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Toujours sur courant alternatif, le controversé Nicolás Jarry veut briller à Roland-Garros

François Miguel Boudet
Nicolás Jarry à Rome
Nicolás Jarry à RomeAFP
Suspendu pour dopage en 2020, Nicolás Jarry est revenu sur le devant de la scène, mais cette fois pour de bonnes raisons. Le Chilien a réalisé une saison 2023 de premier plan et est devenu 16e mondial après sa finale à Rome. Une performance arrivée à point nommé après plusieurs semaines décevantes.

Marcelo Ríos, Fernando González, Nicolás Massú : le Chili a connu de beaux jours à Melbourne. Le gaucher fantasque, l'homme au coup droit surpuissant et le double champion olympique en 2004 ont mis leur pays sur la carte du tennis.

Or depuis plus d'une décennie, le pays vertical a été en retrait. Jadis 17e mondial en 2021, Cristián Garín a reculé au 112e rang et a même été sorti au 1er tour des qualifications de Roland-Garros cette année alors qu'il était tête de série nº1. C'est désormais à Nicolas Jarry de faire figure de meilleur représentant, même si Alejandro Tabilo, 25e à l'ATP, le challenge depuis quelques semaines.

Actuellement 16e mondial, Jarry sort d'une excellente saison 2023, la meilleure de sa carrière, et d'une finale inattendue à Rome, deux semaines avant de se présenter à la Porte d'Auteuil. Un petit miracle quand on se souvient qu'il a été positif au ligandrol et au stanozolol en 2019, ce qui lui a valu une suspension de 11 mois.

Un bond de 136 places en un an

Reprendre le cours d'une carrière après un tel point noir, surtout que la pandémie du Covid s'est ajoutée à cela, n'était pas acquis d'avance. 160e mondial fin 2021, 153e fin 2022, Jarry a réalisé un bon incroyable pour devenir le meilleur joueur d'Amérique latine. Un statut qui semblait devoir tôt ou tard lui échoir car le Chilien est un enfant de la balle : son grand-père Jaime Fillol est une référence du tennis chilien du XXe siècle, 1/4 finaliste de l'US Open en 1975, qui évoluait en double avec son frère Álvaro. Sa mère, Catalina, dirige l'Open du Chili qu'il a remporté en mars dernier en triomphant en finale de Tomás Martín Etcheverry. Il s'agissait à ce moment-là de son 2e ATP 250, 4 ans après avoir l'ATP 250 de Bastad contre un autre Argentin, Juan Ignacio Londero

En mai, 4 ans après avoir perdu en finale contre Alexander Zverev, Jarry a remporté l'ATP 250 de Genève contre Grigor Dimitrov. Son appétence pour la terre battue s'est confirmée à Monte-Carlo où il a écarté Borna Coric, tête de série nº15, dès le 1er tour avant d'atteindre le 3e tour et de caler contre Stefanos Tsitsipas. À Roland-Garros, il a battu successivement Hugo Dellien, Tommy Paul et Marcos Giron et il a fallu un Casper Ruud concentré pour le sortir en trois sets accrochés en 1/8 de finale. Le Norvégien était averti puisqu'il avait été battu en 3 sets quelques semaines plus tôt en 1/4 de finale à Genève, la première victoire du Chilien sur un Top 10 mondial depuis son retour de suspension. "C'était un très bon résultat et j'attribue cela à tout le travail quotidien que j'ai effectué au cours de ces trois dernières années, a-t-il analysé dans les colonnes de La Tercera. Je veux toujours me surpasser, terminer la journée mieux que je l'ai commencée". 

Malgré tout, Jarry doit gagner en régularité sur sa surface fétiche. À Madrid, il a été sorti d'emblée par Roman Safiullin et il n'a pas duré davantage à Rome, battu par Yannick Hanfmann, alors que les deux joueurs étaient sortis des qualifications. 

Alcaraz le voit Top 10

La saison 2024 de Jarry aurait pu prendre un tour vraiment intéressant s'il avait maintenu son niveau en Grand Chelem et s'il avait significativement progressé sur surfaces rapides. En l'espèce, il avait peu de points à défendre à Melbourne puisqu'il avait été sorti au 2e tour par Ben Shelton après être sorti des qualifs et avoir éliminé Miomir Kecmanovic, tête de série nº26. De plus, il a intégré les Masters 1000 d'Indian Wells et de Miami. Capable de battre Tsitsipas sur gazon (à Halle) et sur dur (à Pékin), le Chilien avait fini fort 2023 pour valider un bond de 136 places à l'ATP. 

Forcément, son passé de joueur suspendu pour dopage jette le trouble, d'autant que son entraîneur est Juan Ignacio Chela, lui-même pris par la patrouille après un contrôle positif aux stéroïdes en 2000 révélé en 2001, ce qui lui avait valu 3 mois au frigo. Le Chilien l'assure : cette épreuve l'a fait mûrir. "Je devais apprendre de moi, passer par des chemins difficiles, confessait-il l'an dernier dans Claytenis. C'est ce qui fait que je suis aussi fort aujourd'hui"

L'homme qui affirme avoir gagné en stabilité émotionnelle en devenant père de famille a reçu les éloges de Carlos Alcaraz qui estime qu'il peut entrer dans le Top 10 mondial prochainement. Lui dont le jeu est comparé à celui de Juan Martín del Potro à certains égards estime qu'il peut "jouer d'égal à égal et gagner" contre les meilleurs. "Je l'ai démontré, mais je dois encore être plus cohérent et surmonter encore plus les obstacles mentaux que j'ai", affirmait-il dans La Tercera. 

Saison enfin lancée à Rome ?

Pour la première fois de sa carrière, Jarry était attendu pour la confirmation. Une pression supplémentaire mais aussi une évolution à surveiller. Or 2024 a été irrégulier jusqu'à présent. Son premier trimestre a été globalement décevant : 1er tour à Melbourne, finale à Buenos Aires après une victoire sur Alcaraz en demi-finale, 1er tour à Rio, 1/4 de finale à Santiago, 1er tour à Indian Wells, 1/4 de finale à Miami. 

Le début de la saison de terre battue, sa surface fétiche, devait marquer son retour sur le devant de la scène. À Monte Carlo, Barcelone et Madrid, il n'a pas eu le temps de s'attarder avec 3 défaites d'entrée. La lumière est venue à Rome avec une victoire sur Tsitipas en 1/4 de finale, confirmée contre Paul. En finale, Jarry est tombée contre Zverev mais sa performance d'ensemble a replacé le Chilien parmi les joueurs à suivre de près à Roland-Garros. 

Dans un tournoi plus ouvert que jamais, il doit conserver sa dynamique et, pourquoi pas, profiter des brèches dans le tableau pour avancer et retrouver au moins les 1/4 de finale comme ce fut le cas il y a 5 ans. Jarry reste un mystère et probablement l'un des joueurs les plus difficiles à pronostiquer à l'orée d'un Grand Chelem. 

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