Vingt ans après le titre d'Andy Roddick, le tennis américain sort (un peu) la tête de l'eau
Depuis 1999, il y a toujours au moins un Américain en finale de l'US Open. En revanche, il vaut mieux un duel 100% Oncle Sam pour être assuré du titre. Andre Agassi a battu Todd Martin en 5 sets en 1999 et Pete Sampras, après deux finales perdues contre Lleyton Hewitt en 2000 et Marat Safin en 2001, a vaincu le Kid de Las Vegas dans un match entré par la grande porte dans la légende.
Roddick, un tableau ouvert et un tie-break qui change tout
La suite s'appelle Andy Roddick. A 21 ans, le rival générationnel d'Hewitt a des airs de sale gosse bougrement talentueux et après le sacre de l'Australien à la fin du XXe siècle, il est temps pour lui de répliquer. A-Rod a de la chance au tirage : il n'affronte pas la moindre tête de série jusqu'en 1/4 de finale. Certes, il a sorti les gros serveurs Tim Henman et Ivan Ljubicic lors des deux premiers tours mais son parcours est sans encombre et tomber sur Sjeng Schalken, tête de série nº12, n'est pas un obstacle spécialement élevé pour le natif du Nebraska : 6/4 6/2 6/3.
En comparaison, Juan Carlos Ferrero de l'autre côté du tableau a sorti Martin en 1/8, Hewitt en 1/4 et renversera Agassi en 1/2. Pour accéder à la finale, Roddick est opposé David Nalbandian qui s'est coltiné Mark Philippoussis au 3e tour, Roger Federer en 1/8 et Younès El Aynaoui en 1/4.
7/6 6/3 6/6 3-0 : l'Argentin est aux portes de la finale mais il perd trois points consécutifs. Roddick mène 5-4 mais une faute directe dans le couloir et un passing croisé plus tard et le voilà à devoir sauver une balle de match. Écarté d'un service gagnant sur l'homme, avant de claquer un ace. "Nalbi" sauve la balle de set mais cède deux points plus tard. A-Rod ne le sait pas encore mais il a mis une main sur le trophée. Il remporte le match en punissant l'Argentin 6/1 6/3 dans les deux dernières manches et disposera sans forcer de Ferrero en finale 6/3 7/6 (2) 6/3.
Une disette partie pour durer ?
Andy Roddick est lancé. À peine sorti de l'adolescence, le monde lui appartient. Sauf que le symbole du tennis US du XXIe siècle ne pouvait pas prévoir l'avènement d'un certain Federer. Le Suisse le privera de trois titres à Wimbledon (2004, 2005 et 2006 avec une défaite au 5e set 16-14) et d'un 2e à Flushing Meadows en 2006.
Certes, A-Rod tiendra le haut du pavé mais les États-Unis perdent leur protagonisme chez les hommes tandis que les soeurs Williams deviendront iconiques chez les femmes. Derrière le grand serveur, c'est le désert. Taylor Dent, Mardy Fish, Robby Ginepri, Sam Querrey, Jack Sock, Steve Johnson seront des figures familières, tout comme James Blake (tête de série nº5 et quart-finaliste à l'US Open en 2006) et John Isner (quart-finaliste en 2011 et 2018) à un niveau supérieur. Mais après les Michael Chang, Sampras et Agassi, tout ceci est bien fade.
Il a fallu attendre plus de 15 ans pour voir le tennis masculin US refleurir. L'année dernière, Frances Tiafoe est devenu le premier Américain à atteindre le dernier carré de "son" tournoi depuis Roddick en 2006. Quatre mois plus tard, Tommy Paul a disputé la 1/2 finale de l'Open d'Australie, 14 ans après... Roddick évidemment. Sebastian Korda et Ben Shelton ont aussi atteint les 1/4 de finale et Taylor Fritz est devenu un habitué du Top 10 mondial, accédant même au 5e rang de l'ATP en février. Même s'il pointe au-delà de la 70e place, Brandon Nakashima a remporté le Next Gen en novembre dernier.
Désormais, voilà ce contingent confronté à une concurrence exacerbée. Une bonne dizaine de joueurs semble plus à même de candidater au titre à New York. La grande question en suspens concerne la marge de progression des joueurs américains.