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Tudor n'est pas l'ami des joueurs : ça tombe bien, ce n'est pas ce que Longoria lui demande

François Miguel Boudet
Tudor n'est pas l'ami des joueurs : ça tombe bien, ce n'est pas ce que Longoria lui demande
Tudor n'est pas l'ami des joueurs : ça tombe bien, ce n'est pas ce que Longoria lui demandeAFP
C'était loin d'être gagné pour Igor Tudor. Arrivé à l'OM avec un CV bien plus étoffé que ceux de Marcelo Bielsa, André Villas-Boas ou Jorge Sampaoli, le Croate a été critiqué par des pseudo-experts ravis de faire monter la tension dès l'été, sifflé par le Vélodrome avant même le début du championnat et subi un début de fronde d'une partie du vestiaire. Conforté vigoureusement par Pablo Longoria devant les joueurs, l'ancien défenseur démontre qu'il était le bon choix, non seulement pour les résultats sportifs, mais aussi pour affirmer une hiérarchie qui fait défaut à l'OM depuis beaucoup trop longtemps.

On ne sait pas si Igor Tudor croit aux forces de l'esprit mais, après le match réalisé par l'Olympique de Marseille pour éliminer le Paris Saint-Germain en 1/8 de finale de la Coupe de France, il y a fort à parier qu'il a eu une pensée pour Miroslav Blazevic, décédé quelques heures plus tôt. Avec les artistes Zvonimir Boban, Robert Prosinecki, Davor Suker, Aljosha Asanovic ou encore Goran Vlaovic, l'ancien défenseur central a conquis, sous les ordres de "l'entraîneur des entraîneurs", la 3e place du Mondial 1998. Assurément, Tudor faisait partie de la catégorie des grognards; en revanche, à la manière du regretté "Ciro", il orchestre son équipe pour lui donner une identité de jeu. Non, Tudor n'est pas l'ami des joueurs, un adepte de la câlinothérapie. Il ne tient pas une épicerie du résultat, contrairement à André Villas-Boas, Rudi Garcia ou Jorge Sampaoli

Cela n'empêche pas son équipe de passer au travers. C'est arrivé en Ligue des Champions et pas plus tard que lors de la dernière journée de Ligue 1 contre Nice (1-3). Chaque contre-performance est accompagnée d'une remise en cause totale ou partielle sur ses capacités à diriger un club d'une telle envergure. Plus bas que terre dimanche à 22h45, le voilà sur le toit de "l'Olympe olympienne" au lendemain d'un succès historique en Coupe de France contre le PSG, le premier au Vélodrome dans la compétition, le premier tout court au Vélodrome depuis le 27 novembre... 2011. 

Pendant toute la première période, l'OM a étouffé le PSG, avec ce qui fait l'essence d'une équipe qui veut gagner : courses à haute intensité, pressing, harcèlement du porteur de balle adverse, blocage des circuits de passes, intelligence à la relance. Il a seulement manqué un brin de réalisme supplémentaire et quelques secondes de plus d'attention pour éviter l'égalisation juste avant la pause. Mais ce but n'a pas anesthésié les Marseillais. Bien au contraire, il les a motivés à continuer, sans s'embarrasser du calcul de la gestion de l'avantage au score. Même moins fringants, ils ont continué à bloc et le dépassement de fonction, en l'espèce celui de Chancel Mbemba, a conduit au but décisif de Ruslan Malinovsky. Certes, la fin de match a été agonique, sans doute plus par la proximité du résultat que par la pression parisienne, seulement matérialisée par un centre dévissé de Nuno Mendes sur la transversale qui a rebondi sur Sergio Ramos hors-jeu et privé d'une deuxième égalisation dans ce match. 

Au niveau tactique, Tudor a eu l'intelligence de placer Valentin Rongier dans l'axe de sa défense à trois pour pallier les absences de Leonardo Balerdi et Éric Bailly. Avec Sead Kolasinac puis Issa Kaboré, auteur d'une entrée consistante sur un côté qui n'est pas le sien, le Croate a fait oublier Nuno Tavares. Sans attaquant pour prendre la profondeur, dans un registre à la Kylian Mbappé, le PSG n'a pas pu profiter des espaces laissés par les Phocéens. Les risques étaient calculés, même avec les présences de Neymar et Lionel Messi. L'OM a été tout ce que le PSG n'est pas quand il se fait rentrer dedans et qu'il n'est pas maître du rythme. On pourrait qualifier cette victoire d'exploit, mais ce n'en est pas un. Ce n'est pas davantage un hold up. C'est une qualification totalement méritée. 

Ce succès n'offre aucun titre, simplement une place en 1/4 de finale de la Coupe de France. Pour autant, il témoigne du leadership de Tudor, de son management, des progrès réalisés et de l'affirmation d'une hiérarchie claire au sein du club au niveau sportif, la priorité de Pablo Longoria depuis qu'il est devenu président. Le terrain plutôt que les masterclasses devant un parterre d'étudiants en école de commerce. Car c'est la connaissance du football qui remplit les stades quand l'argent seul ne suffit pas à garantir la présence des spectateurs. L'OM ne remportera peut-être pas de trophée cette saison ni la suivante, mais il a trouvé le chemin à suivre. Ça ne vaudra jamais l'ivresse d'une coupe, mais c'est assurément comme cela que le club redeviendra important sur la scène européenne. 

France gouvernement

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