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"On a besoin de temps", selon le directeur du haut niveau à la FFT

Flashscore, avec AFP
Ljubicic lors de l'Open d'Australie 2024.
Ljubicic lors de l'Open d'Australie 2024.VICTOR JOLY/DPPI via AFP
Ivan Ljubicic, directeur du haut niveau à la Fédération française de tennis (FFT) tire ce mercredi un bilan forcément peu glorieux de Roland-Garros 2024, mais demande du temps et a confiance dans les générations montantes.

Q : Quel bilan tirez-vous de ce Roland-Garros 2024 ?

R : "Corentin Moutet, Varvara Gracheva et Chloé Paquet ont fait des résultats positifs parce qu'on ne les avait pas anticipés. Surtout Paquet qui a très bien utilisé la wildcard. Pour les autres, si on parle du niveau de tennis, je pense que c'est mieux. Mais les victoires n'arrivent pas. Or, on est ici pour gagner et pas simplement participer. En double, la situation est un peu dramatique parce que personne n'a gagné pratiquement de match. Je parle de joueurs qui ont la possibilité de jouer aux Jeux olympiques. Mais j'ai vu aussi des choses positives, avec la génération qui arrive. Chez les garçons, il y a, par exemple, Giovanni Mpetshi-Perricard, qui a fait l'exploit à Lyon. Il faut avoir un peu de patience. Chez les filles, je pense qu'avec Clara (Burel) et Diane (Parry), surtout, on a un avenir positif. Après, s'ils vont être top 30, 20, 10, ça, on ne peut pas savoir. Mais le talent et le potentiel sont là."

Q : Et chez les juniors ?

R : "Chez les garçons en 2006-2007, on a seulement Pierre-Antoine Faut qui a joué. C'est une génération qui est un peu en difficulté. Mais en 2008, Timéo Truffelli a gagné son match. À 16 ans, avec la wildcard, il a gagné contre quelqu'un qui était classé beaucoup mieux que lui. Et en 2009, je trouve que c'est une génération très intéressante avec Moïse Kouamé, Daniel Jade. Le présent n'est pas là. Ça, c'est la vérité. Mais on va essayer de changer ça. Chez les filles, malheureusement, si toutes les joueuses qui ont joué ici ont joué avec une wildcard, il est normal que les résultats ne soient pas là. Ça veut dire qu'il n'y a pas le niveau."

Q : Le tennis italien est en plein boom, pourquoi le système italien fonctionne-t-il mieux que le français ?

R : "Je ne crois pas beaucoup dans le système. Je pense que les systèmes forment les joueurs, forment la mentalité, l'attitude, mais ne forment pas les joueurs au très, très haut niveau. Je pense surtout que c'est Jannik Sinner qui illumine le tennis italien. C'est surtout de ça qu'on manque en France. Si on regarde le nombre de joueurs du top 200, on est mieux qu'en Italie (26 Français et 16 Italiens selon le classement avant Roland-Garros, ndlr). Mais quand tu as Sinner, quand tu as quelqu'un comme Arnaldi, comme Musetti qui sont vraiment forts, c'est beaucoup plus simple de parler des projets et des systèmes. Mais la vérité est qu'en Italie, ils ont aussi un truc, impossible en France: ils ont le même président de la Fédération depuis 22 ans. Donc ils ont la continuité des projets. Et même si peut-être, ils ont fait des erreurs, ils ont investi beaucoup, pas seulement en argent, mais aussi en état d'esprit. Je pense qu'on a besoin en France d'une génération qui va vraiment pousser les autres. Et j'espère que la génération qu'on a aujourd'hui, celle de 2002, 2003, 2004, va changer un peu ça."

Q : Que pouvez-vous leur apporter ?

R : "On a besoin de temps. En 2029, si je suis encore là et si on a vraiment des résultats qui ne sont pas bons, ce sera ma responsabilité de dire OK, j'ai fait des erreurs catastrophiques et je m'en vais. Mais en changeant tout le temps de responsables, c'est vraiment difficile d'avoir des résultats à long terme et de savoir exactement ce qui marche et ce qui ne marche pas."

Q : Arthur Fils, après de très bons résultats avec le coach fédéral Laurent Raymond, a décidé de changer pour s'entraîner avec Sébastien Grosjean et Sergi Bruguera, qu'il a remercié depuis. A-t-il fait une erreur ?

R : "Le choix qu'il a fait avec Grosjean et Bruguera, pour moi sur le papier, c'est hyper positif, hyper ambitieux. Mais après, on ne peut pas savoir si la relation entre le coach et le joueur va fonctionner. Ma responsabilité, en tant que directeur du haut niveau, est d'avoir un peu d'objectivité et pouvoir dire ce que je pense. Mais s'il va avancer ou pas, c'est sa responsabilité."

 

Propos recueillis en conférence de presse

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