Tite, le raccommodeur prudent de la sélection brésilienne
Nommé en juin 2016 à la tête de la Seleçao, il succède à Dunga, rappelé en catastrophe après la débâcle de 2014, et réussit à qualifier le Brésil pour le Mondial 2018 malgré des éliminatoires bien mal engagés, avant de remporter en 2019 la Copa América, battant au passage le rival argentin en demi-finale.
Ce fervent catholique a construit sa réputation lors de ses trois passages à la tête du Corinthians, avec lesquels il a accumulé les titres nationaux et internationaux : Coupe du monde des clubs en battant le Chelsea champion d'Europe (2012), Copa Libertadores (2012), Supercoupe d'Amérique du Sud (2013), Champion du Brésil (2011 et 2015)...
Milieu de terrain à la carrière modeste, Tite (prononcé "Tchitch" dans son pays natal) n'a évolué qu'au Brésil, avant d'arrêter de jouer prématurément à l'âge de 28 ans, en raison de blessures à un genou qui l'handicapent encore aujourd'hui.
Le sauveur de la Seleçao
C'est à un autre "gaucho", Luiz Felipe Scolari, originaire comme lui de l'État du Rio Grande do Sul (Sud du Brésil), qu'il doit son surnom de Tite. Le futur sélectionneur brésilien aux Mondiaux 2002 et 2014, qui le repère adolescent, confond son nom avec celui d'un autre joueur au moment de vanter ses mérites au club de Caxias : il restera Tite pour le public, "Ade" pour ses proches.
Passé comme entraîneur dans d'autres grands clubs comme le Grêmio (Coupe du Brésil en 2001), l'Atletico Mineiro ou Palmeiras, auréolé de ses titres avec le Corinthians, Tite est pressenti pour le poste de sélectionneur après le désastre de 2014, mais voit Dunga, de retour après un premier mandat au jeu cadenassé (2006-2010), lui passer devant.
"Je ne sais pas sur quel critère s'est fait ce choix", critique alors Tite auprès d'ESPN Brasil, rentrant en conflit ouvert avec la fédération brésilienne, la puissante CBF. Leurs relations s'apaisent pourtant en juin 2016, lorsqu'il est appelé à la rescousse pour sauver la Seleçao, en mauvaise passe dans les éliminatoires du Mondial 2018, et éliminée dès le premier tour de la Copa América du Centenaire, aux Etats-Unis.
Au soutien de Neymar
À peine sixièmes de leur groupe éliminatoire, les Brésiliens sont transfigurés par l'arrivée de Tite, et se qualifient brillamment en terminant premiers, avant de connaître une déception au Mondial avec la défaite en quart contre la Belgique (2-1).
Après la victoire à la Copa América de 2019, la première depuis 2007, Tite manque le doublé en 2021 face à l'Argentine de Lionel Messi en finale (1-0). Pour effacer le traumatisme de 2014, il s'appuie sur un équilibre entre une défense solide et des individualités brillantes, dont Neymar, qu'il a toujours défendu. "Ils lui ont marché dessus, il n'y a rien à dire, juste à regarder", répliquait le sélectionneur en 2018, alors que les critiques pleuvaient sur les larmes et les chutes exagérées de l'attaquant.
Proche de ses joueurs, Tite a calmé les crises de vestiaires et d'ego qui ont souvent plombé l'équipe brésilienne. Sans parvenir à faire taire les critiques d'un jeu jugé trop défensif, dans un pays qui rêve toujours des flamboyances de Pelé ou Ronaldinho.