Des villageois de Tahiti se rebellent contre la construction d'une tour de surf abimant le récif

Une barge destinée à la construction d'une tour de jugement à Tahiti s'est accrochée à un récif et a endommagé le corail près du site de la compétition ce vendredi, ont déclaré des opposants locaux.

Les habitants de Teahupo'o ont protesté en octobre contre le projet des organisateurs des Jeux de construire une tour en aluminium de 14 mètres de long pour permettre à 40 personnes de regarder, filmer et juger.

Les organisateurs, dont Paris 2024 et le gouvernement de la Polynésie française, ont déclaré le mois dernier qu'ils avaient décidé que la construction d'une tour plus petite et plus légère sur le site était la meilleure option, mais nécessitait tout de même de nouvelles fondations dans le récif.

Une vidéo publiée sur Instagram par Save Teahupo'o Reef, une coalition d'habitants, de surfeurs et d'ONG environnementales, montre la barge apparemment coincée sur le récif, ainsi que des coraux brisés et l'hélice endommagée.

"La barge est restée coincée sur le récif à plusieurs reprises", comme l'avaient prédit les habitants, a déclaré Save Teahupo'o, ajoutant que cela s'était produit à marée haute et que la barge n'était pas chargée.

Le groupe a affirmé que les autorités avaient prévu d'emmener les associations de l'opposition sur la barge ce samedi pour leur montrer comment elle fonctionnerait, mais qu'elles s'y sont rendues vendredi sans elles. La barge a finalement été libérée et ramenée à la marina. 

"Plus de forages dans le récif"

La vague de Teahupo'o est l'un des sites les plus sacrés du surf, où les grosses houles s'abattent sur le récif tropical peu profond, créant des tubes parfaits mais féroces.

Teahupo'o accueille depuis longtemps une compétition du circuit mondial professionnel, en utilisant une modeste tour en bois pour les juges sur le récif, que les habitants souhaitent voir conservée pour les Jeux olympiques, mais que les organisateurs jugent dangereuse. 

Dans une déclaration à Reuters plus tôt dans la journée de vendredi, les organisateurs de Paris 2024 ont souligné qu'ils souhaitaient plus que jamais poursuivre le dialogue avec les groupes locaux et les surfeurs, après avoir partagé de nombreux documents décrivant diverses études, options et décisions concernant la tour.

En Californie, un petit groupe de manifestants s'est rassemblé samedi devant le siège de l'International Surfing Association, qui organise les épreuves olympiques de surf.

"Nous ne voulons pas que la nature perde à nouveau dans une autre bataille", a souteu à David Anderson, porte-parole de la manifestation. "Les comités olympiques sont sensibles - ils ne veulent pas de mauvaise presse - et nous pensons qu'il s'agit d'un combat que nous pouvons gagner et nous voulons sensibiliser les gens. Nous ne voulons plus de forages dans le récif juste pour une tour de jugement d'élite".