Publicité
Publicité
Publicité
Publicité
Publicité

Vu d'Italie : Thiago Motta est un phénomène et un bienfait pour tout le football italien

Thiago Motta
Thiago MottaAlessandro Sabattini / Getty Images via AFP
Après avoir emmené Bologne en Ligue des champions, l'entraîneur italo-brésilien se retrouve premier au classement avec la Juventus, même en l'absence de nouvelles recrues fracassantes. De la tactique à la philosophie de construction d'équipe, l'entraîneur est une nouveauté absolue dans le football italien et au-delà.

Lorsque la composition de Juventus-Como a été annoncée, les fans et les initiés ont sursauté : "Mbangula est titulaire ? Qui est ce type ?", se demandaient-ils. Même si le jeune homme s'était déjà fait remarquer lors des matches amicaux de l'été, le championnat, c'est autre chose. Un truc pour les vétérans, pour les gens qui ont du poil sur la poitrine, qui se soucient peu de savoir s'ils entrent et sortent du JMedical comme s'ils étaient au bar, ou si les nombreux ressorts sur leurs épaules apaisent leur animosité, freinent leur élan. C'était du moins la philosophie qui prévalait jusqu'à l'année dernière à la Continassa, mais on peut dire que c'est encore le cas dans la grande majorité des places de football.

La "Thiagocratie"

Ce n'est pourtant pas celle de Thiago Motta et de ce qui a été rebaptisé sa "Thiagocratie", une véritable révolution : hiérarchies annulées, personne assuré d'avoir sa place s'il ne la gagne pas à l'entraînement, ceux qui sont utiles à l'équipe et à son jeu. L'entraîneur italo-brésilien, formé chez les jeunes du PSG, ne regarde personne en face : Nzola, Arnautovic, Chiesa. De Spezia à la Juve, il a détrôné les prima donna, sacrifiées au nom de sa conception du football : "si les jeunes sont forts, ils sont forts quel que soit leur âge", a-t-il déclaré hier, après que le débutant Nicolò Savona a marqué contre Vérone, comme Mbangula l'avait fait le premier jour. Un jeune Belge qui a également montré, avec une passe décisive et l'action qui a permis à la Juve d'obtenir un penalty, que le premier match n'était pas un feu de paille.

Place aux jeunes, ou plutôt place à ceux qui, selon lui, le méritent, quel que soit leur nom. Le capitaine Danilo en sait quelque chose, lui qui, même s'il n'est pas au mieux de sa forme, ne semble plus avoir une place sûre dans l'équipe, comme c'était le cas sous Allegri. Des noms grandiloquents comme Wojciech Szczęsny, Federico Chiesa déjà cité, Adrien Rabiot pour lequel Motta n'a pas fait beaucoup d'efforts pour sa prolongation. Sans parler de la pléthore de licenciements qu'il a créés, chamboulant l'effectif avec sept nouveaux départs, grâce à l'art habile de Cristiano Giuntoli, le directeur complet qui, avec Motta, a entamé une véritable révolution. Une révolution qui fait désormais rêver les supporters bianconeri, puisque l'équipe vue jusqu'à présent sera renforcée par des noms comme Nico Gonzalez, Francisco Conceiçao, Teun Koopmeiners.

La création du groupe

Avant même le match, l'habileté de Motta a été de créer son groupe en faisant en sorte que chacun se sente vraiment important, non pas avec des mots comme les entraîneurs aiment le faire, mais avec des actes. Chacun sait qu'il peut aspirer à une place de titulaire grâce à son travail (et à la qualité, bien sûr), indépendamment de la hiérarchie classique ou de la valeur marchande. C'est pourquoi non seulement un Savona peut prendre la place de Danilo, mais aussi un Fagioli peut aspirer à celle de Douglas Luiz, malgré les 50 millions d'euros qu'a coûté le Brésilien, même si son peu d'utilisation souffre du besoin de récupérer des efforts de la Copa América.

Juan Cabal, récupéré à Vérone et qui a gagné sa place de titulaire, l'explique mieux dans ses paroles à la fin du match contre Vérone : "le secret de cette équipe est que nous courons tous sur le terrain, nous sommes une famille et ceux qui font des erreurs ne sont pas critiqués, nous partons tous" (...) C'est la confiance que l'entraîneur veut donner à tous les joueurs, ceux qui ont de l'expérience et ceux qui n'en ont pas, c'est important pour moi, qui suis arrivé maintenant, et pour les jeunes joueurs de la Next Gen".

Philosophie de jeu et le fameux 2-7-2

Possession du ballon, pressing et agressivité dans la récupération du ballon, attaque continue. C'est la philosophie de jeu de base de l'entraîneur, et l'on peut comprendre pourquoi il a voulu révolutionner le milieu de terrain de la Juventus, qui n'était pas adapté à ce type de jeu.

