Ons Jabeur pourrait malheureusement finir sa carrière sans titre en Grand Chelem
Ons Jabeur est une sacrée figure du circuit WTA. Elles sont rares, les joueuses adorées de toutes les rivales. La Tunisienne, affectueusement surnommée 'la Ministre du bonheur" est pourtant de cette trempe. Toutes ses adversaires lui tombent dans les bras, gagné ou perdu, à la fin du match.
Et quand un tel niveau d'affect croise un jeu parmi les meilleurs du monde, c'est un régal pour tout le monde, en particulier pour le public, friand des matchs de la Tunisienne. Un jeu spectaculaire, à base d'amorties, de changements de rythme, de contrepieds et de choix stupéfiants en plain match qui peuvent totalement faire dérailler la joueuse de l'autre côté du filet.
Un jeu atypique qui a commencé à porter ses fruits depuis trois ans. Depuis son premier titre WTA à Birmingham, qui lui a permis de briser une barrière psychologique et d'entamer une ascension vers les sommets. Vers la 2e place mondiale, une performance historique alors qu'elle arpentait les courts de tennis professionnels depuis plus de dix ans. La reconnaissance sur le tard.
Et l'histoire en prime, puisqu'elle est devenue la première joueuse africaine finaliste de Grand Chelem. Une sacrée page tournée pour tout un continent, une source d'inspiration pour des millions de personnes. La Ministre du Bonheur a bien mérité son surnom, tant son parcours est splendide.
Oui, mais voilà, cela fait trois finales de Grand Chelem en deux ans. Et trois perdues, purement et simplement. Dans des circonstances différentes certes, mais tout de même. Si sa défaite contre Iga Swiatek à New York ne souffrait d'aucune contestation, bien qu'elle y ait défendu ses chances jusqu'au dernier point, on ne peut s'empêcher de revenir avec émotion sur la première, celle de Wimbledon 2022.
Une finale dans laquelle elle était favorite, encore plus après avoir raflé la première manche, mais rattrappée par la pression, elle a fini par craquer et lancer en prime la carrière d'Elena Rybakina. La Kazakhstanaise est désormais au sommet du tennis mondial, avec Swiatek, Aryna Sabalenka et Coco Gauff, et ce quatuor semble indiscutablement au-dessus de la concurrence.
Un problème suivi d'un deuxième, puisque la Tunisienne a laissé apparaître une forte fragilité physique. Et sous la possible chaleur parisienne, avec en prime l'exigence de la terre battue, ceci a une énorme importance. L'an dernier, elle a gâché des forces au troisième tour contre la modeste Olga Danilovic, et ces forces lui ont manqué lors d'une grande bataille contre Beatriz Haddad Maia en quarts.
Cet échec a été suivi d'une fameuse noyade en finale de Wimbledon. Et on le sait, cette seconde défaite d'affilée en finale à Londres a été dévastatrice pour Ons Jabeur, pendant et après la rencontre. Pour des raisons évidentes sportivement parlant, car elle a perdu le fil de son match, mais aussi pour des questions familiales, un point capital dans la carrière de la Tunisienne.
Ons Jabeur aura 30 ans cet été, et l'on ignore combien de temps, elle pourra rester au très haut niveau. Bien sûr, sa meilleure chance de titre sera encore une fois sur le gazon londonien cet été. Mais ce Roland-Garros, où les attentes sont relativement maigres pour une joueuse de son calibre, offre peut-être une belle occasion de relancer une saison qui s'annonce décisive pour la suite de sa carrière. Le physique, le mental, les questionnements sont nombreux, mais une chose est sûre, la Ministre du bonheur fera tout pour vendre du rêve.