Vincent Labrune, du Sénat à la lune plus vite qu'avec la NASA

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Vincent Labrune, du Sénat à la lune plus vite qu'avec la NASA

Vincent Labrune lors de son audition au Sénat
Vincent Labrune lors de son audition au SénatAFP
Ce mercredi, Vincent Labrune était auditionné par la commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport du Sénat. S'il a assuré vouloir parler en toute transparence, le président de la LFP a martelé un discours lunaire qu'il semble être le seul à croire.

Pendant plus de 2 heures, Vincent Labrune a été auditionné par la commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport du Sénat président par Laurent Lafon (UDI), avec l'appui du rapporteur Michel Savin (LR). 

Accompagné par Arnaud Rouger, le directeur général de la LFP, dont les interventions répétées (ce qui n'est guère bon signe pour le protagoniste principal) ont fini par irriter ("il s'agit de l'audition de Monsieur Labrune" a cinglé le rapporteur), le président de la Ligue a dû répondre sur plusieurs points, à commencer par le rôle de CVC dont il a été rappelé que l'intervention en Espagne, et sans l'aval du Real Madrid et du FC Barcelone, a été réalisée dans un cadre différent, LaLiga ayant imposé aux clubs des pourcentages d'investissements relatifs aux infrastructures, aux centres de formation, aux masses salariales et aux transferts. 

En préambule, l'ancien président de l'Olympique de Marseille est revenu sur le fiasco Mediapro et les négociations de gré à gré qui se sont instaurées après que la société de Jaume Roures s'est acquittée d'une somme "inespérée" de 100M€ avant de rétrocéder les droits de diffusion domestiques qu'elle n'a jamais été en mesure de régler. Diffuseur historique, Canal+ n'y a pas répondu favorablement, une forme de représailles à l'égard du football français. Par la suite, si l'offre de Maxime Saada, le DG du groupe de la chaîne cryptée était proche d'Amazon (663M€ pour le géant américain contre 595M€ malgré une part variable supplémentaire de 70M€), les clubs ont préféré se porter sur le mieux-disant garanti, car ils étaient tout simplement exsangues. Une décision qui, aujourd'hui, apparaît mortifère. 

CVC, le fantasme du milliard et une excuse trop simple

Concernant le CVC, et alors que LaLiga a noué un partenariat sur 50 ans, Labrune a affirmé que l'absence de durée en ce qui concerne le deal avec la toute nouvelle société commerciale LFP Media (13 % des revenus ad vitam contre un chèque d'1,5 milliard d'euros) n'a jamais été une question. Il a pris en exemple l'achat d'une action par une personne physique ou morale qui offre un droit jusqu'à ce que le titre soit éventuellement revendu, sans condition dans le temps. Le président de la Ligue l'a martelé : les prévisions quant aux revenus futurs de la L1 ont été "réalistes" et "optimistes" et ce contrat se révèle plus viable qu'un emprunt classique qui aurait contraint les clubs à rembourser 150M€ dès la première année. Pour autant, la participation de CVC, indexée sur la vente des droits TV, pourrait monter à 14 % si le fonds voulait revendre en cas de résultats inférieurs aux attentes. Et, évidemment, les clubs doivent s'acquitter de 20 % dès cette saison puisque le début de la rétribution du fonds a été retardée. Une preuve nette que la théorie du milliard par saison a été embrassée par tous les clubs. 

Après avoir expliqué les conditions de sa rémunération à hauteur d'1,2M€ par an et des 37,5M€ de rétribution des cabinets de conseil inclus dans le milliard et demi versé (soit, 2,5 % alors que les études avaient été effectuées sans certitudes et donc potentiellement à blanc), Labrune a expliqué que l'objectif d'1,1 milliard par saison pour la période 2024-2029 avait été choisi selon une étude de marché pour viser le Top 3 européen. Le président de la Ligue a considéré que "la grave crise économique en France et à l'international" avait torpillé cet objectif, oubliant certainement qu'il l'avait formulé en juin 2023, soit plus d'un an après le début de la guerre en Ukraine qui a provoqué une inflation galopante. 

Désabonnements massifs sur Amazon, mais le rêve tenace des 2 millions d'abonnés dès la 1ʳᵉ saison

Le processus de vente des droits TV a été initié dès 2022. À 6 semaines du début du championnat, la solution de la chaîne 100 % Ligue 1 semble la priorité. Labrune a valorisé la formation française alors que le PSG ne compte plus de stars internationales, vantant le talent qui sort des centres et les résultats de toutes les sélections des catégories inférieures et certifiant qu'il y avait eu du suspense jusqu'à la dernière journée (si tant est que le suspense soit insoutenable pour se passionner pour les places 3 à 9, le titre était dévolu au PSG depuis janvier...). Manifestement, cela ne fait pas vendre. 

Lui l'affirme : jusqu'au pic de la crise début 2023, Amazon avait atteint des records d'abonnement et la crise a provoqué des renoncements massifs, ce qui reste un bon indicateur de la priorisation des dépenses des ménages par rapport aux plateformes. Or le Pass Ligue 1 (7 matches sur 9 + 80 % de la L2) coûtait 14,99 € par mois sur 10 mois (auxquels il fallait ajouter les 6,99 € mensuels pour accéder à Prime, soit 21,98 € par mois). Difficile d'envisager un abonnement pour 25 ou 30 €, même avec 100 % de la compétition, une des volontés affichées afin de ne pas multiplier les abonnements pour les supporters. Cette perte d'abonnés avec Amazon ne semble pas entrer en ligne de compte dans le calcul de base, car Labrune et les clubs tablent sur 2 ou 2,5 millions d'abonnés dès la première saison, assurant que ces prévisions se fondaient sur les chiffres relayés notamment par Amazon quoiqu'ils demeurent confidentiels. Vu les récents événements et l'extrême difficulté pour boucler le dossier alors que les clubs passent leurs examens devant la DCNG, il demeure difficile de prendre ses déclarations pour argent comptant. 

Par la suite, il a également dénoncé un "Qatar bashing", alors qu'il faudrait au contraire "remercier le Qatar tous les jours", notamment après que BeIN a acheté 100 % des droits TV de la Ligue 2 pour 40M€ par saison. Voilà qui a dû plaire à Saada, déjà bien crispé après chaque sortie de son meilleur ennemi, surtout après que le président de la LFP a ajouté que Canal+ avait "un a priori très fort contre le football français". Assurément de quoi se mettre une nouvelle fois à dos un interlocuteur jadis privilégié aujourd'hui en position de force et guère préoccupé à enfiler le costume de sauveur après s'être estimé méprisé. 

En début d'audition, Labrune a assuré que si les présidents de club étaient pris pour "des idiots", ils avaient au contraire "tout compris" à la situation. Une situation qu'ils ont eux-mêmes provoqués en choisissant Mediapro, en étant les seuls parmi les championnats majeurs à arrêter la compétition au moment du COVID, en vivant au-dessus de leurs moyens, validant l'arrivée de CVC pour une durée indéterminée, en rêvant d'un milliard qui s'est ratiboisé au moins de moitié et d'une chaîne 100 % Ligue 1 à tarif unique et sans contenus additionnels à 30 € par mois avec 2 millions d'abonnés minimum dès 2024-2025. On est libre de douter de leur crédibilité et dans celle de celui qui l'ont élu en septembre 2020, toujours aussi persuadé que tout finira pas se résoudre alors que le produit qu'il vend n'intéresse pas autant de monde que cela. 

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