Dans une journée pluvieuse, le toit du Philippe-Chatrier permettait heureusement de voir un peu de tennis, en l'espèce une confrontation entre quadruples lauréates de Grand Chelem. Mais bien évidemment, la double tenante du titre Iga Swiatek demeurait archi favorite contre une Naomi Osaka qui n'a jamais été une grande fan de l'ocre.
La Japonaise délivre pourtant deux premiers jeux de très haut niveau, tenant tête à la n°1 mondiale et passant proche de breaker. Suffisant pour inquiéter Swiatek, qui passe à l'attaque, et le résultat est implacable : la Polonaise gagne 12 points d'affilée ! Le break en poche, elle passe en vitesse de croisière, même si sa rivale ne lâche pas, mettant plus de poids dans sa balle pour tenir le choc.
Pari réussi, Osaka débreake par surprise pour revenir à 4-4 en acculant son adversaire. On revoit des flashs de celle qui fut n°1 mondiale, tenant tête avec aplomb, obtenant même une balle de set. La bataille est splendide et débouche sur un tiebreak alléchant. Mais au lieu de ça, on aura un véritable cavalier seul d'Iga Swiatek, qui retrouve sa maestria et survole le jeu décisif pour virer en tête.
On craint alors pour la suite du match de Naomi Osaka, mais la Japonaise revient comme une championne, continue ce qu'on peut alors appeler un travail de sape, breake une puis deux fois, et surclasse alors nettement la n°1 mondiale, qui commence à arroser dans le mauvais sens du terme. En moins d'une demi-heure, Osaka plie en quatre sa rivale et revient à une manche partout, après avoir déployé un tennis phénoménal, et Swiatek semble dans les cordes. Exploit en vue ?
L'avantage pour Osaka, c'est que le public, toujours friand de performances inattendues, semble prendre fait et cause pour elle, ce qui lui permet peut-être de sauver trois balles de break d'entrée de dernière manche, avant de prendre elle-même le service adverse. La Polonaise semble KO debout, et d'autant plus quand elle ne met pas au fond pas moins de 5 balles de débreak dans la foulée.
Swiatek relève la tête, mais sa rivale est euphorique, envoyant des coups gagnants de folie, maintenant une pression folle sur la Polonaise, bousculée comme rarement sur terre. Elle recule, semble au bord de la rupture, sauve par miracle une balle de double break, mais la messe semble dite. Car la Japonaise ne baisse absolument pas de pied, mais c'est la partie la plus difficile qui se présente alors devant elle : conclure.
Malgré toute son expérience, elle est alors moins souveraine, on lit un semblant de peur de conclure sur son visage, mais elle ne faiblit pas, obtient une balle d'exploit, avant de rendre finalement le break pour avoir commis bien trop de fautes directes. La Polonaise est revenue à hauteur, en championne, et la suite parait bien convenue. Naomi Osaka finit par lâcher de nouveau son service, sur une terrible double faute, et la n°1 mondiale n'a plus qu'à conclure sur son engagement, ce qu'elle va faire pour pousser un ommense ouf de soulagement.
Iga Swiatek s'impose finalement 7-6 (1), 1-6, 7-5 après 3 heures d'une intense bataille. Voilà bien longtemps que la n°1 mondiale n'avait pas été aussi malmenée sur terre par une joueuse n'appartenant pas au Top 5, mais on sait que Naomi Osaka, ancienne n°1 mondiale, est une combattante exceptionnelle, bien que tout sauf spécialiste de la surface. À un point de l'exploit, la Japonaise aura des regrets, mais ce match devrait lui permettre de revenir au premier plan, et à la Polonaise de se rappeler que rien, absolument rien, ne sera facile dans sa quête de triplé.
