Du haut de ses 27 ans, Yulimar Rojas a déjà tout gagné. Championne olympique, recordwoman du triple saut avec 15.67m, la Vénézulienne entraînée par le mythique Iván Pedroso est en lice pour une quatrième couronne mondiale.
Des quartiers pauvres du Vénézuela à la consécration
Yulimar Rojas a été élevée dans un quartier désargenté de Puerto la Cruz, une ville portuaire du Vénézuela. Cela ne l'a pas empêché de se passionner pour l'athlétisme et plus particulièrement, pour le saut en hauteur et la longueur. A 16 ans, elle remporte les Championnats du monde d'Amérique du sud juniors à la hauteur. Deux ans plus tard, elle se pare d'argent aux Jeux Bolivariens. En 2015, elle devient championne d'Amérique du sud. Partie sur une jolie lancée, elle n'est qu'aux prémices de sa carrière qui prendra un tour inattendu.
Délaissant la hauteur, elle se consacre à la longueur et au triple saut. Qualifiée aux Mondiaux juniors à Eugene en 2014, elle termine 11e à la longueur et ne franchit même pas l'obstacle des qualifications du triple. C'est pourtant sur cette discipline si traumatisante que Rojas va devenir une référence absolue. En avril 2015, elle retombe à 14,17m. En janvier 2016, en salle, atterrit à 14,69m. Championne d'Amérique du sud en 2015, elle décroche à 21 ans son premier titre mondial en salle avec un triple bond à 14,41m, une première dans l'athlétisme vénézuélien.
C'est le début d'une ascension irrépressible. Aux JO de Rio, elle achève une saison où elle brise la barrière des 15m (15,02m à Madrid avec 0,4m/s de vent défavorable) en devenant vice-championne olympique derrière Caterine Ibargüen (14,98m pour elle, 15,17m pour la Colombienne).
À 21 ans, l'avenir lui appartient. Depuis les Mondiaux de Londres en 2017, elle a tout gagné, s'est emparée du record du monde en salle en 2020 (15,43m) et a amélioré sa propre marque à Belgrade en 2022 (15,74m), tandis qu'elle s'empare de l'or olympique à Tokyo en signant le record du monde en plein air (15,67m). Admirée, elle est tout simplement la Reine incontestée.
Une trajectoire ascendante
Rien ne semble stopper la progression de Yulimar Rojas. Au contraire, plus elle acquiert de l'expérience, mieux elle performe. 2021 est l'année de l'or olympique. Celle où elle revient triomphante dans son pays d'origine, alors en proie à des changements politiques et sociaux. Pour elle, cela n'est toujours que "le début d'autres victoires et d'autres médailles (...) avec une Yulimar différente, aguerrie !", affirme-t-elle sur la place Venezuela de Caracas cette année-là.
Et le futur va lui donner raison. A nouveau, elle rafle les victoires et triple son statut de championne du monde en salle et en extérieur. Elle parvient aussi à battre son propre record en 2022 et finir invaincue durant la saison. Toujours sur une trajectoire ascendante, elle a préparé avec beaucoup d'acharnement l'année 2023 et s'apprête à de nouveau étinceler à Budapest.
Blessée en début de saison, la Vénézuelienne installée en Espagne et licenciée au FC Barcelone est réapparue sur les pistes en juin dernier. Son retour a été d'ailleurs réalisé en fanfare étant donné qu'elle est allée chercher la meilleure performance mondiale de l'année (MPMA) avec 14,96m. Rayonnante également aux Jeux d'Amérique centrale et des Caraïbes, elle poursuit sa lancée. C'est ainsi qu'avant ces Championnats du monde, elle a signé de nouveau la MPMA à Chorzow à la mi-juillet (15,18m). Prête à se parer d'une 4e couronne mondiale, Yulimar Rojas est prête pour un nouvel exploit.
