Interview Flashscore - Gabriel Tual : "Celui qui ne vise pas la médaille d'or a déjà perdu"

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Interview Flashscore - Gabriel Tual : "Celui qui ne vise pas la médaille d'or a déjà perdu"

Gabriel Tual aux Championnats du monde de Budapest, cet été.
Gabriel Tual aux Championnats du monde de Budapest, cet été.AFP
Vendredi dernier, Flashscore France s'est rendu à Clairefontaine pour participer au media day du séminaire de L'Équipe police nationale réunissant 65 athlètes. Dans la matinée, nous nous sommes entretenus avec Gabriel Tual, athlète spécialiste du 800 mètres et qualifié pour disputer les Jeux de Paris 2024.

Les Jeux olympiques ne lui sont pas inconnus. À 25 ans, Gabriel Tual a déjà concouru à Pékin en 2021, où il a d'ailleurs décroché une 7ᵉ place. Trois ans plus tard, ce coureur spécialiste du 800 mètres s'apprête à retenter sa chance, cette fois à Paris. Qualifié après avoir réalisé les minima à Madrid cet été (1'44'46), et Champion de France à l'issue du meeting d'Albi 2023, il se prépare à l'échéance. 

Quelle est la raison de votre présence à ce séminaire ?

J'ai intégré les rangs de la police en février dernier. C'est l'occasion de tous se retrouver, de tous partager. On a eu quelques activités autour de la préparation mentale, que j'avais déjà un peu faites. Mais là, l'objectif est de retrouver toute l'équipe, que tout le monde se connaisse, de créer cette cohésion et cette émulation de groupe pour pouvoir aller loin et être soutenu pleinement dans tout ce qu'on fait, même si on fait des sports différents. Puis, le fait de se retrouver quand même à Clairefontaine, ce n'est pas n'importe quoi, ce n'est pas n'importe quel endroit. C'est plutôt pas mal d'avoir pensé à le faire ici. 

Qu'est-ce que cela change dans votre quotidien de venir ici et de faire de la préparation mentale avec les autres sportifs ? 

C'est différent pour moi. J'y adhère parce que je le fais avec mon préparateur. Je le fais, mais je connais le chemin et la finalité. On essaie de trouver des points d'ancrage, faire une analyse de notre personnalité, mais le processus n'est pas le même. On apprend d'autres méthodes, c'est intéressant. C'est un peu au feeling, comment on sent le truc. Ce n'est pas mal, mais c'est très personnel. C'est compliqué de faire quelque chose de "perso" en groupe. Mais, cela ouvre des portes et on a les clefs derrière pour enclencher le mécanisme. 

Vous avez déjà participé à des Jeux olympiques. Une telle préparation aide-t-elle à réussir ? 

Je pense que c'est bien. Moi, je me suis construit assez rapidement et je l'ai vécu sur le tas. Pour ceux qui n'ont pas l'habitude ou qui ne le font pas, cela aide. Personnellement, c'est à travers ce genre de petit regroupement qu'on a fait avec la fédération, ou "Ambition 2024", où on a fait ce genre de choses pour travailler la préparation mentale que je me suis formé. J'ai eu l'occasion de le tester et aujourd'hui, je suis avec mon préparateur mental depuis trois ans, et c'est incroyable. Sans préparation mentale, c'est compliqué.

Cela reste donc quand même important.

En athlétisme, on a les courses de meeting et de championnats. En meeting, on y est pour le chrono donc ce n'est pas très éprouvant mentalement, c'est 90 % de physique et un peu de mental. En revanche, en championnats, c'est totalement l'inverse. On ne travaille tellement pas ce mode qui veut que cela soit à 90 % dans la tête et 10 % le reste… On passe nos journées à entraîner notre physique et non pas notre mental, donc oui, c'est hyper important. Il faut le faire, surtout à Paris, parce qu'on n'est pas prêt pour ce qui va se passer. 

Justement, à quoi vous attendez-vous avant ces Jeux ?

