Earvin Ngapeth, la boussole des Bleus du volley qui déboussole l'adversaire
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Voilà l'équipe de France sur l'avant-dernière marche d'une odyssée olympique qui peut les mener à un rare et immense doublé. Un exploit que seuls les Soviétiques (1964/1968) et les Etats-Unis (1984/1988) ont réussi.
Mais rien n'est aisé dans ces Jeux de Paris, avec en point d'orgue jusqu'ici, cette qualification arrachée au tie-break lundi contre l'Allemagne, qui a mené pourtant de deux sets (3-2), pour désormais défier les Italiens champions du monde. Autant dire que le niveau va monter encore d'un cran.
Face aux Allemands, Earvin Ngapeth a d'abord traversé la rencontre comme une ombre, prenant mur sur mur, sur ses tentatives. Mais avant que les précieux remplaçants, Théo Faure en tête, ne viennent prendre le relais, c'est lui qui a donné un avant-goût de la résurrection, à la fin du deuxième set sur deux actions qui ont réveillé le public.
"Métronome des émotions"
Earvin est soudain redevenu "Magic", lui qui doit son prénom à l'ancienne star NBA des Lakers (Earvin "Magic" Johnson): un sauvetage acrobatique d'une main, suivi d'un smash des trois mètres quasiment sans élan ont laissé entrevoir l'égalisation. Mais c'était sans compter sur l'homme fort d'en-face, Gyorgy Grozer, qui décochait un ace synonyme de 2 sets à 0, en plein sur son buffet.
Rien de mieux pour permettre à Ngapeth de retrouver l'oeil du tigre, qu'accompagne toujours ce même petit son de cloche dans les "Rocky" quand s'annonce le sursaut et la vengeance à venir.
"Quand il est dans le dur, on sait que ça ne va pas durer", souligne le central Barthélémy Chinenyeze.
Et là où le désespoir aurait pu gagner les troupes, un supplément d'âme a jailli à la seule vue de Ngapeth, revenant sur le banc en bombant le torse pour préparer le troisième set, pas près de lâcher le morceau.
"C'est un mec qu'on regarde tous sur le terrain. Du coup, des fois, quand il fait la gueule, nous, on va faire un petit peu la gueule. Par contre, quand il est agressif, on va être aussi agressif. Et quand il est content, on va être content. C'est un peu le métronome de l'équipe au niveau des émotions", explique encore Chinenyeze.
La suite, on la connaît. Dans le sillage de son leader, enfin redevenu déterminant au scoring et omniprésent en défense, les Bleus ont comme un seul homme arraché leur qualification.
"Grain de folie"
"Il nous a fait du bien, On a retrouvé un Earvin qui prend des risques et qui passe tout ce qu'il entreprend. C'est hyper-important pour nous", abonde le remplaçant Quentin Jouffroy.
"C'est l'homme des grands moments, il ne faut pas l'oublier. Il a été MVP des derniers Jeux de Tokyo", rappelle avec à propos le réceptionneur-attaquant Yacine Louati.
En 2021, après deux défaites très compromettantes lors de leurs trois premiers matches, c'est Ngapeth qui avait en effet guidé les Bleus à tout renverser sur leur passage pour écrire en lettres d'or l'histoire du volley français.
"Les équipes le connaissent, mais il fait des choses inattendues. Il n'y a qu'Earvin pour faire ça, il a ce grain de folie", dit encore de lui Louati, admiratif.
Illustration dans le tie-break contre les Allemands, avec cette petite main gauche osée dans la boîte aux lettres, telle une calinette de "beach volley" comme à la plage, qui a fini d'écoeurer l'adversaire. Et "Pépéth", cette fois, de se déhancher légèrement chambreur comme pour aller faire trempette. Il ne manquait plus que les lunettes de soleil pour parader.
"C'est un joueur à part. Il nous sort encore des actions de dingue. Il est inspirant, il booste l'équipe", appuie Chinenyeze à propos du showman, sans lequel les Bleus ne seraient évidemment pas les mêmes.