Avant cette année, Adriano Panatta était l'Italien le mieux classé, atteignant la 4ᵉ place en 1976 après avoir remporté Roland-Garros. Cette situation a changé depuis qu'un Tyrolien du Sud aux cheveux bouclés, Jannik Sinner, est devenu n°3 mondial après avoir remporté le titre à Rotterdam dimanche.
L'un des trois joueurs les plus forts de la planète. Étant donné que seuls Novak Djokovic et Carlos Alcaraz le devancent, le fait de le dire haut et fort rend la chose encore plus impressionnante.
Mais cela ne l'emballe pas pour autant, lui le garçon au sourire angélique, mais aussi froid et déterminé que son pays veut qu'il soit, sur un court de tennis comme en dehors.
Jannik, qui a mathématiquement atteint la 3ᵉ place après sa victoire en demi-finale contre Tallon Griekspoor, s'est contenté de commenter : "Bien sûr que je suis heureux, mais ce n'est qu'un chiffre, je veux plutôt être un exemple, pour faire grandir le tennis italien".
La cinquième symphonie
Les attentes sont élevées pour Sinner qui, après avoir atteint la meilleure position de sa carrière, ne veut certainement pas s'arrêter là.
Ces derniers temps, Wawrinka, Del Potro, Cilic, Raonic, Thiem et Tsitsipas n'ont pas dépassé cette position. Tous sont de bons joueurs, mais pas aussi complets que le Tyrolien du Sud : certains sur le plan technique, d'autres sur le plan mental et d'autres encore sur le plan physique.
Il a déjà battu Djokovic et Alcaraz au cours des deux dernières années. Deux fois contre Alcaraz et trois fois sur les quatre dernières fois contre le Serbe. Même Daniil Medvedev, battu quatre fois de suite, n'est pas une menace.
Un crescendo digne de la Cinquième Symphonie de Beethoven : les 4 090 points accumulés avant le tournoi de Rotterdam parlent d'eux-mêmes : près de mille de plus que Djokovic, un peu moins de mille sept cents de plus que Medvedev et trois mille de plus qu'Alcaraz.
On est loin des difficultés rencontrées en octobre 2022, alors qu'il était 15ᵉ mondial. La marche inarrêtable a commencé par la demi-finale de Wimbledon perdue contre Djokovic : les premiers Masters 1000 à Toronto, puis les 500 à Pékin et à Vienne – en Chine, il est passé 4ᵉ, égalant le record historique de Panatta.
Lors des ATP Finals, il a dû céder face à Djokovic, mais il s'est rattrapé en Coupe Davis en le battant en simple et en double et en offrant le trophée à l'Italie en finale.
La suite est alléchante : victoire à l'Open d'Australie et 3ᵉ place mondiale. Alors pourquoi ne pourrait-il pas aspirer à la première place ? Avec une telle forme, rien ne peut être hors de portée.
Le tournant
Dans un premier temps, Jannik peut tenter de gagner quelques points dès le mois de mars lors du Masters 1000 d'Indian Wells, mais l'exploit le plus difficile pour lui, celui qui lui garantirait un succès durable et une place permanente au sommet du classement, serait d'aller jusqu'en finale de Roland Garros.
Aujourd'hui, il semble que ce soit un peu trop lui demander, car si sur dur, Sinner se débrouille très bien, sur terre battue, il n'a pas encore atteint ce niveau.
En fait, il devrait s'améliorer considérablement si l'on considère que l'année dernière, à Monte-Carlo, il a été éliminé en demi-finale par Rune, qu'il a déclaré forfait à Barcelone contre Musetti, qu'il a été éliminé en huitième de finale à Rome par Cerundolo et qu'il a échoué à Porte d'Auteuil en étant éliminé au deuxième tour par Altmaier.
Mais il y a aussi un autre élément à prendre en compte. Cette fois-ci, Sinner se trouve à un niveau différent. Un sniper robotisé, une sorte de Robocop qui ne vous laisse aucune chance, qui vous martèle depuis le fond du court et frustre tous ses adversaires.
La question à un million de dollars est donc : comment ce Sinner se comportera-t-il sur la terre battue ? Nous le saurons bien assez tôt, dans quelques mois, et nous avons hâte de le découvrir, en espérant ne pas être déçus. Mais en cette année magique de 2024, il semble difficile de ne pas se laisser emporter par le brillant Italien.
