Elena Rybakina & Aryna Sabalenka, les n°1 bis à l'assaut de Swiatek et de Roland-Garros
Ce n'est pas là qu'on les attendait. Tout simplement parce qu'elles sont cataloguées joueuses de dur. Elena Rybakina et Aryna Sabalenka se sont pourtant partagé les deux WTA 1000 sur terre battue avec une belle qualité de jeu. De facto, les voilà propulsées n°1 bis pour le deuxième Grand Chelem de la saison.
À elles deux, un Grand Chelem et trois WTA 1000 sur cinq depuis le début de saison. Si Iga Swiatek est la n°1 mondiale incontestable, elle n'est plus incontestée, et ses deux rivales principales sont sans conteste les deux meilleures joueuses de 2023. Deux "n°1 bis" qui avancent chargées positivement Porte d'Auteuil, et qui sont plus que crédibles pour la victoire finale.
D'ailleurs, c'était l'affiche du premier Grand Chelem de la saison, mais aussi du WTA 1000 d'Indian Wells. Une victoire chacune, et une vraie emprise sur le début de saison. Deux joueuses au jeu que l'on peut qualifier de similaire, mais également deux talents qui semblent enfin avoir trouvé la régularité nécessaire pour accumuler les trophées.
Et surtout, deux joueuses qui n'ont plus peur d'affronter la n°1 mondiale qui semblait quasi invincible voilà peu. Rybakina a remporté ses trois affrontements avec Swiatek cette année (le dernier sur abandon), quand Sabalenka en est à 1-1, mais a remporté le dernier, et en finale de surcroit, à Madrid.
Pourquoi ? Plusieurs raisons, mais la puissance de feu dégagée par le duo est impressionnante. Sabalenka était en galère avec son service durant une grande partie de la saison 2022, collectionnant les matchs à plus de dix doubles fautes, ce qui lui avait couté moultes victoires.
Cette saison, c'est une arme de guerre, tout comme pour Rybakina. Et contre Swiatek - entre autres - cela leur permet de prendre rapidement l'échange à leur compte. Combien de points finis en deux coups après une grosse première balle ? La garantie d'une belle économie d'énergie.
Mais surtout, elles ont montré une belle adaptation à la terre. Car voir ces deux joueuses lâcher des amorties gagnantes, où faire preuve d'un sens tactique aiguisé montre à quel point leur progression est logique. Trois ans en arrière, Sabalenka et Rybakina étaient classées dans la catégorie "grosses premières balles et puis c'est tout".
Une évolution lente mais nécessaire
Bien entendu, ce jugement était exagéré. Mais dans un circuit féminin où l'on aime bien mettre les joueuses dans les cases, c'était la seule qui semblait correspondre. Sauf que Sabalenka (25 ans) et Rybakina (23 ans) avaient surtout besoin d'un peu plus de temps pour éclore et vraiment mettre leur jeu en place.
En effet, la Biélorusse était bien n°2 mondiale en 2021, mais avec un jeu clairement "tout ou rien". 40 coups gagnants ou 35 fautes directes (parfois les deux), et Elena Rybakina était dans cette logique, à un degré moindre. Après un léger recul dans leur ascension, elles ont dû prendre le temps de travailler au meilleur moyen de tirer profit de leurs points forts.
Maintenant que c'est chose faite, c'est une voie royale. Parce qu'avoir une première balle si dévastatrice, et être capable d'en faire quelque chose derrière, ce n'est pas donné à tout le monde. Les ratio coups gagnants / fautes directes sont plus qu'honorables, ce qui prouve qu'elles ont pris la mesure de ce que devait être une "prise de risques" sur un court.
Et surtout, ce style de jeu - s'il est bien exécuté - va déranger n'importe quelle joueuse. Néanmoins, le tirage au sort a révélé quelques embûches pour les deux joueuses, qui ne seront pas dans la même partie de tableau.
Ainsi, c'est Elena Rybakina qui aura "l'honneur" de se trouver dans la partie de Swiatek. Un tirage défavorable jusqu'au bout, avec Ekaterina Alexandrova au troisième tour, Beatriz Haddad Maia - la seule à l'avoir battu deux fois cette saison - en 8e et éventuellement Ons Jabeur en quarts. Si la Tunisienne n'est pas en forme, elle reste une joueuse imprévisible et à l'aise sur terre. À moins que ce ne soit Petra Kvitova, qui l'avait terrassé à Miami.
Aryna Sabalenka, elle, pourrait se mesurer à Jessica Pegula ou Maria Sakkari dans le dernier carré. Au préalable, elle devrait ferailler avec Karolina Pliskova en 8e, mais en quarts, que ce soit Daria Kasatkina, Jelena Ostapenko, Martina Trevisan ou Caroline Garcia, ce sera corsé également. On tient là des top joueuses, performantes, déjà en réussite par le passé à Roland-Garros, et de facto, le quart de tableau de la Biélorusse semble le plus ardu.
Sur le papier, elles seront favorites de toutes leurs rencontres jusqu'au dernier carré. Mais le fait d'arriver en favorites n'est pas nécessairement une bonne nouvelle. Demandez à Ons Jabeur - outsider n°1 en 2022 et sortie piteusement au premier tour - ce qu'elle en pense.
On le sait, il faut parfois de la réussite, un alignement de planètes pour gagner un Grand Chelem. Et ce sera sans doute encore le cas ici. Aryna Sabalenka et Elena Rybakina ont toutes les cartes en main, la force, la confiance, la variété, l'ascendant, tout est en leur faveur. Un affrontement en finale est tout à fait crédible. Mais avant, il faudra déjouer les embûches, et surtout, trouver le supplément d'âme pour gagner sur terre et passer de "n°1 bis" à n°1. On a hâte.