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Le tennis féminin français connaît une lente descente aux enfers

Sébastien Gente
Diane Parry et Clara Burel nouvelles leaders d'un tennis féminin français en perdition.
Diane Parry et Clara Burel nouvelles leaders d'un tennis féminin français en perdition. ČTK / AP / Mike Lawrence
Diane Parry va devenir n°1 française à la place de Caroline Garcia, mais les deux sont sur le point de quitter le Top 50 du classement WTA. Un signe de plus que le tennis féminin français va de plus en plus mal.

Lundi, Diane Parry sera la nouvelle n°1 française au classement WTA. Elle égalera son meilleur classement en carrière, une 49e place, et passera juste devant Caroline Garcia, qui occupe ce rang depuis plusieurs années, et qui sera donc 50e. Mais là où le bât blesse, c'est qu'elle a obtenu ce titre honorifique grâce à un 8e de finale au WTA 250 de Guangzhou, passant donc un tour avant de prendre 6-0, 6-1 par Olga Danilovic, 86e joueuse mondiale. 

Une performance finalement symbolique de la saison 2024 des joueuses françaises sur le circuit WTA. Elles sont certes encore 5 dans le Top 100, mais aucune performance notable, aucune victoire sur une Top 10, aucun titre, aucune finale. La saison est à oublier, le problème, c'est que cela devient une tendance. 

Sur les 5 dernières saisons, le bilan du tennis féminin français ne repose que sur une seule joueuse - Caroline Garcia - et sur une seule de ses saisons - son fameux exercice 2022. Quatre titres dont le WTA 1000 de Cincinnati et les WTA Finals, un sacré arbre pour cacher la fôret du déclin. 

Hormis cela, on trouve le titre surprise de Fiona Ferro au WTA 250 de Palerme en 2020, et c'est tout. Pourquoi prendre 2020 comme base ? Parce que la France sortait, fin 2019, d'une inoubliable victoire en Fed Cup - dernière édition avant la transformation en BJK Cup, sur les terres australiennes d'Ashleigh Barty, une compétition qui est toujours un vecteur de la bonne santé tennistique d'un pays. 

Cinq ans plus tard, il ne reste plus grand chose à sauver. Sur cette période, 19 Grands Chelems (Wimbledon 2020 n'ayant pas eu lieu), et dix fois, une joueuse française est allée en 8e de finale d'un Grand Chelem. Caroline Garcia et Alizé Cornet (3 fois chacune) portant la majorité du bilan, avec derrière Fiona Ferro, Harmony Tan, et plus récemment Océane Dodin et Varvara Gracheva

Mais au final, Alizé Cornet est allée une seule fois en quarts de finale, et lors de l'US Open 2022, Caroline Garcia a réussi à se frayer un chemin vers le dernier carré pour la première fois de sa carrière. C'était tout simplement la première demi-finale de Grand Chelem pour une Française depuis... la victoire de Marion Bartoli à Wimbledon en 2013, qui faisait elle-même suite à une première période de vaches maigres depuis... la finale de Marion Bartoli à Wimbledon en 2007 ! 

Il est loin le début du siècle. De 2000 à 2007, il y avait au minimum une Française en quarts de finale de Grand Chelem 23 fois sur 32 occurrences. Et seulement deux fois, l'Hexagone n'était pas représenté en deuxième semaine. En comparaison, en 2021 par exemple, il n'y avait qu'à l'Open d'Australie qu'une Française (deux, en l'occurrence) avait atteint le troisième tour. Et on ne parlera même pas de la performance d'ensemble en simple aux derniers Jeux Olympiques (4 engagées, deux matchs gagnés au total). La chute est terrible. 

Trop de fois, Caroline Garcia a caché la misère. Au final, elle a remporté trois WTA 1000 en carrière, pour 11 titres au total, mais surtout, elle s'est établie deux fois dans le Top 10 sur une longue période. Ce qui faisait d'elle en théorie une locomotive, un rôle que deux fois, elle a échoué à tenir. Extraordinaire en terme de niveau tennistique pendant quelques mois, elle est retournée deux fois à l'anonymat. Pourtant, aucun doute, c'est la meilleure joueuse française des dix dernières années. 

Mais son retour au premier plan en 2022 était franchement inattendu. Il lui a permis de remplir certains objctifs, de laisser une marque plus importante, mais aussi d'éveiller quelques regrets. Où en serait-elle si elle avait maintenu un niveau constant entre sa véritable révélation en 2017 et son retour en 2022 ? C'est ce qui sépare les bonnes joueuses des véritables stars. Désormais, elle va quitter le Top 50 une nouvelle fois, et au vu des derniers mois, pas certain qu'elle y revienne. Alizé Cornet, elle, a quitté le circuit cette saison. 

Carrière réussie pour Caroline Garcia ?
Carrière réussie pour Caroline Garcia ?AFP / Flashscore

Pourtant, la relève existe, en tout cas sur le papier. Clara Burel (2018) et Diane Parry (2019) sont toutes les deux d'anciennes n°1 mondiales juniors. Elsa Jacquemot, elle, est devenue en 2020 la première junior française lauréate de Grand Chelem dans cette catégorie depuis 2009. Seule la première s'est distinguée sur le circuit WTA, atteignant deux fois la finale à Lausanne (2021 et 2023) sans l'emporter. Et aucune d'entre elles n'a atteint la deuxième semaine d'un Grand Chelem.

Ce n'est pas une question d'âge. Clara Burel, par exemple, a été n°1 mondiale devant des joueuses comme Iga Świątek ou Coco Gauff. Soit les n°2 et 3 mondiales actuelles, qui ont percé quand la Française était incapable de le faire. Et mentalement, ces deux exemples précités sont à des années lumière devant n'importe quelle joueuse française. La seule explication possible ? 

Quantité de jeunes joueuses prometteuses débarquent sur le circuit WTA tous les ans. Parry et Burel, censées être les nouvelles locomotives, n'ont pas 24 ans. Elles sont quatre joueuses de moins de 24 ans dans le Top 10, sept dans le Top 20. Mais ne pas être dans ces hauteurs en terme de classement serait pardonnable s'il y avait quelques titres au bout. Au final, aucune joueuse française née au XXIe siècle n'a gagné un titre WTA, alors que sur le circuit WTA, ce type de joueuse compte déjà pour 8 titres rien qu'en Grand Chelem. Et même pas un parcours en conte de fées à la Emma Raducanu où à la Bianca Andreescu à l'US Open pour se consoler.

Le tennis féminin va mal en chiffres, mais aussi en terme de jeu.  Le tennis a évolué, et c'est valable pour le circuit WTA. Difficile d'être dans les meilleures joueuses sans un service quelque peu puissant, un coup fort dans sa panoplie, et / ou une propreté en terme de ratio coups gagnants / fautes directes. Et encore, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. 

Problème, personne n'a ce style de jeu en France, excepté peut-être Océane Dodin, et à 28 ans, elle n'a pu faire mieux qu'une 46e place mondiale, alors que son (unique) titre WTA obtenu à même pas 20 ans au Québec en 2016 avait là aussi fait naître tonne d'espoirs. Déçus, encore une fois. Le tennis féminin va mal, aucune nouvelle star à l'horizon, des leaders qui semblent déjà avoir atteint leur plafond, les prochaines années s'annoncent sombres. En espérant avoir au moins un petit titre WTA à se mettre sous la dent... 

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