À 34 ans et de nouveau de retour, que vient faire Kei Nishikori dans cette galère ?
Les conditions de jeu actuelles à Miami sont assez exécrables. Sous une chaleur étouffante, les joueurs et joueuses s'affairent à proposer un niveau de jeu toujours de qualité pour ce tournoi Masters 1000. Mais il y a quelques victimes, la plus fameuse étant Arthur Cazaux, qui s'est évanoui en plein milieu de son match de qualifications contre Harold Mayot lundi.
C'est dans ces conditions que Kei Nishikori va de nouveau effectuer son retour à la compétition. Enfin, son nouveau retour, car le premier a déjà eu lieu l'été dernier, et pour être franc, on ne s'y attendait pas. Le Japonais était absent depuis octobre 2021, touché encore et encore à son genou, quand il a annoncé revenir, et d'entrée, il a marqué les esprits en remportant le premier tournoi auquel il a participé, le Challenger de Palmas del Mar, au Mexique, en juin dernier.
Deux autres Challenger plus tard, il semblait mûr pour revenir sur le circuit ATP, utilisant son classement protégé pour intégrer le tableau principal à Atlanta fin juillet 2023. Une performance honnête, puisqu'il a passé deux tours, dominant Jordan Thompson puis Juncheng Shang avant de logiquement baisser pavillon contre le futur vainqueur et Top 10 mondial, Taylor Fritz. De quoi soulever l'espoir de le revoir à un niveau intéressant.
Problème : il s'agit de sa dernière apparition en date sur un court de tennis professionnel. Forfait pour la tournée américaine, et donc pour l'US Open, il devait concourir chez lui, à Tokyo, mais a également dû renoncer, toujours en délicatesse avec son genou, et depuis, silence radio. Jusqu'à une vidéo instagram mi-février, qui le montrait de retour à l'entraînement.
Peu après, il était annoncé qu'il allait bénéficier d'une wildcard pour le Masters 1000 de Miami. Puis, l'ancien lauréat de l'Open d'Australie Thomas Johansson rejoignait son équipe, avant qu'il soit déclaré qu'il allait concourir à Houston et à Barcelone. Avant son début de tournoi, on l'a enfin revu en action lors d'un entraînement plus poussé face à Casper Ruud.
Sur le papier, son affrontement avec Sebastian Öfner est considéré comme "abordable", l'Autrichien étant sur la pente descendante avec 8 défaites sur ses dix derniers matchs. S'il venait à gagner, il aurait même sa chance face à Francisco Cerundolo, bien plus spécialiste de la terre que du dur, et atteindre le troisième tour - probablement contre Karen Khachanov qui évolue une gamme au dessus - serait déjà un sacré accomplissement, considérant d'où il revient.
Mais dans quel but ? Il faut remonter à 2019 pour trouver trace de son dernier titre ATP, ainsi que de ses derniers quarts de finale en Grand Chelem et en Masters 1000. Revenir à ce niveau-là serait déjà un miracle, alors retrouver le level qui a fait de lui un finaliste de Grand Chelem et un n°4 mondial, il ne faut sans doute pas y compter. D'autant qu'à 34 ans, ses meilleures années, physiquement parlant, sont derrière lui.
Et son jeu étant très énergivore, il aura du mal à retrouver de l'allant. Excellent relanceur, l'une de ses armes principales est la couverture de terrain, qui lui permet de briller sur toutes les surfaces, lui qui a atteint à minima les quarts de finale sur les quatre tournois du Grand Chelem et sur 7 des 9 Masters 1000. Longtemps considéré comme un des joueurs les plus constants du circuit, peut-il espérer retrouver ce statut ?
La réponse qui nous vient directement à l'esprit est "non". Le tennis a évolué et la nouvelle génération évolue dans un style qui ne correspondrait de toute façon pas au Japonais. On a du mal à voir ce que vise Kei Nishikori, à moins qu'il veuille revenir pour aligner quelques tournois de bon niveau et choisir sa sortie, ce qui serait louable. Les Jeux Olympiques, ou alors l'US Open, théâtre de sa seule finale en Grand Chelem en 2014, seraient des endroits parfaits. Histoire de ne pas gâcher le souvenir d'un joueur marquant des années 2010.