On ne pourra jamais se préparer. C'est quelque chose qui n'arrivera qu'une fois. Il faut s'attendre à ce qu'on soit vraiment emportés, et il ne faudra pas qu'on laisse perturber par cette animation pour ne pas faire n'importe quoi. Il y a du bon stress, quand on sait le gérer. En revanche, quand on ne sait pas le gérer, on est complètement anéanti et bloqué. 

Sur quoi avez-vous déjà travaillé pour ne pas céder à ce stress ? 

J'ai déjà travaillé sur ma cohérence cardiaque, des ancrages, un peu de méditation – de la méditation guidée, pas de la relaxation. Je me connecte à mon corps à l'instant présent et je lui permets de se réactiver. Je gère tout cela pour ne pas être étouffé par toute la pression. 

Surtout que cela sera à domicile, devant toute votre famille.

Oui. Il y aura aussi les médias. On sera sous pression parce qu'ils attendent la médaille… Toutes ces choses-là. Donc, il faut s'y attendre. Pour l'instant on ne l'a jamais vécu, et on va le vivre, il faut par conséquent se préparer au mieux. Il faudra aussi le gérer le jour J. Parce qu'on peut se préparer tant qu'on le veut, mais il y aura des imprévus. Mais moi, il me tarde. Cela va être incroyable. 

Encore plus qu'à Tokyo ? 

Bien sûr ! Les Jeux à Tokyo, c'était particulier. On était dans un cadre sanitaire assez délicat, on n'a pas pu visiter ni profiter. Oui, c'est vrai, on est là pour la compétition, mais on n'a pas pu profiter du cadre. Mais, là, le fait que cela soit à Paris, à la maison, quelque chose qu'on va vivre qu'une fois… Les Jeux qu'ils soient à Tokyo, à Los Angeles, à Brisbane… Cela va être quasiment les mêmes. Mais à Paris, ce ne sera pas pareil. Les gens vont voir le drapeau français, ils vont hurler peu importe ton niveau, peu importe ta place ou ce que tu fais. Et cela, cela va foutre la flippe à ceux qui ne savent pas gérer. Ceux qui vont le savoir, cela va les transcender et les pousser. Moi, je veux être dans ce cas-là, vraiment pas avoir la frousse et y arriver. Non, vraiment, cela va être extraordinaire (sourire). 

Et que visez-vous à titre personnel ? 

Je pense que celui qui ne vise pas la médaille d'or, il a déjà perdu. Après, c'est sûr que l'on dit des choses, on veut les faire et il y a un décalage avec ce qu'on fait et ce qu'on dit. Mais, un champion qui ne vise pas la gagne, il se met déjà ses propres limites. Je vise donc la médaille et on verra bien. Il faut déjà passer les tours, parce que ce n'est pas facile. Une fois qu'on sera en finale, il faudra sortir la course pour gagner. Je vais m'entraîner dur pour cela. Je n'ai pas vraiment eu de chance cette année. Je me suis fracturé la clavicule en mars, cela m'a mis un peu dans le jus. J'ai dû passer des secteurs d'entraînement à la va-vite parce que je n'avais pas le temps. Et on ne rattrape pas le temps perdu. Il fallait que je passe à autre chose. Cette saison à moitié réalisée m'a laissé un peu sur ma faim. Elle est quand même bien, mais elle n'est pas à la hauteur de ce que je voulais. Donc je pense que cela va bien me relancer et me motiver comme un malade pour les Jeux à Paris. 

Quel est votre programme pour les six prochains mois ? 

Je m'entraîne, mais je ne fais pas de compétition. Je sais qu'on a les Europe, ce n'est pas n'importe quoi. On aura les Championnats de France, et puis les JO avec quelques meetings, par-ci par-là. Moi, je ne sais pas encore ce que je vais faire parce qu'on n'a pas encore le planning. Jusqu'à avril, ce ne sera que de l'entraînement. Je pars en janvier, puis en février. Et puis, en avril, je serai en Afrique du Sud avec l'équipe de France, donc c'est assez chargé mine de rien. Mais, il faut que cela le soit, il ne faut pas qu'on ait le temps de s'arrêter. 

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