Un an après le Mondial, "l'opportunité ratée" des Samoa, privés de test-matches
En octobre dernier, les Samoans, quart de finaliste en 1991 et 1995, faisaient trembler les Anglais en match de poule du Mondial, échouant de peu face aux futurs demi-finalistes (18-17). Mais en juillet dernier, la fédération samoane a préféré annuler ses trois tests de novembre dans l'hémisphère Nord, expliquant à World Rugby être au bord de la banqueroute.
"C'est une opportunité ratée pour nous de jouer contre certaines des meilleures équipes du monde", déplore le pilier droit samoan du Stade français Paul Alo-Emile (32 ans, 25 sélections).
"Ces tests de novembre sont un moment de visibilité pour beaucoup de joueurs, particulièrement ceux qui n'ont pas encore fait leur trou dans le rugby professionnel", regrette Alo-Emile, actuellement en convalescence en Top 14 après une blessure à l'épaule.
"Je pense qu'il y a beaucoup de talents à découvrir aux Samoa", ajoute le pilier, à propos d'une nation d'à peine 200 000 habitants, mais qui a vu naître des joueurs renommés, du redoutable trois-quart centre Brian Lima aux nombreux membres de la famille Tuilagi, dont Manu qui représente l'Angleterre.
Après une Coupe du monde jugée décevante, la fédération samoane a choisi de se séparer en début d'année 2024 du sélectionneur Seilala Mapusua, ancien trois quart centre passé par les Highlanders arrivé à la tête de la sélection en 2020.
Mapusua s'était notamment appuyé sur des ancien All Blacks, disponibles pour les Samoa après un changement de règles d'éligibilité, comme Steven Luatua, Lima Sopoaga ou Charlie Faumuina.
Sélectionneur arrêté et suspendu
"Il avait une vision d'où notre rubgy allait. Quand ils l'ont laissé partir, j'ai eu le sentiment que le rugby samoan était de nouveau coincé", explique Alo-Emile, pour qui le rugby samoan "fait toujours un pas en avant puis deux pas en arrière".
"C'était frustrant pour moi, car j'avais le sentiment que Seilala emmenait l'équipe dans la bonne direction, pour le rugby mais aussi sur le plan culturel", estime-t-il. "Comme beaucoup de joueurs, je ne suis pas né aux Samoa", détaille le joueur natif de Nouvelle-Zélande. "Je n'y ai pas non plus grandi, mais il nous aidait à nous identifier à la culture samoane."
Seilala Mapusu, recruté mercredi par la franchise de Super rugby des Manoa Pasifika, a été remplacé en mars par un autre ancien joueur samoan, le talonneur Mahnori Schwalger.
Si Schwalger a connu plusieurs succès sportifs cet été, avec des victoires contre l'Italie, les États-Unis puis les Tonga, il est à présent suspendu, inculpé pour différents chefs dont celui d'agressions sexuelles sur mineur. "Je ne sais pas tous les détails de cette histoire, c'était un choc" déclare Alo-Emile.
En plein doute, la Fédération samoane doit tenir des élections lors du mois de novembre, sans pour autant convaincre Alo-Emile que la situation va s'améliorer. "C'est la même histoire qui dure depuis que j'ai commencé à jouer, c'est problème qui dure depuis longtemps" juge-t-il, déplorant que le rubgy samoan soit "toujours en train de repartir de zéro".
Le solide pilier n'est pas certain de porter à nouveau le maillot samoan en juillet prochain, lors des prochains matches que pourrait disputer l'équipe nationale, cette fois à domicile.
"J'adore jouer pour le maillot des Samoa, j'aime représenter ma famille", livre-t-il. "Mais est-ce que ça vaut le coup de ne pas voir mes enfants quelques mois, de ne pas voir ma famille ? Pour le moment, la réponse est non."