"Quand tu vois des mecs aussi jeunes, ça te fait un truc", raconte Gasquet
Q : Comment aborde-t-on son potentiel dernier match dans un tournoi comme Bercy ?
R : "C'est un peu bizarre. Ce n'est pas le dernier tournoi, heureusement, mais ça fait quelque chose de jouer son dernier Bercy. La surface était très rapide, parfois j'étais un peu dépassé, il faut le reconnaître. Je n'ai pas toujours très bien joué, j'étais un peu crispé, lui avait deux matches derrière (en qualifications), il m'a pris assez vite, il a été plus fort sur le match. Le sentiment est particulier : j'ai joué toute ma vie quasiment au tennis ; la moitié de ma vie, je l'ai passée sur des courts à jouer des matches professionnels ; avoir à faire un discours comme ça, ça fait un peu bizarre. C'est la vie, je l'ai repoussé le plus possible, il faut bien que ça arrive un jour. Il y a toujours une première quand tu joues Roland-Garros, Bercy. Finalement, il y a aussi une première, à 38 ans, à prendre le micro et parler au public pour dire que c'est la dernière fois que je viens ici. Se retrouver à faire un discours, c'est quelque chose de nouveau et de pas si facile."
Q : À quoi vont ressembler les derniers mois de votre carrière jusqu'à Roland-Garros ?
R : "Je me suis préparé à fond pour Bercy, j'irai jusqu'au bout à Roland-Garros, je donnerai tout. Je vais me préparer à 1 000 %. Après, si je suis à ce classement (133ᵉ mondial), c'est qu'il y a une raison, ça ne ment pas. C'est pour ça que j'arrête d'ailleurs. Les fins de carrière, ce n'est jamais évident. J'ai la chance d'être quand même en forme, de pouvoir jouer et prétendre à gagner des matches. J'essaie en tout cas de ne pas être blessé. J'espère que ce sera le cas jusqu'à Roland-Garros. J'espère pouvoir bien jouer et en profiter le plus possible. Je vais faire les qualifs de Melbourne (Open d'Australie). Montpellier, un tournoi que j'ai gagné. J'aimerais bien jouer à Marseille une dernière fois, j'y suis allé tout jeune, c'est un tournoi qui me tient à cœur aussi, les qualifs à Monaco aussi, et surtout Roland-Garros. J'aurai 39 ans l'année prochaine à Paris, je peux difficilement faire plus."
Q : Vous avez succédé à la nouvelle génération française sur le court...
R : "Ça fait bizarre de me retrouver sur le court après Arthur (Fils) et Giovanni (Mpetshi Perricard), deux mecs de 21 ans (Fils a 20 ans, ndlr), et j'en ai 38... Pfff… Je manque de repères de temps en temps… Je n'avais plus l'habitude de Gilles (Simon), Jo (Tsonga)... Quand j'ai commencé, pour mon premier Roland-Garros en 2002, je me souviens m'être échauffé avec Cédric (Pioline). Aujourd'hui, c'est moi qui joue avec des mecs de 18, 20 ans. J'ai le double de leur âge... Le Chinois (Juncheng) Shang, il est dans les 100 déjà, il m'a dit : 'T'as 38 ans, j'en ai 19'. Quand le mec te dit ça, je me dis 'merde, ça fait bizarre'. Il ne me met pas une droite, mais je mets cinq minutes à réaliser qu'il a raison. Je crois que c'est normal, mais quand tu vois des mecs aussi jeunes dans les vestiaires, ça te fait quand même un petit truc. Tu te dis que la boucle est peut-être bouclée."