils m'ont tellement encouragé que je voulais être sûr de gagner. Merci les gars", a déclaré l'Américain sur un ton sarcastique.

L'ancien champion Mats Wilander estime que le comportement du public, qui repousse les limites du fair-play, peut être contre-productif. "Je ne pense pas qu'ils aient nécessairement l'intention de huer les joueurs, mais ils sont très engagés et enthousiastes cette année. Je pense qu'ils sont un peu plus impliqués ici que si un Britannique joue à Wimbledon ou un Américain à l'US Open, ou un Australien en Australie".

La joueuse de double australienne Arina Rodionova s'est interrogée sur Twitter : "C'est moi ou le public français est particulièrement féroce cette année ? Normalement, il y a au moins un peu de logique derrière les huées... cette année, ils se sont réveillés et ont choisi la violence !"

Novak Djokovic, qui divise l'opinion à Roland Garros comme dans pratiquement tous les autres endroits où il passe, a applaudi les spectateurs de manière sarcastique lors de son match contre Alejandro Davidovich Fokina. Au troisième set, il a lancé une balle vers le ciel en signe de frustration, ce qui a de nouveau provoqué des huées.

"Ils aiment huer"

Djokovic s'est moqué des fans en imitant leurs huées et en hochant la tête en signe d'acceptation.

"Je pense que la majorité des gens viennent pour apprécier le tennis ou soutenir l'un ou l'autre joueur. Mais il y a des gens qui adorent huer tout ce que vous faites", a affirmé Djokovic.

"C'est quelque chose que je trouve irrespectueux et que je ne comprends pas. Quand quelqu'un manque de respect, il ou elle mérite une réponse".

Daria Kasatkina a été huée dimanche après sa défaite contre Elina Svitolina. Comme toutes les joueuses ukrainiennes, Svitolina ne serre pas la main de ses adversaires russes ou biélorusses.

Au lieu de cela, Kasatkina, une des rares voix russes à avoir critiqué la guerre, a fait un signe amical à Svitolina en lui levant le pouce, un geste que Svitolina a sportivement reconnu.

"Je quitte Paris avec un sentiment très amer", a tweeté Kasatkina. J'ai été huée pour avoir été respectueuse de la position de mon adversaire et ne pas lui avoir serré la main".

Cependant, toutes les joueuses ne se sont pas brouillées avec le public.

"Il est évident qu'il y a une limite, mais ils n'ont pas peur de s'exprimer. Cela rend l'atmosphère très amusante pour moi", a affirmé Coco Gauff, vice-championne du monde en 2022.