Un Grec avalé en 2h12 : Alcaraz surpasse Tsitsipas et affrontera Djokovic en 1/2 finale
"Un appétit d'ocre", "l'ocre c'est lui", "ocre, roi rêvé", "orange ô désespoir" (pour ses adversaires) : préparez vos dictionnaires de synonymes, vos jeux de mots les plus répétitifs et approximatifs et les calembours les plus éculés pour les 10 voire 15 prochaines années.
Carlos Alcaraz n'a que 20 ans et il s'annonce déjà comme le nouveau patron incontesté de la terre battue. Stefano Tsitsipas, pourtant pas un quidam de la surface, n'a pas trouvé la clef. Il a erré pendant 68 minutes, parvenant sur quelques points à sortir la tête de l'eau mais sans jamais rien espérer pendant 2 sets à sens unique (6/2 6/1). Le rouleau-compresseur a freiné à 5/2 dans le 3e set et le Grec s'est refait la cerise, poussant jusqu'au tie break, perdu 7-5.
Il y avait dans l'air du Philippe-Chatrier un mélange d'admiration pour le Murcien martien seul sur la planète rouge orangée et de compassion pour le Grec, numéro 5 mondial au revers à une main velouté, corrigé comme un gosse, lui le finaliste de l'édition 2021.
Il y avait des réminiscences du Nadal-Federer 2008, finale expéditive qui avait laissé le Suisse et le public groggys. Ce mardi soir, il était impossible de perdre à "où est Charlie", parce que Charlie d'El Palmar était partout, mis à part que les bandes rouges étaient vertes. Cela va bien au-delà des chiffres, des statistiques : Alcaraz a l'oreille absolue du tennis. Il entend le jeu et réussit à le retranscrire avec sa raquette.
Le malheureux Tsitsipas était enfermé dans la machine à laver, coincé dans un tambour du Bronx qui marquait la mesure de plus en plus fort. Des revers long de ligne impeccables, des claques de coup droit à faire vaciller Tyson Fury et des amorties comme autant de coups au corps de Gervonta Davis : Alcaraz jouait au tennis comme un combattant de bare knuckle.
Breaké dès sa 2e mise en jeu du match alors qu'il avait planté 3 aces en ouverture, Tsitsipas est devenu un pantin désarticulé, totalement démuni face à la maestria d'Alcaraz. Dépité, il a célébré son premier jeu du 3e set et une amortie gagnante à 4/1 sous les acclamations du central.
Une fin de 3e set finalement accrochée
Pour autant, l'Espagnol fait encore -un peu- son âge et il lui arrive de redevenir humain. À 5/3, alors qu'il avait mené 15-40 sur le service de Tsitsipas, il a concédé un break. C'est assurément là l'un de ses rares péchés de jeunesse : Alcaraz se grise et se déconcentre quelques minutes alors qu'il a eu des balles de match (trois en tout) sur le service adverse. Cela lui a coûté une fin de match plus tendue, notamment en raison d'une amélioration sensible de la première balle du Grec. Il a remporté le jeu décisif sans trembler, à l'image de cette volée de coup droit liftée techniquement parfaite et de cette volée de revers croisée déposée sur la balle de match.
Mais que pouvait faire de plus Tsitsipas ? Alcaraz vient d'écrire son premier grand chef d'oeuvre à Roland-Garros et ce n'est assurément pas le dernier. Pour sa première demi-finale Porte d'Auteuil, il affrontera Novak Djokovic et cela s'annonce explosif.