L'ambitieux Carlos Alcaraz entame sa route vers un premier titre Porte d'Auteuil
Sous ce soleil battant qui réfléchit sur l’ocre du court Philippe Chartier depuis maintenant une semaine, voilà ce gamin de 20 ans qui s’attèle à être prêt le plus tôt possible pour le début de la quinzaine, ce dimanche 28 mai. Protégé par sa casquette et ses lunettes de soleil, de la chaleur et de la lumière de l’astre, Juan Carlos Ferrero - vainqueur ici, Porte d’Auteuil, en 2003 - observe et analyse, bras croisés, chaque coup, chaque déplacement, chaque service, avant de rectifier les fautes ou de reprendre le dernier coup boisé de son joueur. De nature énergique sur le court - comme son idole, Rafael Nadal - Charly se nourrit de ce soleil pour devenir ardent lors de ses entraînements, avant d’être plein d’allant face à la presse.
“Pour moi, c'est toujours aussi fou et incroyable d’être ici, encore plus en tant que tête de série numéro 1. Mais c'est quelque chose pour laquelle j'ai travaillé, pour être là, au sommet. Je suis heureux et je ne ressens pas de pression supplémentaire ou quoi que ce soit de ce genre. Je sais pourquoi je suis ici, pour quoi je dois jouer, ce que je dois faire et ce que je dois ressentir pour arriver à mon objectif. Et ce n’est pas de l’arrogance, c’est juste ma manière de penser qui me permet d’avancer.”
Carlos Alcaraz est sûr de ce qu’il veut accomplir entre le 28 et 11 juin à Roland-Garros : glaner pour la première fois la Coupe des Mousquetaires. Et si ce dernier pense que “même si Nadal avait été là”, cela ne l’aurait pas donné “moins de chances de gagner”, ce n’est pas rencontrer un Novak Djokovic en demi-finale qui peut le crisper et le retenir dans sa quête du Graal. Alors l’Espagnol martèle la balle contre un Wawrinka, un Lehecka ou encore un Tsitsipas, durant l’Opening Week, encore et encore, pour être le plus optimal avant de jouer face à Flavio Cobolli au premier tour.
La maîtrise de l'Art de la guerre, par Carlos Alcaraz
Cela faisait plus de 15 ans que le Roland-Garros n'avait pas été aussi disparate quant à savoir quel joueur allait se proclamer champion. Djokovic, Medvedev, Ruud, Rune, Tsitsipas et d'autres espèrent pouvoir être l'heureux élu. Mais voilà qu'une anomalie risque de s'introduire dans la matrice : si Rafael Nadal a imposé une dictature interminable Porte d'Auteuil au début du XXIe siècle, voilà Carlos Alcaraz voulant suivre les pas de son joueur fétiche. Alors aller en chercher 14 risque d'être impossible. Toutefois, établir le début d'une hégémonie et s'inscrire dans l'histoire de ce tournoi reste un objectif ancré dans la tête de l'Espagnol. N'avoir "peur de personne", - comme il l'a expliqué en conférence de presse -, voilà sa doctrine pour entreprendre le combat.
Évaluer son environnement est une dimension importante pour arriver à ses fins, notamment l'évaluation de la "Terre". Celle-ci doit être l'objet de continuelles méditations du joueur. Et on le sait : l'histoire d'amour entre la terre-battue parisienne et les joueurs espagnols est manifeste et indubitable. Carlos Alcaraz, porté par son entraîneur Juan Carlos Ferrero, veut ajouter son nom à cette flamme. Le Murcien, comme tous ses compatriotes, apprécie la surface, en témoignent ses titres à Madrid (2 fois), Barcelone (2 fois), Buenos Aires, Rio de Janeiro et Umag.
"Sur le plan du tennis, je suis le même joueur que l'année dernière, mais je dirais que je suis plus mature, a avoué le numéro 1 mondial. Mentalement, je suis plus fort. Je lis mieux le jeu qu'avant. C'est très important pour moi et sans doute la différence la plus notable par rapport à l'an passé."
Examiner ses qualités est un autre facteur déterminant avant se s'engager dans les hostilités. L'Espagnol l'admet, rien n'a changé dans son jeu par rapport à il y a un an, lorsqu'il a tenu Alexander Zverev en quarts sur le central, si ce n'est son mental. Depuis, le garçon a fêté ses 20 ans et le joueur a pris un Grand-Chelem (l'US Open en 2022). En 12 mois, l'expérience du gamin a subi une augmentation rapide et cela lui a permis de récupérer le trône de l'ATP.
Enfin, la discipline devra être au rendez-vous. Et Carlos Alcaraz, en s'appuyant sur ce qu'il sait faire, aura pour responsabilité de s'appliquer sur chaque coup. Service solide, coup-droit puissant, changements de direction aisés, coup amorti comme atout : son jeu, l'un des plus complets du circuit, peut l'amener à ses fins, cela ne fait aucun doute.
Celui-ci lui a permis de vaincre Novak Djokovic l'an passé sur l'ocre madrilène (6-7, 7-5, 7-6), alors que le joueur n'avait pas atteint encore un bon niveau de maturité. À la veille du début du tournoi, même le Serbe l'avoue : le favori, en se focalisant sur la forme et les performances des derniers mois, c'est bien le Murcien. À lui de réitérer le même genre de résultat sur la surface, mais cette fois-ci en trois sets gagnants, chose qui est considérée comme un "sport totalement différent" par son principal rival.
Avant ça, l'Espagnol a rechargé les batteries chez lui, à Murcie, pour arriver dans les meilleures conditions possibles. “Je suis resté avec ma famille, mes amis. J'en avais besoin également, a-t-il avoué. Je me suis entraîné pendant cinq jours à l'Académie. Cela m'a beaucoup aidé. J'étais loin des tournois. J'ai eu des séances d'entraînement plus intenses, plus physiques. En enchaînant les matches, je n'avais pas beaucoup l'opportunité de m'entraîner de manière intense. Et il me fallait ça avant Roland-Garros.”
Roland-Garros débute ce dimanche 28 mai et l'ambitieux Carlos Alcaraz est à Paris pour aller prendre le deuxième Grand-Chelem de sa jeune carrière.