Victoria Azarenka, une plaie se referme
C'est avec une certaine défiance, et des lunettes de soleil dans une salle bunkerisée, que Victoria Azarenka se prête au jeu de la conférence de presse. Avec professionnalisme, mais prête à sauter à la gorge de celui qui posera une question de travers. Elle revient avec sincérité sur ses difficultés psychologiques récentes.
"La peur d'échouer" a été un grand facteur de son mal-être. "J'en suis arrivée au point où je ne trouvais rien de bien en moi, je ne trouvais pas une phrase positive à dire de moi", reconnaît-elle, avouant avoir notamment été prise de crises de panique.
Elle avait ainsi abandonné en plein match sans raison apparente au troisième tour à Miami l'an dernier, avant d'expliquer : "Je n'aurais pas dû entrer sur le court aujourd'hui. Les dernières semaines ont été extrêmement stressantes dans ma vie".
Et à Ostrava en octobre, elle a été battue au premier tour et a "cassé quelques raquettes". Mais elle considère que cette défaite a marqué un tournant.
Anxiété
"A partir de là, au lieu d'essayer à tout prix d'être positive, j'ai essayé simplement de rester neutre et de ne pas tomber dans le négatif. D'accepter mon anxiété, ma peur. Et de travailler dessus, un pas après l'autre", explique-t-elle.
Jusqu'à arriver à Melbourne, donc, où elle avoue "bien plus apprécier être sur un court" que ces derniers mois. "Et j'ai hâte de jouer un match de plus en demi-finales et tenter d'y faire de mon mieux", ajoute l'ex-numéro 1 mondiale, aujourd'hui âgée de 33 ans.
Alors forcément, alors qu'un nouveau titre commence à se profiler, Azarenka est interrogée sur son dernier trophée du Grand Chelem, en 2013 à Melbourne où elle s'était déjà imposée l'année précédente, et les circonstances dans lesquelles elle avait battu Sloane Stephens en demi-finales. Après avoir manqué cinq balles de match, elle avait eu recours à un temps mort médical de neuf minutes et s'était ensuite imposée 6/1 6/4. Elle avait dû se défendre d'avoir triché et expliqué avoir été prise d'une crise de panique.
Mais aujourd'hui encore, à l'évocation de sa victoire contre Stephens, le démon ressurgit. "C'est un des pires moments de ma carrière. La façon dont j'ai été traitée, la façon dont il a fallu que je m'explique jusqu'à 22h30 parce qu'on ne voulait pas me croire... J'ai mis dix putain d'années à m'en remettre", s'emporte-t-elle après sa qualification pour les demies cette année.
Soutien à Djokovic
"On m'a traitée de tricheuse, on a dit que j'avais fait semblant, que j'avais essayé de déconcentrer mon adversaire. Les gens qui me connaissent savent à quel point c'est incompatible avec ma personnalité", rappelle-t-elle encore en reconnaissant qu'à force d'entendre ces critiques, elle avait fini par se poser des questions.
Après un long travail, elle se moque désormais de ces critiques. Mais elle comprend la colère de Novak Djokovic au sujet des doutes qui concernent les blessures dont il dit souffrir mais qui ne l'empêchent pas de gagner.
Le Serbe s'en est pris lundi, après avoir laminé Alex De Minaur en 1/8 de finale alors qu'une douleur à la cuisse gauche l'avait mis au bord de l'abîme aux deux tours précédents, à ceux qui doutent de la réalité de sa blessure. "Parfois, les gens ont un besoin incroyable d'une histoire de méchant et de héros. Mais nous ne sommes pas des méchants, nous ne sommes pas des héros, nous sommes des êtres humains comme les autres qui traversent tellement de choses...", plaide Azarenka. "Les suppositions, les jugements, les commentaires, ce n'est que de la merde parce que personne ne connaît toute l'histoire", insiste-t-elle.
Preuve que, malgré un net regain d'envie et de confiance, il reste chez la joueuse cette fragilité qui l'empêche d'envisager un nouveau titre. "Je ne veux pas y penser. Je veux simplement me concentrer sur ce qui fonctionne, ce qui me permet de rester calme et en paix".