À quand le jour de gloire pour l'ultra régulier Andrey Rublev ?
Hormis une brève sortie en 2022, Andrey Rublev est un membre permanent du Top 10 depuis février 2020. Et ce n'est pas par hasard. Le Russe est un joueur constant, rarement pris en défaut par moins fort que lui. Et il est unanimement reconnu comme l'un des plus réguliers du circuit.
Mais la régularité a un prix. Et pour le Russe, c'est tout simplement l'absence de performance de haut vol en Grand Chelem. Ce soir, il disputera son neuvième quart de finale à ce niveau face à son compatriote Daniil Medvedev. Et les huit occurences précédentes se sont toujours terminées de la même façon : par une défaite.
Pourtant, le Russe est souvent soit proche d'enfin briser ce plafond de verre, soit confronté à un adversaire en état de grâce. Jamais surclassé dans ces affiches, il donne toujours son meilleur, récoltant toujours des montagnes de compliments de ses adversaires.
"Il mettait beaucoup de pression, jouait très vite, se tenait près de la ligne et essayait de me repousser. C'était comme un combat de chiens, pour être honnête. Je pense qu'aujourd'hui, il a joué un tennis formidable. J'ai ressenti un énorme soulagement lorsque j'ai gagné le troisième set". Ces mots étaient de nul autre que Novak Djokovic, après avoir sorti le Russe en quatre manches lors du dernier Wimbledon.
Et ce dernier quart de finale en Grand Chelem en date est finalement représentatif de Rublev à ce stade de la compétition. On s'attend à le voir à ce stade, mais on sait qu'il ne gagnera pas. Lors de ce match contre "Nole", c'était seulement la deuxième fois qu'il prenait un set à ce niveau. Plafond de verre.
Une fois, une seule fois, le Russe a eu une vraie opportunité. L'an dernier, à Roland-Garros, il était pour une fois favori face à Marin Cilic. Mais il ne l'a pas saisi, de justesse, s'inclinant au super tiebreak contre un Croate qui était en fusion durant ce tournoi. Le seul regret qu'il peut avoir. Car pour le reste, deux fois Djokovic, deux fois Medvedev, Nadal, Tsitsipas et un Frances Tiafoe eurphorique ici même l'an dernier, Rublev ne perd pas contre n'importe qui.
Mais ne gagne pas non plus contre n'importe qui. Son bilan face aux cadors du circuit est éloquent, mais dans le mauvais sens : 1-4 contre Djokovic, 2-6 face à Medvedev, 6-8 contre Tsitsipas et 2-1 face à Rune (il n'a jamais affronté Carlos Alcaraz en compétition officielle) = 11-19 contre l'actuel Top 5 du classement ATP.
Rédhibitoire pour aller plus haut, surtout qu'il est à 2-5 contre ces adversaires en Grand Chelem. La pression frappe souvent Rublev, qui sait qu'il doit réaliser un exploit pour aller plus haut. Mais c'est surtout un déclic qui doit se produire pour le faire entrer dans une nouvelle dimension.
Aujourd'hui contre Medvedev ? Sur le papier, possible. Les deux joueurs évoluent ici sur leur surface préférée, sur laquelle Rublev a raflé 10 de ses 14 titres en carrière. Mais ce sera leur troisième affrontement en quart de finale de Grand Chelem, le troisième sur dur, et il n'a jamais pris le moindre set à son compatriote dans cette configuration.
Un défi à la hauteur d'un joueur engagé, déclarant plusieurs fois son hostilité à la guerre, mais qui a surtout rarement été ridicule et / ou ultra dominé sur un terrain de tennis. Le talent est indéniable, le mental n'est pas en reste, et ce match pourrait se jouer sur des détails. S'ils tournent en faveur de Rublev, on pourrait enfin voir l'avènement de l'éternel outsider.