Le train semble passé pour Karolina Pliskova, qui ne remportera sans doute pas de Grand Chelem
Depuis la création du circuit WTA – qui fête ses 50 ans –, seules deux n°1 mondiales n'ont jamais réussi à soulever un trophée du Grand Chelem : Jelena Jankovic et Dinara Safina. Et d'ici quelque temps, ce club peu envieux pourrait bien compter une troisième membre, en la personne de Karolina Pliskova.
La Tchèque a occupé le premier rang durant 8 semaines en 2017. Pas le plus long règne de l'histoire, c'est une évidence. Mais, après avoir tourné autour durant de longues années, il semble qu'elle ne soit plus en mesure de lutter pour le Graal, dépassée par la nouvelle génération et ayant du mal à retrouver son jeu tranchant.
Car durant sa grande période, il était dur de rivaliser avec la joueuse tchèque, qui disposait peut-être du meilleur service des années 2010. Elle a été élue "Ace Queen" en 2015, 2016, 2017, 2019 et 2021, avec une pointe à 530 aces en 2016. Hallucinant. Une arme de destruction massive.
Mais, ce n'est pas le tout d'avoir un service, encore faut-il en faire quelque chose quand la balle revient. Et, dans ses meilleures années, elle avait cette capacité à conclure le point en deux frappes, trois maximum. Certes, la prise de risque amenait des fautes, mais tant que le nombre de coups gagnants restait supérieur, tout allait bien.
Ce fut notamment le cas lors de ses deux plus grands titres WTA 1000, et surtout lors de celui de Cincinnati en 2016, quand elle avait étrillé Angelique Kerber, ne laissant que quatre jeux à l'Allemande. Pourtant, lors de la revanche trois semaine plus tard en finale de l'US Open, Kerber va apprendre de ses erreurs, faire jouer au maximum sa rivale et lui faire commettre pas moins de 47 fautes directes. La première chance de Grand Chelem venait de s'évanouir.
La deuxième, c'était à Wimbledon, en 2021. Un tournoi splendide, sans doute le plus beau de sa carrière, notamment en demi-finales où elle a écarté Aryna Sabalenka après un grand match. Mais pour son malheur, elle a fait face à la meilleure relanceuse du circuit, Ashleigh Barty, en finale, et malgré un immense combat, a dû baisser pavillon. Qu'importe, elle était dans son "prime", et le jackpot allait finir par tomber, pensait-on.
Mais il semblerait que quelque chose se soit cassé en même temps que sa main début 2022. Car depuis, on n'a plus l'impression de revoir celle qui inspirait la peur sur le visage de ses rivales. Celle qui était quasi tout le temps favorite de ces rencontres. Une Top 5 mondiale.
Parce que depuis deux ans et la retraite d'Ashleigh Barty et de Serena Williams, la densité est de plus en plus importante sur le circuit WTA. Iga Swiatek semblait hors d'atteinte, mais a failli perdre sa première place mondiale à Roland-Garros – ce pourrait encore arriver à Wimbledon. Et, des prétendantes au Top 10 avec un véritable niveau pour ce faire, il y en a plus d'une vingtaine.
Bien sûr, Karolina Pliskova fait partie de ces prétendantes. Mais, certains signes ne trompent pas pour dire que vous êtes sur la pente savonneuse. La Tchèque a dû subir l'affront de passer par les qualifications pour intégrer le tableau principal à Adelaïde et à Doha en début d'année. Exercice réussi certes, mais qu'importe.
Et surtout, une autre série a pris fin, celle de six ans sans défaite au premier tour d'un tournoi du Grand Chelem. Lors du dernier Roland-Garros, elle a chuté d'entrée de jeu contre Sloane Stephens. Ce n'était pas sa meilleure surface, entendait-on alors. Ce n'est pas nécessairement faux, mais c'est tout de même une surface où elle a atteint trois années d'affilée la finale du WTA 1000 de Rome, raflant au passage son deuxième et dernier titre dans cette catégorie en 2019.
Alors oui, son bilan de 19-12 en 2023 est tout à fait honorable. Mais, hormis un quart de finale perdu contre Magda Linette à l'Open d'Australie, il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. On comptait la revoir briller sur le gazon, mais en trois matchs, elle n'a battu qu'Elise Mertens sur abandon, s'inclinant contre Petra Kvitova et Daria Kasatkina. Pas n'importe qui donc, mais le genre de rivales qu'elle trouverait sur la route d'un Grand Chelem.
Car c'est bien de cela qu'il est question. L'horloge tourne pour Pliskova qui risque donc de rejoindre le fameux club susmentionné. Non pas qu'il s'agisse de déshonneur, puisqu'elle a une belle carrière quoi qu'il arrive, mais par rapport à Jankovic ou Safina, son talent était, et reste encore aujourd'hui, infiniment supérieur. Au point de devenir la plus grande joueuse de l'histoire à ne jamais avoir gagné un Grand Chelem ? C'est tout ce que l'on ne lui souhaite pas.