De l'espoir mais pas de confirmation : le tennis canadien n'est pas au niveau attendu
En septembre 2021, Leylah Fernandez était battue par la tornade Emma Raducanu en finale de l'US Open. Mais ce résultat ne faisait que confirmer une tendance, le tennis canadien était au Zénith. Avec la demi-finale de Félix Auger-Aliassime dans ce même tournoi, celle de Denis Shapovalov deux mois plus tôt à Wimbledon, la victoire de Bianca Andreescu à l'US Open 2019, le Canada pouvait voir grand.
Bientôt deux ans après, rien de neuf à l'horizon. Pas déshonorant, mais pas réjouissant. Il n'y a plus de Canadien dans le Top 10, ATP ou WTA, ni à Wimbledon. De déceptions en blessures, de contre-performances en pauses forcées, le carré d'as canadien ressemble de plus en plus à une paire de sept.
Sur le papier, le bilan brut ferait pourtant pâlir un DTN du tennis français. 29 finales ATP / WTA pour 10 titres en carrière en cumulé dont 1 Grand Chelem, dont chacun a atteint au moins une fois le dernier carré. Tous sauf Fernandez ont fait partie du Top 10 mondial.
Mais là où le bât blesse, c'est quand on se penche sur les résultats de la saison 2023. Pas un seul titre, pas une seule finale sur les circuits principaux. Pas un seul quart de finale en Grand Chelem. Seulement deux 8e de finale dans ces tournois. Une demi-finale pour Auger-Aliassime à Doha, une autre pour Andreescu à Hua Hin. Et c'est tout. Famélique. Le bilan cumulé des 4 pas fantastiques est de 60 victoires pour 53 défaites.
Félix Auger-Aliassime est sans doute celui pour qui tout cela est incompréhensible. Fin 2022, il avait enfin réussi à réellement percer sur le circuit, et pas n'importe comment. Trois titres d'affilée pour lancer une série d'invincibilité de plus d'un mois qui ne prendra fin qu'en demi-finale du Masters 1000 de Bercy. Une forme somptueuse, une 6e place mondiale, une qualification aux ATP Finals, tout va bien, le crack annoncé depuis tant d'années est enfin là, sous nos yeux.
Mais visiblement, il ne peut que gagner en salle, là où il a raflé ses 4 titres en carrière. Problème, la saison en salle n'est clairement pas le coeur du calendrier. Et alors qu'avec son gros service et son jeu d'attaque, on s'attendrait à le voir briller sur surfaces rapides, voilà deux ans d'affilée qu'il saute au premier tour à Wimbledon.
Seulement, l'avantage d'aligner un prétendu carré d'as, c'est que l'un d'entre eux trouve la faille dans le jeu de l'adversaire. Si Fernandez et Andreescu sont tombées, après de farouches batailles, contre des Top Players actuelles, Denis Shapovalov vient de laisser passer une sacrée opportunité d'enjoliver sa saison en s'inclinant contre le modeste Roman Safiullin en 8e de finale sur le gazon.
Et cette défaite met en exergue le principal problème des 4 : le physique. Un élément indispensable, pour ne pas dire prioritaire, du joueur de haut niveau. Touché à la jambe, Shapovalov semble avoir aggravé sa blessure ici. Fernandez, elle, était partie pour un grand numéro à Roland-Garros 2022 avant de s'abîmer le pied. Auger-Aliassime a vu sa tournée sur terre totalement pourrie par une douleur à l'épaule. Et on ne parlera pas d'Andreescu, tellement malchanceuse à ce niveau-là, elle qui s'est encore tordue la cheville à Miami alors qu'elle semblait enfin retrouver un semblant de niveau.
Le souci, c'est que Shapovalov, le plus âgé de la meute, vient d'avoir 24 ans. À l'heure où ces joueurs et joueuses devraient arriver dans leur prime, autant tennistique que physique, le quatuor se débat avec son corps, et ce n'est pas rassurant. Car on en a vu des carrières brisées parce que jamais la condition physique n'a été à la hauteur du talent.
Et fatalement, le mental a été le domino suivant à tomber. La défaite de "FAA" au 1er tour à Wimbledon est un exemple parfait de se trouer sur les points importants, alors qu'on est théoriquement supérieur. Mais celle qui a payé la plus grosse note, c'est sans surprise la seule lauréate de Grand Chelem du lot. Bianca Andreescu a disparu des radars entre octobre 2021 et avril 2022, après deux années à courir désespérément après son niveau de 2019.
Apaisée, elle semble désormais ravie de rejouer, mais cela lui a coûté cher en terme de condition et d'entraînement. Une facture qu'elle paye encore aujourd'hui. La pression après un gros résultat, dans un pays qui, bien qu'il accueille un Masters / WTA 1000, n'a pas la plus grande culture tennis (le sacre d'Andreescu en 2019 était le premier de l'histoire du Canada en Grand Chelem).
La surface dure est sans doute celle sur laquelle le carré d'as sera le plus à même de s'exprimer. Cela tombe bien, la tournée américaine est là pour ça. Mais elle sera plus cruciale que jamais pour quatre jeunes plus dans le vent, qui pourraient bien se faire remplacer par une montagne de jeunes joueurs et joueuses bien plus branchés. 4 ans après son apparition sur la carte du tennis, il serait dommage que le Canada la quitte déjà.