Top 14 : Pour l'instant, l'Union Bordeaux-Bègles n'est pas au rendez-vous

Ces deux dernières saisons, l'Union Bordeaux-Bègles a échoué en demi-finales du Top 14. Depuis l'arrivée de Christophe Urios comme entraîneur, les Girondins se sont imposés comme un poids lourd du championnat. Mais la conccurence a affûté ses armes, et l'UBB semble désormais avoir un temps de retard.

Début de saison compliqué

Et si le destin de l'UBB cette saison s'était joué dès la première journée du Top 14 ? En clotûre, les Béglais accueillaient le Stade Toulousain, pour le derby de la Garonne. On avait hâte de voir le nouveau visage des Grenats après une intersaison particulière. Et s'ils ont été séduisants sur certaines phases de jeu, ils ont dû concéder une défaite d'un point (25-26) particulièrement frustrante, avec deux pénalités "mettables" manquées en fin de match par Matthieu Jalibert. 

Car on n'a plus vraiment revu cet entrain par la suite. L'UBB n'a décroché que deux victoires cette saison, contre Castres (33-12) sur un score plus que flatteur, et face au Stade Français (15-10) dans ce qui était sans doute le pire match qu'ils nous a été donné de regarder jusqu'ici cette saison. 

Recrutement une étoile

Et c'est là que le bât blesse. L'attaque de l'UBB était flamboyante la saison passée, mais semble bien morne. Pourtant, la charnière n'a pas changé. Mais quelques joueurs majeurs ont fui, en premier lieu Cameron Woki, transféré au... Racing 92.

Mais aussi Ulupano Seuteni, Ben Lam, Joseph Dweba et Alexandre Roumat. Sans compter les retraites de François Trinh-Duc et Louis Picamoles. Et en retour ? Madosh Tambwe est la seule satisfaction jusqu'ici avec ses trois essais. Mais les autres (Tani Vili, Zack Holmes, Antoine Miquel) sont loin de répondre aux attentes.

Ou en est la cohésion ?

On le sait, Christophe Urios n'est pas un entraîneur qui est du genre à mâcher ses mots. Ce qui avait causé une controverse en fin de saison dernière, quand il avait allumé certains de ses joueurs, en particulier Matthieu Jalibert et Cameron Woki.

"Jalibert et Woki, je ne les vois pas"

Après le barrage remporté contre le Racing 92 (décidemment), Jalibert avait mis les points sur les i. 

"On ne joue pas pour Christophe Urios"

Fatalement, le départ de Cameron Woki a laissé penser que quelque chose s'était cassé dans le groupe, même si l'intéressé avait mollement démenti.

Avant ce match attendu, Christophe Urios a bien entendu été interrogé, d'abord sur le départ de Woki, au sujet duquel il a botté en touche.

"Ce qui nous a déstabilisés par rapport à son départ, ce sont plutôt les blessures de Pierre Bochaton et de Guido Petti. On savait qu’on avait déjà perdu Alexandre Roumat. Avec Cameron Woki, ça faisait deux spécialistes de la touche en moins."

Mais il a cependant tempêté quand on a abordé la rumeur d'un départ de Matthieu Jalibert la saison prochaine vers... le Racing 92 (encore ! ), et l'effet sur son équipe.

"C’est peut-être un poids pour vous, la presse. Mais ici personne n’en parle. Lui en parle sûrement avec ses potes, mais ce n’est pas un sujet. Et encore moins avec le président. Il a encore deux ans de contrat. Il est sous contrat et basta !"

Un (des) leader absent

Matthieu Jalibert, parlons-en. Alors que Romain Ntamack semble désormais indiscutable au poste d'ouvreur dans le XV de France, Jalibert doit absolument sécuriser son statut de n°2 tricolore au poste pour garder ses chances de sélection en vue de la Coupe du monde 2023 en France. 

Mais son début de saison est en dessous des attentes. Sans forcément être mauvais, il ne pèse que trop rarement sur le jeu de son équipe. On a vu quelques coups d'éclat qu'on lui connaît, mais sans qu'ils influencent le résultat des rencontres. 

Et quand le principal animateur offensif souffre, l'équipe est au diapason. Son compère de la charnière, Maxime Lucu, joue lui aussi sa place de doublure, et cela semble inhiber les deux Girondins. Seul Yoram Moefana évolue à peu près à son niveau.

Les avants ne sont pas en reste, puisque les leaders sont inconstants. Jefferson Poirot, Jandre Marais, Clément Meynadier ou Mahamadou Diaby souffrent, eux aussi, souvent bousculés en mêlée et manquant de répondant dans le jeu courant. 

Quelles solutions ?

On ne parlera même pas d'un départ de Christophe Urios, tant, ce serait céder à la facilité dans le sport collectif moderne. L'entraîneur a eu du succès partout, champion de Pro D2 avec Oyonnax et surtout champion de France 2018 avec le Castres Olympique. Et l'on n'oublie pas que l'UBB, lors de sa première année aux commandes, survolait le Top 14 au moment de l'arrêt des compétitions dû à la Covid-19.

Le renouveau de l'UBB passe notamment par le renouveau du jeu, complètement stéréotypé depuis le début de saison. Seulement 12 essais après six journées, l'attaque flamboyante a disparu. Mais c'est davantage l'incapacité à tenir le score qui frappe.

En effet, les Grenats ont mené au score dans cinq des six rencontres, pour uniquement deux victoires. C'était particulièrement criant dimanche dernier à Lyon, ou l'UBB menait à la pause avant de totalement sombrer pour encaisser un monstrueux 27-6 en seconde mi-temps.

Le salut de l'UBB passe par le jeu, dans un Top 14 ou tout le monde se renforce continuellement. Les parties de gagne-terrain, ça suffit, d'autant que les Béglais sont loin d'être les meilleurs à ce jeu-là. Cette équipe est devenue ce qu'elle est en osant, en prenant des risques. Gageons que samedi soir (21h05), lors de la visite du Racing 92, l'UBB voudra s'imposer et montrer à Woki qu'il a fait le mauvais choix.