Certes, la Serie A brésilienne a des atouts en ce moment. Elle a été la huitième ligue la plus dépensière au monde lors de la dernière fenêtre de transfert et a augmenté ses dépenses de 179% par rapport à la même fenêtre en 2023, selon l'Observatoire du football (CIES).
Les principales explications de ce phénomène sont l'arrivée de la "propriété multi-clubs" dans le pays - principalement avec l'achat de Bahia par le City Group et de Botafogo par la société holding de John Textor -, les ventes à gros prix de jeunes joueurs et la bonne gestion financière d'équipes ayant d'énormes bases de supporters, telles que Flamengo et Palmeiras.
Memphis n'est cependant pas un poisson hors de l'eau ni un phénomène nouveau. Il y a actuellement 132 étrangers qui jouent dans les 20 clubs de la ligue.
La majorité d'entre eux sont des joueurs latino-américains, mais il y a huit Européens, comme le Français Dimitri Payet de Vasco, l'Espagnol Hector Hernandez du Corinthians et le Danois Martin Braithwaite de Gremio (sans compter les Brésiliens naturalisés, comme l'Espagnol Diego Costa).
Lundi, Vasco - géré par la holding 777 - a annoncé la signature du milieu de terrain suisse Maxime Dominguez, 28 ans, qui évoluait à Gil Vicente au Portugal.
Mais en règle générale, les stars internationales arrivent au Brésil lorsque leur carrière est au plus bas, qu'elles sont sur le point de prendre leur retraite ou qu'elles n'ont plus de bonnes options en Europe, comme le Chilien Arturo Vidal, qui n'a pas enthousiasmé Flamengo en 2022.
Il existe quelques réussites historiques, comme Clarence Seedorf qui a rejoint Botafogo en 2012 après avoir quitté l'AC Milan ou la légende uruguayenne Luis Suarez, qui a ébloui le Gremio en 2023.
Peu avant l'arrivée de Memphis et Payet, Sao Paulo a recruté le Colombien James Rodriguez, ancien joueur du Real Madrid, l'un des plus grands noms du football brésilien. Mais comme Willian, qui a quitté la Premier League pour les Corinthians, James n'a pas réussi à s'imposer.
Memphis, quant à lui, n'a été recruté par aucun grand club européen après le non-renouvellement de son contrat avec l'Atlético de Madrid et a donc été contraint de se rendre au Brésil en tant qu'indésirable sur son continent d'origine.
Plus que l'arrivée de la star néerlandaise, c'est la signature de l'Argentin Carlos Alcaraz en août, qui a quitté Southampton pour Flamengo à l'âge de 21 ans, qui a eu le plus d'impact.
C'est là la véritable limite du championnat : voler un milieu de terrain prometteur à une équipe moyenne de Premier League. La nouvelle recrue du Corinthians semble irresponsable, mais Flamengo a la force et l'argent pour une telle opération.
Un championnat sans fair-play financier
Si de nombreux supporters du Corinthians sont satisfaits, l'arrivée de Memphis Depay est critiquée par la presse brésilienne.
L'attaquant devrait coûter environ 3 millions de R$ par mois à un club qui doit plus de 2 milliards de R$ et dont le président fait l'objet d'une procédure de destitution.
"S'il ne paie pas les salaires des joueurs, comment ce club peut-il acquérir de nouveaux joueurs ? Ce compte n'est pas fermé", a déclaré la présidente Leila Pereira, du club rival de Palmeiras, le lendemain de l'annonce de l'accord avec Memphis.
Les Corinthians doivent même de l'argent à Cuiaba, un adversaire direct dans la lutte contre la relégation.
Il n'existe aucune règle de fair-play financier au Brésil. Les bilans ne sont pas transparents, les clubs sont libres de dépenser plus qu'ils ne gagnent et n'ont qu'à rendre des comptes en interne.
Ce que John Textor fait à Botafogo, par exemple, il ne pourrait pas le faire à Crystal Palace. Selon UOL, l'équipe de Rio a dépensé 100 % de ses revenus annuels pour recruter de nouveaux joueurs.
Un facteur aggravant dans le cas des Corinthians est que, en plus de la situation financière et administrative compliquée, le sponsor principal du club - le site de paris Esportes da Sorte - fait l'objet d'une enquête pour blanchiment d'argent.
En 2005, le club de Sao Paulo a fait l'objet d'une opération de la police fédérale en raison d'investissements réalisés par MSI, une société controversée appartenant à l'homme d'affaires Kia Joorabchian. L'équipe a remporté le championnat brésilien avec quelques stars internationales, mais s'est ensuite effondrée et est descendue en deuxième division.
Si l'arrivée de Memphis à Itaquera suscite l'enthousiasme, elle fait aussi craindre l'année 2005, et le mouvement en faveur de l'introduction du fair-play financier en Serie A prend rapidement de l'ampleur.