D'un point de vue plus tactique, la révolution de Motta est encore plus profonde, à commencer par la conception de la formation. Elle a suscité des doutes et l'hilarité habituelle de ceux qui ne sont pas habitués aux révolutions, le fameux 2-7-2, qui en réalité n'en est pas un (notamment parce qu'avec le gardien de but, il y aurait 12 hommes). Habitués aux habituels modules 4-4-2, 4-3-3, 3-4-3, 3-5-2, le choix de Motta aurait pu sembler absurde si l'on ne comprenait pas comment l'entraîneur observe le terrain et en arrive à ce résultat. En effet, au lieu de regarder une formation horizontalement, comme c'est le cas habituellement, l'entraîneur de la Juventus divise le terrain en trois couloirs verticaux.

Motta explique son jeu dans une interview à la Gazzetta dello Sport : "mon idée est de jouer offensivement. Une équipe courte qui contrôle le jeu, une pression élevée et beaucoup de mouvements avec et sans le ballon. Je veux que le joueur qui a le ballon ait toujours trois ou quatre solutions et deux coéquipiers à proximité (les fameux "sept" au milieu du terrain, ndlr) pour l'aider. Je n'aime pas les numéros de terrain parce qu'ils sont trompeurs. On peut être super offensif avec un 5-3-2 et défensif avec un 4-3-3. Tout dépend de la qualité des joueurs. Il y a quelque temps, lors d'un match, les deux latéraux ont fini par jouer comme des 9 et des 10".

Bien que cela ressemble à un 4-2-3-1, le milieu défensif se positionne parfois entre les deux défenseurs centraux, laissant les latéraux pousser vers l'avant et les ailiers échanger avec les milieux centraux. Cela donne lieu à des triangles de part et d'autre du terrain qui font avancer le jeu. Dans les équipes de Motta, le gardien de but est également crucial, ce qui explique pourquoi l'excellent Szczęsny a été écarté (outre son salaire exorbitant) pour laisser la place à l'ancien gardien de Monza, Di Gregorio : en raison de sa capacité différente avec le ballon entre les pieds. Pour Motta, chaque joueur devient une option de passe, même le gardien.

Si dans ses équipes, parmi les quatre défenseurs, l'un pousse toujours vers l'avant au milieu de terrain en laissant trois joueurs, lors de la victoire 3-0 contre Vérone, les deux défenseurs centraux Gatti et Bremer ont poussé vers l'avant, risquant des contre-attaques en cas de ballon intercepté, mais favorisant la pression sur l'équipe adverse et donnant une autre option de passe aux milieux de terrain.

Une nouveauté salutaire pour l'ensemble du football italien et au-delà

Motta pourrait être le prochain Guardiola pour sa façon innovante de concevoir le football, plus encore que Xabi Alonso, mais pour l'Italie il pourrait représenter un sauveur, le prochain Sacchi pour son influence sur les choix des autres entraîneurs. En effet, il est clair que si Motta réussit avec son jeu, les autres devront s'adapter, un peu comme à l'époque du "prophète de Fusignano" avec sa défense haute et son jeu offensif qui poussait tout le monde à aller plus loin, en évitant le match nul utile à l'extérieur, rendu ensuite inutile par la règle des trois points, et en cherchant toujours la victoire.

Seul l'avenir nous dira si les idées de Motta seront couronnées de succès, mais pour ce qu'il est en train de montrer, il peut déjà être un exemple pour beaucoup. A commencer par sa "Thiagocratie", qui supprime les hiérarchies et les recommandations, un mal italien qui n'existe pas seulement dans le football, pour laisser place à un véritable système méritocratique. Une façon de donner confiance aux jeunes qui peuvent vraiment aspirer à une place sans passer des années sur le banc à attendre le reste du jeu, accordé comme un biscuit au chiot obéissant. Une philosophie téméraire mais juste qui, compte tenu de la pénurie de talents en équipe nationale, serait salutaire voire salvatrice si elle était appliquée par le reste du mouvement. Indépendamment des succès qu'il obtiendra ou non, Motta a tracé une voie, s'érigeant en phénomène, c'est-à-dire en technicien hors du commun, dans un football rassis et usé comme celui de l'Italie. Et nombreux sont ceux qui peuvent s'en inspirer.

Marco Romandini - Rédacteur en chef en direct
Marco Romandini - Rédacteur en chef en directFlashscore
France gouvernement

Les jeux d’argent et de hasard peuvent être dangereux : pertes d’argent, conflits familiaux, addiction…

Retrouvez nos conseils sur joueurs-info-service.fr (09-74-75-13-13, appel non surtaxé)